Faut-il y voir la proximité de Woodstock (à 2 heures de voiture de la Grosse pomme, environ) ajoutée à une bonne dose de francophilie ? Peut-être. C’est en tout cas à New York, sur l’éclectique label Kemado records, que sort la compilation Voyage : Facing the history of French modern psychedelic music. Soit la fine fleur d’une nébuleuse de musiciens français relisant à la sauce d’aujourd’hui le rock cosmique d’hier.
Tout commence par une rencontre : en découvrant Romain Turzi , qui s’est fait un nom avec son groupe éponyme et son album A, les têtes pensantes du label – Andres Santodomingo et Jeff Kaye– ont vent d’une micro-scène psychédélique parisienne. Une communauté de groupes amis ayant emprunté la voie musicale tracée par des prédécesseurs allemands comme Can, Neu, Faust ou Kraftwerk. Coup de foudre : Kemado décide de sortir l’album aux Etats-Unis (date prévue le 4 septembre) et d’y adjoindre une compilation, sous la forme d’une carte dotée d’une adresse web et d’un code permettant de la télécharger gratuitement. « Ce sont Arthur et Romain, les membres de Turzi, qui ont créé cette compilation, raconte Jeff Kaye. Nous trouvions intéressant qu’en France, des groupes dont nous n’avions jamais entendu parler jouent cette musique magnifique. La meilleure façon de la rendre accessible consistait à créer une thématique autour de Turzi. » La compilation sera également téléchargeable de façon payante sur ITunes.
Affublés de patronymes qui rappellent une époque tournée vers les horizons interstellaires – Aqua Nebula Oscillator, Total Peace, Musikæsphera…–, les quinze groupes présents s’attaquent aux seventies. Plutôt du versant sombre que de l’optimisme flower power : on plane, oui, mais au milieu de la mer de nuages noirs d’un rêve agité. « Ces groupes parcourent toutes les couleurs de la musique que nous aimons sur notre label, en mêlant acoustique et électronique, insiste Jeff Kaye. Et tout en conservant une vraie continuité sonore entre eux. »
Les hippies y ont du vague à l’âme et aiment s’y livrer à de longues improvisations déjantées (voir le bien nommé Mantra I du groupe Mogadishow). Les mélodies et riffs de guitare virent à l’obsession, les basses martèlent le tempo de longues cavalcades, les incantations, quand chant il y a, s’y font en anglais … A noter, le rock évasif de Los Chicros qui rendent un hommage vibrant à la Nouvelle-Orléans post-Katrina. Et s’il est parfois difficile de s’y retrouver quand la purée de champignons hallucinogènes vire au gloubiboulga, ce disque réjouira ceux qui souhaitent replonger dans le Summer of Love sans partir à la recherche d’un vieux 33 tours de Jimmy Hendrix.
Et en attendant le 4 septembre, on peut toujours se rendre à l’exposition que le Whitney Museum consacre à l’art psychédélique.
Voyage : Facing the history of French modern psychedelic music, disponible avec la version américaine de l’album A de Turzi.sur Kemado records. Sortie prévue le 4 septembre (disponible également sur ITunes à partir de cette date). L’album de Turzi, est disponible en France sur le label Record Makers.
Turzi doit se produire à New York le 14 octobre prochain.
0 Responses
…”en découvrant Romain Turzi , qui s’est fait un nom avec son groupe éponyme et son album A”…
C’est Romain qui donne son nom au groupe, et pas l’inverse. C’est donc Romain l’éponyme, pas le groupe. Et là le mot éponyme devient subitement plus difficile à placer.
Bien à vous et bonne continuation.
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ÉPONYME, adj. et subst.
A. HIST. ANC.
1. GR. (Divinité, héros) qui donnait son nom à un groupe de personnes, en particulier à une cité, à une tribu. (…)
(…)
B. P. ext. (Celui, celle, ce) qui donne son nom à quelque chose ou à quelqu’un, à qui l’on se réfère, que l’on vénère. Une autre patronne [que moi, l’histoire] sera votre éponyme (PÉGUY, Clio, 1914, p. 201)
(…)
(de TLF : http://atilf.atilf.fr)