Une semaine à peine après sa prise de fonction en tant que nouveau Consul général de France à San Francisco, Frédéric Jung prend le pouls d’une ville qui subit le poids des épreuves. Sur la terrasse déserte du B44, une restaurant catalan situé à deux pas du consulat, il s’entretient avec le propriétaire des lieux des difficultés engendrées par la pandémie de COVID-19. “Je prends mes marques dans un contexte très particulier: la pandémie, et maintenant les feux…San Francisco semble désertée, et j’attends avec impatience de voir les rues à nouveau bouillonnantes de vie, et qu’on retrouve une certaine insouciance“, confie Frédéric Jung.
En poste à Paris comme conseiller diplomatique au Ministère de l’Intérieur depuis 2017, Frédéric Jung a l’habitude d’exercer ses fonctions à l’étranger: à Bruxelles, en tant que porte-parole de la Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne, et avant cela à New York, en tant que Conseiller Afrique, puis porte-parole de la Représentation permanente de la France auprès de l’ONU. “Je baigne dans un univers international depuis toujours : je suis alsacien, originaire de Mulhouse, et je suis franco-allemand par mon père. Je suis d’ailleurs allé au collège et au lycée à Fribourg. Ma mère, elle, est professeur d’anglais, et mes parents communiquent dans cette langue depuis leur rencontre au Royaume-Uni”, explique-t-il en souriant. “Moi-même, j’entends transmettre ma double culture franco-allemande à mes enfants, à qui je parle en allemand.”
Fort de son expérience new-yorkaise, Frédéric Jung avait envie de passer à nouveau du temps aux Etats-Unis: “Plutôt que de faire une redite, j’ai choisi la côte ouest. Je suis très intéressé par les technologies, et la période actuelle, entre pandémie et élections, est pour le moins inédite“. Impatient de créer des liens avec la communauté francophone de la circonscription, Frédéric Jung a déjà pu apprécier l’engagement dont l’équipe du Consulat fait preuve face aux défis posés par le coronavirus. “Depuis mars, les 25 personnes du Consulat sont sur le pont, et je n’imaginais pas à quel point la COVID a modifié leur quotidien : ils ont reçu plus de 11 000 emails, 6000 appels téléphoniques, les demandes de passeports ont doublé par rapport à l’année dernière…On essaie de répondre à la demande, mais le dispositif n’était clairement pas dimensionné pour un tel volume. J’espère me montrer à la hauteur de cet engagement.”
Plusieurs chantiers attendent le nouveau Consul, en tête desquels la gestion de la crise sanitaire : “C’est ma priorité absolue. Nous sommes en plein dans les demandes de bourses scolaires, qui sont à remettre pour le 18 septembre : 2.3 millions de dollars ont déjà été accordés, et nous ouvrons à nouveau les demandes pour permettre à plus de familles, qui souffrent des aspects économiques de la pandémie, de bénéficier de ces aides.” Relayer les décisions d’Etat quant aux règles de circulation occupe également l’équipe, car de nombreux Français inscrits au Consulat s’interroge sur les détails de ces mesures qui évoluent souvent. “Derrière chaque appel, il y a une situation particulière, qui prend parfois du temps à régler, selon les besoins impérieux de chacun.”
La tech sera aussi au coeur de l’action du Consul, avec un nouveau délégué à l’économie qui prendra bientôt ses fonctions. “La tech est un des attraits majeurs de San Francisco et de la région, et nous allons relayer ici le plan de relance de 7 milliards alloués par le gouvernement au numérique.”
Sur le plan culturel, Frédéric Jung se félicite de l’action de son prédécesseur, Emmanuel Lebrun-Damiens, qui a lancé la Villa San Francisco quelques jours avant de terminer son mandat. “Ce projet s’inscrit dans la continuité de Room with a view, la Nuit des idées et Oakland-Saint Denis. Nous nous adaptons aux contraintes actuelles, en privilégiant les artistes locaux puisque les voyages depuis la France sont en suspens.” Frédéric Jung déplore de ne pas pouvoir ouvrir la résidence de France pour recevoir ses compatriotes, mais veut croire en un retour prochain à une certaine normalité: “Cette ville est une promesse, et je n’ai qu’un souhait : réinjecter de l’énergie et raviver l’optimisme de notre communauté.”