19 000 heures de vol, plus de 200 films à son actif, un record du monde d’altitude en 2002… Le talent et l’expertise du pilote Fred North ne sont plus à prouver. Aujourd’hui, il fait partie du top 5 des “stunt pilotes” que les réalisateurs hollywoodiens s’arrachent. Il a participé à d’innombrables tournages à travers le monde parmi lesquels on retrouve “Fast and Furious : Hobbs & Shaw”, “First Man : le premier homme sur la lune”, “Cinquante nuances plus sombres”, “Tarzan”, “007 Spectre” et “Very Bad Trip 3”.
A l’origine de cette carrière plus qu’impressionnante, un souvenir d’enfance des plus marquants. Né en Afrique de parents français, Fred North y passe les vingt premières années de sa vie. À l’âge de 8 ans, il fait une découverte qui va changer à jamais son existence. “ Un jour, se rappelle-t-il, un hélicoptère de l’armée sénégalaise s’est posé dans un stade à côté de chez moi à St Louis du Sénégal. Je me rappelle que tous les gamins de mon quartier ont couru – moi y compris – pour voir cette étrange machine. À son atterrissage, j’ai été émerveillé par le bruit qu’elle faisait et mon destin était scellé.” Douze ans plus tard, il retourne en France et commence ses cours de pilotage.
Très rapidement, il vole de ses propres ailes et devient pilote professionnel d’hélicoptère. Avant de se spécialiser dans le cinéma, il touche un peu à tout : sauvetage en montagne, ravitaillement des maisons isolées, entretien des réseaux électriques et puis la couverture du Paris-Dakar pour la télévision en 1985. “Lorsque j’ai commencé ce nouveau travail, je me suis fait remarquer par mon style de vol particulier et par les prises de vues que l’on obtenait. On m’a par la suite proposé de couvrir différents rallyes: le rally de Tunisie, Maroc ( Atlas rally) , le Paris-Moscow-Pekin et le Raid Gauloises. ”
Pendant 10 ans, Fred North passe 8 à 9 mois de l’année dans le ciel à filmer des courses de voitures. Mais le rêve de gosse réalisé ne lui suffit plus. Son goût pour l’image va le mener plus loin. “J’ai finalement compris que les télévisions favorisaient le contenu et pas toujours la manière de filmer les événements. Dans le cinéma, c’est une tout autre histoire, on parle d’art.”
Avec le soutien de sa famille et notamment de son épouse Peggy, il déménage à Los Angeles et loue ses services en tant que pilote de cinéma. À l’époque, ce poste n’existait pas en France, seuls les blockbusters américains étaient friands de ce genre de plans aériens.
Riche de plus d’une trentaine d’années d’expérience, le Français bénéficie d’une réputation sans faille dans l’industrie. “J’ai fait un peu plus de 200 films, dont 90% d’américains. Je suis connu pour les séquences d’action et d’extrêmes cascades” avance-t-il. “Je suis aussi le seul à Hollywood à avoir des licences a l’international (USA, Europe, Canada, Japon, Brésil, Maroc, Hong Kong…)”
Pour le quinquagénaire, cette success-story s’explique par un attention sans relâche prêtée aux détails. “Une semaine type de boulot, c’est 5 jours de préparation au bureau et 2 jours de tournage – le tout étalé sur dix mois.” Cette période de préparation peut sembler démesurée mais elle est nécessaire pour éviter toute prise de risques une fois dans le ciel ainsi qu’une perte de temps qui pourrait très vite coûter cher.
“Quand je suis dans mon hélico, je suis très concentré et je pense uniquement à ce que je suis en train de faire. Une erreur et c’est le crash. Tout est une question de calme et de contrôle. Le plus difficile, c’est bien entendu le timing et les obstacles qui nous entourent.”
S’il s’approche de la soixantaine, Fred North n’est pas prêt de ralentir. Il travaille actuellement sur différents tournages, dont “Bad Boys 3” avec Will Smith, “Jumanji the Sequel”, “Godzilla contre King Kong” et le prochain “Fast and Furious”.