Il déguste avec délice l’éclair au café qu’il vient de commander à la brasserie The Little Next Door située à deux pas de Beverly Hills : “c’est l’une des raisons qui m’a fait arrêter le football!” s’exclame-t-il la bouche pleine. Frank Leboeuf savoure sa retraite de sportif au soleil. L’ancien joueur de l’équipe de France qui a remporté la coupe du monde en 1998 a complètement tourné la page football : il vit à Los Angeles et a entamé une carrière d’acteur-producteur.
Hollywood, cinéma, et même conversion au bouddhisme, Frank Leboeuf n’a pas peur des stéréotypes. L’ancien footballeur de 42 ans balaie les critiques d’un revers de main : “Je suis parti à Los Angeles parce qu’en France, c’est quasi impossible de changer de carrière, de se lancer dans un domaine autre que le sien.” Alors bien sûr, il commente volontiers les matchs pour des chaines sportives, comme il l’a fait sur TF1 lors de la dernière coupe du monde, mais sa vrai passion, c’est le cinéma.
“Le cinéma est quelque chose qui m’a toujours fasciné. C’est l’industrie du rêve, des émotions. On a tous en tête des phrases cultes de films qui nous ont marqués”, explique-t-il. Mais ce virage à 180 degrés ne s’est pas fait sur un coup de tête.
“2005 a été une année très difficile. En quatre mois, j’ai perdu mon père, j’ai mis un terme à ma carrière de footballeur, et mon mariage de 20 ans a volé en éclats. Ca fait beaucoup d’un coup”, précise-t-il. Frank Leboeuf explique sans détour qu’il est tombé dans une spirale infernale où il a manqué de près de mettre fin à ses jours : “j’ai été au bord du gouffre.”
Si il s’en est sorti, explique-t-il, c’est grâce au nouvel élan que lui a donné Los Angeles. La méditation aide, “ça me permet de retrouver ma sérénité, d’accepter que je ne peux pas tout contrôler.” Car le Frank d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui des années foot. “Avant j’étais un écorché vif, j’avais les dents qui rayaient le parquet, tout ce que je voulais, c’était les titres, j’étais prêt à manger tout le monde pour ça.”
C’est en 2001 qu’il goûte au cinéma pour la première fois, il joue un second rôle dans le film anglais Taking Sides (A Torts et à raisons). En arrivant à Los Angeles, il décide de s’inscrire au Lee Strasberg Theatre & Film Institute, une prestigieuse école pour acteurs qui a formé des stars telles que Robert de Niro, Angelina Jolie, Alec Baldwin ou Scarlett Johansson. Il y a suivi des cours pendant un an et demi : “j’ai énormément appris”, souligne-t-il, “cela m’a fait comprendre à quel point le métier d’acteur est fascinant, c’est très cérébral et en même temps tout est dans les tripes, il faut aller chercher ses émotions au fond de soi.”
Il tourne ensuite dans Ocean Hotel, un film sur la mafia russe new-yorkaise, qui devrait sortir en 2011 et s’essaie sur les planches parisiennes avec L’Intrus, une comédie théâtrale qui recueille des critiques favorables. Mais Frank Leboeuf prend son temps : “Je suis un stagiaire ici, la clef c’est de rester humble et de ne pas avoir peur de faire des petits films. C’est comme ça qu’on apprend, qu’on se fait remarquer.”
Son passage comme coach du Hollywood United, un club amateur, lui a ouvert quelques portes. Si il a mis un terme à cette expérience “où certains cherchaient juste à se faire un champion du monde pour avoir leur 5 minutes d’adrénaline”, Frank Leboeuf a serré la main à quelques réalisateurs et quelques producteurs. “Tout est affaire de relation, de contact”, avoue-t-il.
Aujourd’hui, l’ex-footballeur s’investit à fond dans son nouveau film, qu’il produit et dans lequel il joue l’un des rôles. “C’est une aventure incroyable”, explique-t-il, enthousiaste, alors qu’il est en train de faire passer des auditions pour l’un des rôles principaux. Le film est un “psychological thriller”, un huit-clos fortement influencé par Inception, Shutter Island et Memento, précise-t-il. Frank Leboeuf finance complètement son film, d’un budget de 50 000 dollars, et espère trouver un distributeur en faisant le tour des festivals à l’été prochain.
En attendant, l’ancien footballeur au crâne rasé profite de sa vie californienne mais se tient à distance du train de vie des stars hollywoodiennes. “Au début, j’ai habité à Beverly Hills et l’aspect Disneyland ne m’a pas plu du tout”, se souvient-il. Aujourd’hui, il vit anonymement – et à sa grande satisfaction – dans le quartier Pico-Fairfax de Los Angeles “où je vois parfois des gens débouler dans mon jardin sous les faisceaux des hélicoptères en plein milieu de la nuit, on se croirait en plein film d’action!”