Certains de nos lecteurs nous l’ont rappelé maintes fois: on ne dit pas “le Queens”, mais “Queens”.
Conversations, médias, guides touristiques: cette première appellation est pourtant très répandue dans le langage courant. Mais grammaticalement, c’est une erreur. Les Américains disent “Queens” et non “The Queens”.
En réalité, le Bronx est le seul borough de New York qui appelle un article, et cela s’explique par une raison historique. Le nom “Bronx” provient du nom de la rivière Bronx, dénommée ainsi par Jonas Bronck, un immigrant suédois qui fut le premier à coloniser le territoire en 1639. “Ils ont nommé le borough du Bronx d’après la rivière, c’est pour cette raison que le borough s’appelle Le Bronx (the Bronx River en anglais) et non Bronx”, expliquait en 2015 l’historien du Bronx Lloyd Ultan sur NY 1.
Alors, existe-t-il une raison historique, linguistique ou syntaxique qui explique que les francophones ajoutent un article lorsqu’ils parlent de Queens ? Les linguistes interrogés par French Morning n’ont pas de réponse précise.
Il se pourrait bien que les francophones fassent un calque syntaxique sur la construction “dans le Bronx”, étant donné que les noms “Bronx” et “Queens” possèdent un nombre similaire de syllabes. L’erreur est peut-être simplement due au fait qu’on envisage Queens comme un quartier. “L’usage est fait de nombreuses exceptions, conclut la linguiste. On dit ‘en Haïti’ mais ‘au Honduras’, ‘en Arles’ et ‘en Avignon’ mais ‘à Marseille'” explique Isabelle Collombat, professeure à l’Université Laval.
Marie-Hélène Côté, elle aussi professeure à l’Université Laval, observe que l’usage des articles définis est très différent en français et en anglais. Ce type d’écart n’est donc pas rare. “J’ai fait mon PhD au MIT. J’ai toujours dit ‘au MIT’, mais d’autres disent ‘à MIT’ et je ne vois pas de raison de décider que les uns ou les autres ont raison, même si l’anglais dit ‘at MIT’. Dans la même logique, je n’insisterais pas autant sur l’aspect ‘fautif’ d’un usage français qui semble fréquent dans le cas de ‘le Queens’.”
“Si l’usage ‘le Queens’ s’impose, je n’y vois pas vraiment de problème. De la même façon que d’autres langues peuvent bien emprunter des noms de lieu en français sans reprendre la structure française à l’identique”, poursuit-elle.
0 Responses
C’est Queens. Un point c’est tout!
Chacun essaie de justifier une erreur banalisée pour avoir l’air moins sot, mais linguiste ou autres titres ne justifient pas une erreur qui n’a pas de réalité historique.
C’est dit!
Non, désolé, mon vieux, c’est aussi le Queens.
Restez dans votre petit univers claustrophobe et psychorigide si vous le souhaitez, le Queens restera, lui, ouvert au monde et à sa diversité.
A bon entendeur, SALUT.
Quand la précision et la connaissance cèdent à la majorité qui se trompe, il est certain qu’on ne peut que se résigner.
La justesse du terme n’est apparemment pas accessible dans sa définition au tout venant.
C’est à force d’accepter n’importe quoi que les erreurs finissent par se fondre dans la médiocrité du discours ambiant.
Il ne faut pas confondre culture et rigidité.
Moi je dis le Kings à la place de Brooklyn, je suis le seul ?
Les Américains disent Pennsylvania et non “the” Pennsylvania, cela ne veut pas dire pour autant que “la” Pennsylvanie est grammaticalement incorrect. On ne peut pas faire un copier-coller des usages d’une langue à l’autre. Cela semble d’ailleurs être le constat du linguiste interrogé en fin d’article, pourquoi donc ce premier paragraphe qui induit plutôt en erreur? Je ne crois pas non plus qu’on dise en Arles ou en Avignon, il me semble que c’est un usage qui était déjà jugé obsolète à la fin du XVIIe. Mais peut être que ce n’est pas le cas en français canadien vu que la chercheure interrogée semble valider cet usage?