Sans New York -et sans le 11 septembre-, François-Xavier Demaison ne serait sans doute pas devenu humoriste et acteur. Il l’a raconté dans le spectacle qui l’a fait connaître en France il y a une dizaine d’années. Mais il n’était jamais revenu à New York pour y jouer.
L’oubli est réparé avec deux dates au FIAF (les 13 et 14 mai) “et la boucle est bouclée” dit-il, confiant être “très ému de venir jouer ici”. Car son histoire a commencé à New York, dans un univers éloigné du stand-up comedy, chez PricewaterhouseCoopers, où il était fiscaliste. “J’avais fait Sciences Po, six ans de carrière bien sage chez PWC, on m’avait envoyé ici comme une “récompense” et le 11-Septembre est arrivé”. Les attentats changent sa perspective. “Je me suis dit, si le monde est fou, soyons plus fou que lui”. Sa passion pour la comédie, qui l’avait amenée jadis au cours Florent en parallèle de Sciences Po, ressurgit. “Je me revois dans les semaines après le 11-Septembre, dans ce grand open space de PWC sur 52nd & 6th, où on n’avait plus grand chose à faire tout à coup et où j’ai commencé à écrire mes sketches. C’était un ordinateur sans accent, je les rajoutais ensuite à la main sur le papier”.
Au-delà du choc du 11-Septembre, c’est aussi “cette ville fantastique qu’est New York qui m’a donné l’énergie de me lancer”, en même temps que l’expérience d’expatrié, même si elle a duré à peine plus d’un an. “Se retrouver en “étranger” ici a pour moi été une leçon d’humilité énorme. Tout à coup, on est loin de ses repères et cette expérience pousse à une introspection, en tout cas c’est ce qui s’est passé pour moi”.
Au FIAF, il jouera “Demaison rôde”, le spectacle avec lequel il tourne en France depuis trois mois et qu’il jouera à l’Olympia en janvier 2017. New York y figure plus discrètement que dans le tout premier spectacle qui l’avait lancé, en 2005. “Mais je ferai sans doute des adaptations, des clins d’oeil à New York au début du spectacle”. Avec modération toutefois: “je me dis que lorsque je fais un accent américain -“amaazzziinnng”-, ça fait rire à Paris, peut-être moins les Français de New York”.
Quant à la question inévitable de la carrière américaine, François-Xavier Demaison n’y croit guère. “J’aimerai beaucoup traduire le spectacle, il y a beaucoup de choses qui peuvent plaire au public américain. Mais en réalité je ne crois pas à la carrière d’un artiste français aux US, ça reste très difficile. Marion Cotillard ou Julie Delpy sont des exceptions”. Auréolé de ses succès au cinéma (“Coluche”, “Le petit Nicolas”), il a lui même tenté sa chance à Los Angeles il y a quelques années. “J’arrivais fier de mes films à un million d’entrées, j’avais pris un agent. Le type m’a reçu dix minutes, y-compris les 5 minutes pour me raccompagner… Une grande leçon d’humilité!”