Si vous vous intéressez à la condition animale, son nom vous dit déjà quelque chose. Vous avez peut-être lu l’un de ses ouvrages sur les droits des animaux: Je mange avec ma tête (2011), Vache à lait (2013) et Le défi végane 21 jours (2016). Végane depuis 2008 après avoir lu L’éthique animale de Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, entre autres, Élise Desaulniers a décidé de faire entendre ses idées en présentant sa candidature aux élections législatives de 2017. Avec Renan Larue, son suppléant, ils représentent le Parti animaliste dans la circonscription des Français d’Amérique du Nord.
Une Québécoise qui se présente aux législatives françaises pour le Parti animaliste, c’est original. “Mais j’ai vraiment la citoyenneté française! J’ai eu le passeport français par mariage,” s’amuse la Franco-Canadienne, aujourd’hui directrice générale par intérim de la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux (SPCA) de Montréal et ancienne pricer chez Air France KLM.
Fondé en novembre 2016, le Parti animaliste est constitué de 140 candidats et vit grâce aux dons. “Évidemment, on est encore petits, ce n’est pas toujours facile mais on n’a pas le choix. Il faut être là et il faut occuper l’espace! L’arrivée en France du Parti animaliste était pour moi quelque chose d’absolument fondamental, j’ai tout de suite voulu y prendre part. Ça me semble être un mouvement historique, confie Élise Desaulniers. J’ai la chance de pouvoir amener les idées du Parti animaliste français au Québec ou au Canada. C’est mon rôle de favoriser le dialogue, il y a d’ailleurs des liens d’amitié très forts entre les Québécois et les Français qui échangent et s’imitent régulièrement.”
Pour Élise Desaulniers, cela ne fait aucun doute, la question animale doit devenir une question politique. Tout comme la question des droits des personnes trans ou des minorités sexuelles/ethniques. “Toutes les questions sociales doivent devenir politiques. Il faut que ce qui devient lentement un consensus au sein de la société se reflète chez le législateur ou la législatrice. Le pont entre les militants et les politiques doit être fait”, souligne la militante qui, en 2015, à l’aide de quelques amis, est parvenue à faire changer le code civil québécois pour qu’il reconnaisse les animaux comme des êtres sensibles (en faisant signer une pétition à 50.000 personnes sans débourser un sou).
Portée par ce même goût du défi, la candidate du Parti animaliste n’a pas hésité longtemps à utiliser son influence au profit de ses convictions. “Je me suis dit, il y a une circonscription des Français de l’étranger Canada/États-Unis, je connais déjà beaucoup de monde, je pars d’un peu moins loin qu’une personne lambda, je vais en profiter pour proposer ma candidature”, raconte la candidate aux 4.400 followers sur Twitter.
Parmi les mesures proposées, il est notamment prévu d’interdire les tests sur les animaux dans le système d’éducation, de proposer des alternatives végétariennes/végétaliennes dans la restauration scolaire et de mettre en place un Ministère de la protection animale indépendant. À cela s’ajoute la promotion de l’utilisation des transports collectifs et électriques mais aussi la limitation des gaz à effet de serre (GES). “Puisque les gaz à effet de serre générés par l’industrie de la viande produisent du méthane et que cela a un effet nocif à court terme, c’est là-dessus qu’il faut lutter en premier. La planète ne peut pas attendre!”.
À ses détracteurs qui lui rétorquent parfois que le bien-être de l’humain prime sur celui de l’animal, sa réponse est toute faite. “L’un n’empêche pas l’autre. Être végane à temps plein ou à temps partiel n’empêche pas de lutter contre d’autres injustices sociales! Militer pour le droit des animaux, ça fait du bien à tout le monde.” À noter qu’il n’y aura pas de bulletins de vote pour les candidats du Parti animaliste dans les bureaux de vote, ils devront être imprimés et découpés soigneusement par les électrices et électeurs eux-mêmes.