Les 800 élèves de la FASNY (French American School of New York) n’étaient pas les seuls à faire leur rentrée en septembre. C’était aussi celle de Francis Gianni. Le Parisien est devenu cette année le sixième proviseur de l’établissement bilingue du Westchester, en replacement de Joël Peinado parti au Liban après sept ans à ce poste. “Je suis très enthousiaste. Il y a de belles choses à faire, raconte-t-il. Dans l’immédiat, je veux faire corps avec l’école et prendre le temps de l’écoute“.
À la différence d’autres responsables d’écoles internationales, Francis Gianni n’est pas un pur produit des établissements français de l’étranger. “Fasciné” par la philosophie, “colonne vertébrale de ma vie“, il part l’étudier à la Sorbonne dans les années 90 “sans me poser la question de ce que j’allais en faire. Je voulais en faire le plus et le mieux possible“. Il termine deuxième de l’agrégation.
Se sentant à l’étroit dans le milieu des “intellos parisiens“, il ressent le besoin de prendre le large et “d’ouvrir les portes et les fenêtres des Etats-Unis“. Il devient enseignant de philosophie au Texas et dans l’Arizona, avant d’être recruté par le géant de l’électronique ST Electronics. À l’époque, l’entreprise franco-italienne établie dans l’Arizona cherchait des universitaires pour concevoir des formations pour ses ingénieurs et ses dirigeants. Pendant plus de deux ans, il développe, comme manager de projets, des programmes dans le domaine de l’inter-culturel et du team building. “Je n’y connaissais rien. Mais j’ai trouvé le projet culotté et enthousiasmant”.
En 2002, fort de cette expérience au croisement de l’entreprise et de l’éducation, il rentre en France pour prendre la direction de l’école La Source en région parisienne, son premier poste à la tête d’un établissement scolaire. Deux ans plus tard, il rejoint le réseau bilingue: il passe dix ans aux commandes de l’école bilingue Jeannine Manuel à Lille, un établissement international de référence fondé en 1954 et associé à l’UNESCO. C’est son premier contact avec l’éducation internationale.
“Je n’ai pas reçu d’enseignement bilingue en grandissant. C’était très éloigné de mon horizon culturel. A l’école à Paris, on faisait peu d’anglais à l’école. Pour acquérir un bon niveau de langue, il fallait faire autre chose, explique ce petit-fils d’immigrés italiens et espagnols. Je parlais italien mais on ne voyait plus ma famille italienne. Et mes parents et grands-parents ont tout fait pour nous intégrer. Ils se forçaient à ne pas parler italien à la maison“.
En 2019, après cinq années comme proviseur de l’International School of Monaco, dont il accroit les effectifs d’élèves et pilote le projet de nouveau campus, il retourne aux Etats-Unis avec son épouse américaine et ses enfants. Il trouve en la FASNY un établissement d’excellence homologué par l’Education nationale, qui figure parmi les meilleurs du réseau nord-américain.
Il hérite cependant du dossier chaud de la construction du nouveau campus de l’école à White Plains. L’école a du revoir sa copie à la suite d’un bras de fer judiciaire avec une association de riverains inquiète de l’impact de ce campus sur la circulation et la tranquillité du quartier. Début septembre, la Gedney Association, loin d’en démordre, a envoyé une lettre au conseil municipal de White Plains pour se plaindre de la manière “inacceptable et honteuse” dont la FASNY entretient la propriété qu’elle a acquise, un ancien club de golf.
Francis Gianni parle d’un “épisode assez long de contrariété” et indique seulement que “c’est un dossier qui va avancer très rapidement“. Il faudra être philosophe.