Francis Cabrel est un homme simple, timide presque. Il s’excuse à plusieurs reprises d’avoir appelé notre rédaction avec un petit peu de retard et demande avant la fin de l’interview ce que les Américains pensent des Français.
En venant aux Etats-Unis, il pensait avoir du mal à remplir les salles, le Lycée français de New York (19 et 20 mars) et le Théâtre Raymond Kabbaz de Los Angeles (22 et 23 mars). Il n’en est rien. Les quatre dates affichent complet. « Le public qui vient me voir jouer est français, il doit y avoir un Américain parmi la foule! », plaisante le chanteur, étonné.
C’est la première fois que Francis Cabrel viendra chanter à New York, alors qu’il s’est déjà produit à Los Angeles. Avant de se lancer sur les routes américaines, le chanteur du Lot-et-Garonne fera un passage par le Québec où ses fans francophones l’attendent nombreux, eux aussi.
Même après 40 ans de carrière, chaque nouveau disque de Francis Cabrel rappelle l’étendue de son talent d’écriture. Mais pour son petit dernier, « Vise le ciel », il a réalisé un tour de force. L’album consiste en une dizaine de chansons adaptées en français du répertoire de Bob Dylan. Et lorsque l’on connaît la complexité de certains textes de l’Américain, la réussite n’en est que plus belle.
Après avoir semé des graines dans ses précédents opus, c’est en 2012 que Francis Cabrel s’est décidé à reprendre les chansons de son idole de toujours. « Tout ce que j’ai fait depuis le début de ma carrière, toutes mes chansons sont redevables à Bob Dylan », s’enthousiasme-t-il. En sélectionnant les onze titres pourtant, il savait où il allait « je voulais des chansons un peu bluesy, avec un sens, mais en même temps faciles à comprendre pour nous ».
Confronté à un travail de traduction titanesque, il avoue: « j‘ai essayé de choisir les textes les plus simples, certaines chansons sont intraduisibles au mot à mot. Il a fallu garder la poésie, les rythmes, le swing dans la voix ». Quand on tente de savoir s’il a pu en personne rencontrer Bob Dylan, c’est toujours avec beaucoup de modestie qu’il explique être trop timide et trop impressionné. «Beaucoup de chanteurs ont déjà repris ses chansons, je ne sais même pas s’il a entendu ce que j’ai fait ».
Si Francis Cabrel a repris son idole, au même moment, l’une de ses plus belles chansons « Je l’aime à mourir » était adaptée en espagnol par la chanteuse colombienne Shakira. De cette reprise, il dit être flatté et surpris. « Elle l’a très bien fait, et de façon tellement différente que ce que j’ai pu faire moi en tant qu’homme ». A New York et Los Angeles, il chantera donc du Cabrel, du Dylan. Avec modestie.