“On a beaucoup de chance. Même 20 ans après sa disparition, son œuvre s’est tellement bien implantée sur la planète que partout où je vais, dès que je dis le nom ‘Cousteau’ les gens ont un sourire jusqu’aux oreilles”. Francine Cousteau, seconde épouse du Commandant, est à la tête de la Cousteau Society fondée par l’explorateur en 1973.
En juin prochain, la fondation marquera les 20 ans de la disparition de Jacques-Yves Cousteau, et célèbrera aussi le “World Oceans Day” (le jeudi 8 juin). De passage aux Etats-Unis pour cette occasion, Francine Cousteau est allée rencontrer un groupe d’élèves de l’Ecole Internationale de New York (EINY). Un an plus tôt, ces derniers envoyaient leurs dessins au CousteauKids, magazine pour enfants lancé il y a 30 ans.
Pendant plus d’une heure, l’épouse de Jacques-Yves Cousteau a répondu aux questions des enfants, revenant sur les explorations du Pacha, sa maison sous-marine en Mer Rouge ou encore la légendaire Calypso aujourd’hui en rénovation en Turquie.
“Après sa disparition, il y a eu une quantité inimaginable de programmes et de projets entrepris. Avec la fondation, j’ai choisi de m’occuper des programmes d’éducation et des programmes de développement durable et de protection des zones côtières”, explique Francine Cousteau. La Cousteau Society compte aujourd’hui un réseaux d’une soixantaine d’écoles un peu partout sur la planète, qui développent et appliquent des programmes d’éducation sur l’environnement. “Le but a toujours été d’amener les enfants à apprendre et découvrir d’une façon ludique”.
L’autre mission de la fondation, c’est la promotion de l’écotechnie, un enseignement transversal pour post-doctorants qui combine écologie, économie, technologie et sciences humaines. Une discipline mise au point par le Commandant et l’Unesco dans les années 1980. “Le but est de pouvoir incorporer ces quatre sujets aux grandes prises de décisions qui concernent le long terme”, explique Francine Cousteau. A la disparition du commandant Cousteau, environ cinq universités possédaient une chaire. Aujourd’hui il y en a seize dans le monde, dont une à Rutgers dans le New Jersey.
“Cousteau pensait que les futurs décideurs n’étaient pas prêts à gérer le long terme”, confie Francine Cousteau.
L’écotechnie a été appliquée pendant une dizaine d’années sur les rives quasi-vierges de la Mer Rouge au Soudan. Avec une chaire universitaire à Karthoum, des programmes de protection de la biodiversité et des pavés d’études réalisés par les scientifiques de la Cousteau Society, “le jour où le Soudan sera en paix et voudra développer ses côtes, il saura comment faire mais surtout comment bien faire. […] Notre mentalité, c’est d’aller quelque part, mais pas seulement pour faire des images et puis s’en aller. Le but c’est de s’y implanter et de laisser quelque chose pour les gens”, affirme Francine Cousteau.
Très célèbre aux Etats-Unis, comme sur le reste de la planète, le nom de “Cousteau” et les activités qui y sont liées sont, même 20 ans après sa disparition, toujours très bien accueillis. “Il a créé une culture commune. L’image et la force du nom reste très attaché à des valeurs d’éthique, et à une démocratisation de l’enseignement scientifique et de l’écologie. Il avait ce talent de pouvoir nous faire découvrir, en même temps qu’il le voyait, un monde extraordinaire que personne n’avait visité avant lui. Et personne ne l’a remplacé aujourd’hui. Mais vu la quantité de personnes que je rencontre et qui ont entendu son message, cette prise de conscience écologique s’est heureusement démultipliée”.