Tout est dans le coeur, qui doit rester coulant. Chloé Sabatier le sait bien. Cette Française de 25 ans, installée depuis deux ans à Detroit, a fait du fondant au chocolat un business, et une passion.
Le “story-telling” est parfait : la jeune Parisienne “du XIVème” faisait un stage de marketing à New York lorsqu’elle tombe amoureuse d’un Américain, originaire de Detroit. Elle rentre en France terminer son école de commerce (Léonard de Vinci, à La Défense), et après plusieurs aller-retour, décide de s’installer à Detroit pour de bon avec son cher et tendre.
C’est là que les fondants entrent en scène. “J’avais toujours fait des fondants pour mes amis et ma famille, avec une recette de ma grand-mère. Aux Etats-Unis, lorsque j’en faisais, les gens étaient très enthousiastes, et plusieurs personnes m’ont conseillé de lancer mon entreprise. C’est parti d’un délire, et puis finalement j’ai essayé”, raconte-t-elle.
Une histoire similaire à celle de Céline Legros, qui a lancé à New York sa société spécialisée dans les cannelés. Et qui rappelle aussi celle de tous ces entrepreneurs francais qui veulent conquérir les palais américains avec leurs choux, leurs éclairs, leurs gougères, leurs merveilleux ou leurs macarons.
Le fondant était un terrain encore peu exploré. D’ailleurs, aux Etats-Unis, on ne dit pas fondant, mais “lava cake”. “On en trouve aux Etats-Unis, dans les restaurants en particulier, mais ils ne sont pas aussi bons qu’en France, explique Chloé Sabatier. Déjà, il est difficile de trouver du bon chocolat pour pâtisserie – le nôtre est importé de Belgique. Ensuite, les lava cakes d’ici sont souvent écoeurants, trop sucrés, et sans vraie différence entre l’extérieur et l’intérieur.” Bref, des gâteaux assez éloignés de “la” recette de fondant au chocolat de Michel Bras (que l’on peut consulter ici), le chef français inventeur officiel de ce gâteau au début des années 80.
Chloé Sabatier, qui a créé sa structure, Chez Chloé, en octobre 2013, estime que Detroit est une ville propice à ce genre de business. “Il y a une grande énergie pour reconstruire la ville, avec plein de jeunes, et un climat très propice à l’entrepreneuriat.” Et les loyers sont moins élevés qu’ailleurs.
La Parisienne a commencé par vendre ses fondants dans les marchés. Elle s’est ensuite vue proposer des partenariats avec des cafés et des restaurants, s’attirant les bonnes grâces de ses clients avec son accent frenchy, gage de qualité dans la pâtisserie. “J’ai de plus en plus de commandes, je vois mon chiffre d’affaires augmenter de mois en mois. Je travaille aussi beaucoup pour des mariages, des événements”, explique-t-elle.
La Française embauche aujourd’hui deux personnes, et produit environ 800 fondants individuels par semaine dans sa cuisine de location. Elle dispose aussi d’un “corner” dans le magasin Treat Dreams, à Ferndale, où elle vend ses gâteaux.
Tout récemment, Chloé Sabatier a signé son premier gros “deal”: Air France lui achète 400 mini-fondants toutes les semaines, pour la classe affaire de la ligne Paris-Detroit. Elle est aussi bien partie pour placer ses fondants dans des Whole Foods de la région, et pense mettre en place, dans les six mois, de la vente en ligne aux Etats-Unis. “Je suis en train d’étudier comment les envoyer. Ce sont des gâteaux qui se congèlent bien. On peut aussi les envoyer sous vide” . Les Etats-Unis fondent déjà.