“Ce sont les moments les plus forts de toute notre vie mais il faut avoir le cœur bien accroché.” Philippe et Dorian (prénoms changés), trentenaires homosexuels résidant au Benelux, sont, depuis mai 2017, les heureux parents de jumeaux nés en Pennsylvanie d’une mère porteuse. Une expérience formidable, disent-ils, qui aura nécessité près de deux ans d’attente. “C’est un projet long, compliqué et semé d’embûches potentielles”, raconte Philippe.
Philippe et Dorian font partie de ces Francais qui traversent l’Atlantique pour mener à bien une gestation pour autrui (GPA), la France interdisant cette pratique mais les Etats-Unis l’autorisant – ou, du moins, la tolérant – sur une partie de leur territoire. L’agence de mères porteuses, Reproductive Possibilities, basée dans le New Jersey, indique à French Morning que 5 % de ses clients sont Français. Une autre agence, CSP Surrogacy, située dans le Maryland, affirme quant à elle avoir eu affaire à 150 Français en 21 ans d’existence.
Si ces Français se tournent vers l’Amérique plutôt qu’un autre pays, c’est, selon Philippe et Dorian, pour des raisons “éthiques”. “Aux Etats-Unis, ce genre de projet est très bien encadré sur les plans juridique, médical, psychologique et social pour la mère porteuse”. D’autres “parents intentionnels”, comme on les appelle, ajoutent qu’il n’est pas question pour eux de faire cette démarche en Ukraine, en Inde ou en Russie où cette pratique n’est pas encadrée par la loi et où les femmes candidates sont soumises à peu de contrôles. Les agences américaines des couples interviewés exigent toutes que les mères porteuses aient déjà des enfants et qu’elles soient financièrement indépendantes. Ce sont en outre ces dernières qui sélectionnent les couples dont elles souhaitent porter le bébé, et non l’inverse.
Il existe deux types de mères porteuses, indique Margaret Swain, une avocate du Maryland spécialisée dans ce domaine : celles dites de gestation, qui ne partagent pas de patrimoine génétique avec l’enfant qu’elles portent, et les traditionnelles, qui sont aussi les mères biologiques. Les mères porteuses évoquées dans cet article entrent dans la première catégorie. Elles n’ont en général aucun droit sur l’enfant, contrairement aux secondes.
“Un saut dans l’inconnu avec des personnes à des milliers de kilomètres”
En entamant leur parcours du combattant, Philippe et Dorian se sont donnés un maître mot: la confiance. “Il faut arriver à lâcher prise, sinon on tombe facilement dans la paranoïa car, après tout, il s’agit d’un saut dans l’inconnu avec des personnes à 7.000 voire 10.000 kilomètres que l’on a jamais vues”.
Philippe et Dorian ont trouvé une agence à Boston, une mère donneuse dans le Michigan, une clinique pour le don de sperme à Los Angeles et une mère porteuse, Kelly, en Pennsylvanie. “On a rencontré Kelly par Skype, racontent-ils. C’était très curieux mais on s’est tout de suite entendu.”
Enjoué, le couple pointe néanmoins l’aspect “extrêmement coûteux” de l’expérience. “On a payé Kelly 25.000 dollars. On a également pris en charge ses frais médicaux, l’assistance à domicile, la nourriture. Ces frais sont doublés en cas de grossesse gémellaire. Le coût total du projet est difficile à chiffrer car l’agence prend une marge sur un certain nombre de services (test psychologique pour la mère porteuse, frais de gestion juridique, etc.). On pense que cela nous a coûté plus ou moins 150.000 dollars.”
“La mère porteuse ne buvait que du soda, j’étais hystérique”
Sophie, une Parisienne souffrant d’insuffisance cardiaque, a pour sa part dépensé toutes ses économies pour avoir son deuxième enfant grâce à une mère porteuse. “J’ai hésité pendant 3-4 ans, se souvient-elle. J’ai fait un premier voyage aux Etats-Unis en 2012, c’était très angoissant. Quand je me suis finalement lancée avec mon mari, j’étais bardée de tous côtés: j’ai pris deux assurances et plusieurs avocats. On a dépensé 110.000 euros, dont 10.000 pour les allers-retours entre la France et les USA (Sophie a fait venir la mère porteuse à Paris à trois reprises, NDLR). On aurait pu dépenser moins, c’était un choix.”
Tout s’est déroulé comme prévu jusqu’aux dernières semaines avant l’accouchement, où Sophie se dispute avec la mère porteuse. “Elle ne buvait pas d’eau, que du soda, et ne mangeait pas de légumes, précise-t-elle. Cela me tracassait pour le bébé car, en ce qui me concerne, je ne consomme que du bio. Les médecins m’ont aussi dit qu’elle ne s’alimentait plus et qu’elle passait ses journées au lit à regarder des séries télé. Je l’ai harcelée. Une diététicienne a fini par lui dire qu’il fallait qu’elle mange. J’avais les hormones en folie, j’étais hystérique”, ajoute-t-elle.
Sophie évoque également la période stressante de l’après naissance, “là où commence le marathon pour obtenir acte de naissance et passeport américains”. “On a fait une demande express via une agence qui nous a obtenu un rendez-vous en quelques jours pour le passeport, cela nous a coûté 300 dollars. On avait tout prévu avant. Quinze jours après, on a pu prendre l’avion et rentrer à la maison”, ajoute-t-elle, précisant qu’elle s’est gardée de dire aux autorités que son enfant était né d’une GPA.
“Intimidés”
Le retour en France et les potentielles galères administratives sont justement un sujet de tracas pour Stéphane et Julien, un couple homosexuel vivant à Paris et essayant d’avoir son premier enfant aux Etats-Unis. “On a pris un avocat pour préparer notre retour après la naissance du bébé, et notamment la délicate étape de la déclaration de naissance auprès de l’état civil.”
Depuis le 5 juillet dernier, la loi française stipule qu’un enfant né de cette manière à l’étranger peut avoir deux parents français légalement reconnus, et non le seul père biologique, comme c’était le cas jusqu’à présent (en droit français, la mère légale ne peut pas être autre que la femme qui accouche). Toutefois, le parent qui n’a pas de lien biologique avec le bébé doit passer par une procédure d’adoption. La transcription pure et simple de l’état civil d’un enfant établi hors de l’Hexagone a quant à elle été refusée par la Cour de cassation.
Aux Etats-Unis, Stéphane et Julien se paient également les conseils d’un avocat – dont le rôle est d’établir le contrat et de régir leurs relations avec la mère porteuse – et sont épaulés par une psychologue. Pour eux, l’anglais représente une barrière. “Lorsqu’on a rencontré la mère porteuse, on était intimidés et le fait que ce soit dans une langue étrangère n’a pas aidé”, disent les deux hommes, qui chiffrent approximativement le coût de leurs démarches à 150.000 dollars, dont 40.000 dollars pour la mère porteuse.
Leur désir d’enfant les a par ailleurs décidé à se passer la bague au doigt, fin 2016, pour “multiplier leurs chances”. Dans certains Etats comme le New Hampshire, la GPA est en effet accessible aux couples homosexuels à la condition que ces derniers soient mariés.
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“Tiens, tiens et si on se faisait plaisir si on s’achetait un enfant …” comment peut -on monnayer une vie!!!!Je ne vois là aucune preuve d’amour, mais la preuve d’un égoïsme compulsif.
je plains de tout mon coeur ces enfants aux origines floues, (banque de sperme,mère porteuse biologique ou pas etc)qui indéniablement seront un jour confrontés à la question de leur naissance .(Ah ton papa a beaucoup d’enfants par le monde, c’était un gd distributeur, Ah ta maman biologique est espagnole, mais celle qui t’a mise au monde vivait dans le New Jersey).
et ces enfants ne s’en sortiront pas indemnes…merci pour cet article , qui je l’espère fera réfléchir..MCD
Dans certains cas, la GPA me parait acceptable, mais hélas les dérives sont déjà présentes : pour les homosexuels, pour les “mères” qui ne veulent pas des inconvénients de la grossesse, etc.
Dans un monde parfait, la GPA serait réservée aux couples hétérosexuels infertiles.
Nous vivons dans un monde qui est déjà entré dans sa phase de décadence. Les gens ne s’en rendront compte que quand le système s’écroulera et qu’un autre système (que l’on connait déjà et qui est bien pire) débutera son remplacement.
Attention au anti depresseur il sont généralement pas naturel. Tu va sombrer dans la décadence
Pour ce prix la j’espere qu’ils n’ont pas de defauts et qu’il y a une garantie.
C’est assez marrant que seul les gens contre mettent en avant cette argument . Si tu fais un enfants si il a un défaut tu va le jeter ? C’est ce que tu sous entend ?!!! Et qu’un enfant n’a aucune valeur ? Ça en dit long sur ta personnalité
En tant que personne ayant eu rercours à la gpa en Ukraine je me charge d’affirmer que les propos prétendant que cette pratique n’y est pas encadrée par la loi sont mensongers! Tout est justement au contraire – la loi entend la remise du bébé au couple après l’accouchement, ainsi que les droits et les obligations des parents d’intention et de la gestatrice. Je me demande aussi ce qui veut dire la gpa “éthique” dans ce cas où l’on dit clairement que la mère porteuse américaine a touché 25.000$ à part de remboursement des frais médicaux et alimentaires?! Nous avons nous aussi payé une certaine somme à notre gestatrice et d’ailleurs nous n’y voyons rien d’amoral, mais si l’on chante autant d’éloges à la gpa aux USA qui est censée être bénévole et “éthique” et parallèlement on évoque la récompense attribuée à une mère porteuse américaine, c’est de la pure hypocrisie!
Je travaille pour le Centre de Fertilité de Las Vegas et j’ai moi-même eu recours à une mère porteuse…
Dans mon travaille j’accompagne des couples français dans leur désir de fonder une famille et ce processus respecte entièrement les droits des femmes.
Cessez les caricatures et permettez aux personnes qui le souhaitent de fonder une famille !
Permettez aux enfants d’avoir une vraie famille …
Il n’existe pas UNE famille mais DES familles… Je ne c’est pas ce que vous entendez par “une vraie famille”
Une famille, c’est une mère, un père, un ou des enfants. Il faut deux personnes de sexe opposé pour faire un enfant. La vraie famille est composée de parents de sexe opposés, c’est le milieu naturel de l’enfant depuis toujours.
Ne mettez pas d’enfant dans un milieu non-naturel svp …
Ne soyez pas égoïstes, ne pensez pas seulement à assouvir votre fantasme de parentalité alors que la nature ne vous le permet pas. Pensez aussi aussi à l’intérêt des enfants pour un développement psychologique sain.
Questionnez les enfants pour savoir ce qu’ils pensent de l’éventualité d’avoir vécu au sein d’un couple homosexuel.
Tu viens de tué plus de 1000 ans d’histoire greco romaine. Pourtant ce sont les pays qui sont à l’origine de notre civilisation.
Il faudrait que les enfants aient la possibilité de faire un procès à ses pseudo-parents en réparation des troubles mentaux dont ils seraient objets.
Pas besoin de dépenser autant aux USA, en Ukraine c’est moins cher et bientôt à Madagascar des croisières pour “acheter groupé” à moins que la France se positionne sur le créneau .
Les Français et leurs obsessions des demi-dieux Américains. Tout ce qui est décrit dans cet article existe en Europe, dans notre continent, surtout et entre autre en Ukraine.
Pourquoi traverser un océan et 10 000 kms pour trouver ce qui existe dans notre continent ? Et n’oublions pas les Américains ne sont que des êtres humains comme des Ukrainiens, les Belges et d’autres Européens.
13 pays Européens font quasiment pareille et autorisent les mères porteuses rémunérées. Mais un article sur les Européens qui font pareille n’intéresseraient pas les lecteurs français.
Nous on a eu recours à une mère porteuse en Ukraine et on ne le regrette pas du tout! La clinique est très bien, Biotexcom, tout est au top, l’orgnaisation, le professionalisme.. Et on n’a pas eu l’impression d’acheter un enfant, il est bien à nous, issu de notre matériel mais porté par une généreuse femme qui fait desormais partie de notre vie.