« On veut jeter une brique sur le plafond de verre », sourit Hugues Seureau, co-créateur du réseau Essteem avec Sylvain Dechartre. Mardi 10 avril, à l’occasion de la journée de l’égalité des salaires aux Etats-Unis, les deux entrepreneurs installés à New York depuis près de six ans organisent un meetup pour parler des écarts de rémunération entre les hommes et les femmes, en présence de la consule générale de France à New York, Anne-Claire Legendre.
Ils profiteront de l’occasion pour lancer un « referral contest » visant à créer une chaîne de recommandations entre femmes. Le but : soutenir leur recrutement dans les secteurs de l’ingénierie et de la technologie, où 80% des postes sont occupés par des hommes et où les femmes touchent 85 centimes pour un dollar gagné par leurs pairs, selon les derniers chiffres du bureau du recensement des Etats-Unis.
Les deux amis se sont rencontrés il y a près de cinq ans par le biais de leurs compagnes, toutes deux dans le milieu du cinéma. Après un premier projet d’entreprise avorté, ils décident de se lancer ensemble dans le soutien au recrutement des femmes. « Quand ma femme m’a raconté ce qu’il se passait dans son milieu professionnel, j’ai vraiment pris conscience qu’il y avait un problème », raconte Hugues Seureau, lui-même dans l’ingénierie logicielle. Sylvain Dechartre, entrepreneur en série, scénariste et communicant de formation a été élevé principalement par sa mère, raconte-t-il, et a « toujours baigné dans cette culture ».
Le principe d’Essteem : des entreprises partenaires postent des offres d’emploi dans le secteur des technologies de l’information (IT) sur le site du réseau. Les membres inscrites sur Essteem, des femmes uniquement, peuvent soit postuler pour elles-mêmes, soit recommander un candidat ou (de préférence) une candidate au recruteur, en fonction de ses compétences techniques et relationnelles.
Si le ou la candidat(e) est sélectionné(e), la femme à l’origine de cette recommandation reçoit une récompense de 2.000 dollars, dont 50% est reversé à l’association de son choix parmi les quatre partenaires d’Essteem, toutes dédiées à l’intégration professionnelle des femmes : Girls who Code, Women who Code, Girl develop it, et UN Women. Une fois le recrutement bouclé, la personne embauchée est à son tour invitée à recommander un(e) candidat(e).
« D’une manière générale, le recrutement brasse 200 milliards de dollars annuels dans le monde, explique Sylvain Dechartre. Les recruteurs sont prêts à payer des agences spécialisées ou des chasseurs de tête à hauteur de de 10% à 15% du salaire du candidat ». Essteem propose donc aux entreprises d’investir cette somme dans son réseau. Pour la bonne cause, plaident-ils : sur les 3.300 dollars minimum que doit investir chaque entreprise, 300 dollars sont directement reversés aux associations partenaires et 2.000 dollars sont prélevés pour récompenser la personne qui recommande un candidat. Les 1.000 dollars restants rémunèrent la start-up.
Depuis son lancement en octobre dernier, Essteem recense cinq entreprises, « dont trois ont un chiffre d’affaires supérieur à un milliard de dollars », précise Hugues Seureau, et quelque 200 membres français, suisses et américains sur la plateforme en ligne.