La première fois que Paul Mode, retraité français du New Jersey, a croisé le chemin de la loi FATCA, c’était dans un courrier envoyé en mai 2015 par sa petite banque Tarneaud à Saint-Junien (Haute-Vienne). L’établissement bancaire l’informait que le compte qu’il y détenait depuis quarante ans allait être fermé “dans un délai légal de 60 jours” à cause de cette mystérieuse loi bancaire américaine.
Surpris, et déterminé de ne pas voir fermer ce compte sur lequel il percevait sa retraite, Paul Mode a pris son bâton de pélerin. En juillet, il a fait valoir son “droit au compte” auprès de la Banque de France. Ce droit peu connu permet à un Français en France ou à l’étranger qui ne possède pas de compte de dépôt d’en faire ouvrir un. L’institution lui recommande dans un premier temps de contacter plusieurs banques en ligne. En vain. En septembre, conformément à la procédure, la Banque de France désigne une banque – en l’occurence BNP Paribas – pour l’ouverture du compte de M. Mode. Au terme d’une communication difficile, la banque exige de Paul Mode qu’il se présente en personne dans une agence parisienne pour procéder à l’ouverture. Chose que cet ancien ingénieur mécanicien de 77 ans, sans attache en France, ne veut pas faire. “Je n’ai pas abandonné, mais je ne vais pas faire un voyage spécialement pour ça. On va certainement me trouver des excuses pour ne pas m’ouvrir le compte, regrette-t-il, un brin dépité. Heureusement, j’ai réussi à tout faire transférer à Bank of America” .
A l’origine du calvaire bancaire de Paul Mode: les craintes de plusieurs banques en France de se retrouver en violation de FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act), une loi obscure votée en 2010 par le Congrès américain pour lutter contre l’évasion fiscale. La loi impose notamment aux banques étrangères de rapporter à l’administration fiscale américaine les informations bancaires de leurs clients présentant des “indices d’américanité” (visa américain, carte verte, résidence aux Etats-Unis, binationaux…). Seuls les comptes ayant un solde supérieur à 50.000 dollars sont visés par la loi. On estime que 50.000 comptes sont concernés en France. Les banques qui ne transmettent pas les informations de leurs clients risquent une pénalité financière.
Alerté dès février 2014 de la multiplication des fermetures de comptes par le député des Français d’Amérique du Nord Frédéric Lefebvre, le gouvernement a répondu que “les gros établissements, ceux qui ont suffisamment de clients, n’ont pas pris ce chemin” . Or, la Société Générale, Axa, Natixis ou ING – des établissements pointés du doigt – ne sont pas de petites banques. Et les notifications de clôtures continuent d’être envoyées, plus d’un an après l’entrée en vigueur de la loi en France le 1er juillet 2014. “FATCA a été votée pour lutter contre l’exil fiscal, mais des petites gens se retrouvent pénalisées, résume Damien Regnard, conseiller consulaire qui a tenu une réunion sur le sujet en novembre à Houston. Pour les banques, la mise en conformité représente un coût important. Elles en profitent pour se débarrasser des clients avec des comptes modestes, peu crédités. On assiste à des limitation d’accès, des limitations d’opérations… Les gens ne comprennent pas que la banque ait le droit de fermer leur compte sans avoir à se justifier” .
Parmi les personnes concernées, les “Américains accidentels”, nés aux Etats-Unis de parents étrangers et qui ont vécu une courte période sur le sol américain. Mais aussi les citoyens américains devenus Français, comme Christophe Hancock, enseignant d’anglais en Guyane française. Né à Washington et “naturalisé français depuis 22 ans” , il a tenté d’ouvrir un compte en ligne sur ING Direct, mais la banque a ouvertement répondu à ses clients sur son forum que “ING a décidé que, pour des raisons économiques, l’ensemble des entités du Groupe à l’extérieur des États-Unis ne pourraient pas mettre en place les procédures spécifiques” pour les “US Persons qui souhaitent ouvrir un ou des produits d’investissement en dehors des États-Unis.”
Les clients comme Christophe Hancock, qui présentaient “des indices d’américanité” , ont dû se résoudre: ils ne pourraient pas ouvrir de compte en ligne, ni de compte courant, ni d’assurance vie ou de portefeuille d’actions. “Je travaille en France. Tous mes revenus sont en France. Mes enfants sont en France. Je ne gagne que des euros. Je ne vois pas pourquoi je devrais me déclarer auprès du fisc américain, confie-t-il. Comme j’avais un “indice d’américanité”, j’ai été exclu. Nous ne sommes pas considérés comme des clients de première catégorie, alors que nous sommes des clients à part entière. J’aurais dû me renseigner avant de faire ces démarches. Je n’avais aucune idée que FATCA existait. C’était une mauvaise surprise” .
“La France se couche”
Les comptes de dépôt ne sont pas seuls à souffrir. Denise Berthier, 87 ans, résidente permanente aux Etats-Unis depuis trente ans, avait un portefeuille de titres à la Société générale, banque dont elle est cliente depuis “trente ans, et mes parents depuis 1928” . Il y a six mois, elle a reçu un courrier l’informant que son portefeuille ne serait plus géré par la banque. Elle est aujourd’hui en négociation pour le transfert de ses titres. “La France n’est plus souveraine sur ses nationaux lorsqu’ils sont aux Etats-Unis. On se couche. Ca ne serait pas arrivé du temps du Général de Gaulle! s’exclame-t-elle. Je reçois la pension de mon mari sur un compte en France. Je n’ai pas envie qu’on le ferme. J’ai un appartement qui se loue à Paris et j’ai un compte qui ne sert qu’à ça. Je veux pouvoir aller dîner avec des amis en France, retirer de l’argent. C’est le droit normal de tout citoyen. ”
Même son de cloche chez Patrick Pagni, Français de New York, chairman de la firme de gestion d’actifs Amundi Smith Breeden. Lui aussi tente de rapatrier son portefeuille aux Etats-Unis après avoir frappé à la porte de BForBank (Crédit agricole) et Boursorama. “Vous ne pouvez pas aller ailleurs en Europe. Personne ne veut de vous. Je suis toujours citoyen français, j’ai une carte verte. En matière bancaire, la France me demande d’aller ailleurs. Un citoyen français ne peut plus être traité par la France. Les Etats-Unis nous imposent quelque chose et nous ne résistons pas, regrette-t-il – M. Pagni est membre de l’antenne new-yorkaise Les Républicains. Il y a 200.000 Français aux Etats-Unis. Moins de 10% doivent avoir un portefeuille de titres. Cela n’intéresse que très peu de gens. ”
Poursuite judiciaire
Aucune des banques françaises citées dans cet article n’a répondu à notre demande de commentaire. Seule la banque de France a indiqué que les clients qui voulaient se voir ouvrir un compte courant en France “doivent se présenter physiquement en agence. Le modèle est ainsi” . Elle souligne que la Banque de France n’a “pas eu beaucoup de cas de saisines” pour faire valoir le droit au compte, peut-être par méconnaissance de ce droit.
“La loi du droit au compte n’est pas faite pour les Français à l’étranger, mais c’est un problème mineur pour le gouvernement aujourd’hui” , regrette Paul Mode, du New Jersey. “Pour arrêter quelques trafics avec FATCA et attraper une personne sur cent, ils vont en embêter 99. Pour nous, c’était quand même pratique d’avoir un compte en France pour les paiements à la famille par exemple.”
Aux Etats-Unis, FATCA aussi provoque des remous. En juillet 2015, le Sénateur Rand Paul, ex-candidat à la primaire républicaine, et d’autres ont déposé une plainte contre l’administration Obama au motif que la loi FATCA est inconstitutionnelle et qu’elle entraine de nombreux expatriés américains à renoncer à leur nationalité en raison de difficultés d’accès à certains services bancaires. En 2015, 4.279 renonciations ont été enregistrées selon le Département du Trésor américain. Un record. Raison principale, selon la BBC: FATCA.
0 Responses
Not mentioned here is the lawsuit in Canada against the FATCA IGA http://www.adcs-adsc.ca/ADSC.html
The situation of US persons tax resident abroad:
Double Taxation (county of residence + US tax via tax treaty gaps)
Without Representation (would never have agreed to it all)
Without US Government Services (that US resident US persons may receive)
Without a Care By The US Government For One’s Well Being (only about stick and compliance)
With Unfathomable Compliance (obligation to overlay the 74,000+ page US tax code on top of the tax code of one’s country of residence – with inevitable tax treaty gaps through which double taxation flows through).
With Excessive Compliance Cost (see above – it all requires highly specialized assistance and can’t be done with TurboTax, and you don’t use that because of the potentially bankrupting penalties (that US residents do not face for their everyday accounts in the US if not done right).
With Excessive Compliance Penalties. (The U.S. tax rules punish accounts and investments that are foreign to the USA. The compliance penalties for not reporting accounts right could be bankrupting even if no US taxes are owed)
Is UnAmerican!
Any US persons living overseas caught up in this must visit the message boards of The Isaac Brock Society http://isaacbrocksociety.ca/ and Facebook Citizenship Taxation and American Expatriates Group
US citizenship should be about the greatest liberty in the world. Yet the truth is US persons living overseas are tremendously disadvantaged by the US government compared to nationals from all other OECD countries.
“Seuls les comptes ayant un solde supérieur à 50.000 dollars sont visés
par la loi. On estime que 50.000 comptes sont concernés en France. Les
banques qui ne transmettent pas les informations de leurs
clients risquent une pénalité financière.”
C’est faux, en fait rien n’empêche les banques de donner tous les comptes y compris ceux en dessous du seuil.
“Sauf si
l’Institution financière déclarante française en décide autrement” dit le décret du 2 janvier 2015. Clairement la plupart des banques communiqueront tous les comptes afin de ne prendre aucun risques.
De plus aucune banques ne semblent avoir été inquiétée par les article 225-1 et 225-2 du code pénal (les courtiers come Binck.fr et ING vont jusqu’à inclure une close manifestement contraire à ces deux articles dans leurs conditions contractuelles… Bravo à nos sénateurs qui n’ont rien vu (la rapporteure semblait plus intéressée à mettre un “e” à sa fonction plutôt que de faire son travail correctement).
Bonjour
Enfin un article français qui synthétise bien le problème.
Ce que Obama a mis en place avec FATCA est tout à fait illégal.
Aucun sénateur ayant signé le décret dans lequel FATCA était bien caché n’est au courant puisqu’ils ne l’ont pas lu.
J’habites en France depuis 1975 et j’ai quitté les USA à l’âge de 7 ans et n’y suis jamais retourné.
J’ai aussi reçu une lettre de ma banque en octobre 2014. Je leur ai répondu que le formulaire W9 qu’on doit remplir est illégal car il n’y a pas de numéro OMB en haut à droite (l’équivalent du numéro CERFA sur tout document administratif Français)?
Ma banque sait que je suis parfaitement au courant de la situation illégal de FATCA et j’ai eu de nombreuses échanges avec Frédéric Lefebvre.
Ce que dit la constitution américaine :
Tout américain né dans un des 50 états de l’union protégé par la constitution ne doivent AUCUN impôt sur leur revenu au gouvernement fédérale de Washington DC. Seule, les personnes né à Wasshington DC, dans les autres territoires (Guan, Panama…) et les personnes travaillant pour le gouvernement fédérale peuvent être imposées sur leurs revenus car ils sont considérées comme citoyens statutaires et non nationaux. Cette distinction est même écrite sur la première page du passeport US !
Seul l’Etat dans lequel vie le citoyen peut le taxer en échange de services (routes, écoles…).
Cette supercherie de l’IRS, agence privée, a démarrer en décembre 1913 lorsque Rockfeller, Rothschild et JP Morgan ont convaincu le président Wilson de créer la réserve fédérale pour imprimer l’argent et le prêter au pays. Ils ont aussi passer le 16 amendement pendant les vacances de noël autorisant le gouvernement fédérale à taxer tous les américaine sauf que :
1) cette amendement n’a JAMAIS été ratifier par les 50 états
2) Il stipule “The several states” soit les quelques états en dehors des 50 états de l’union !!!
Mais, pire que FATCA, est la nouvelle directive BRRD (ordonnance passé en France le 20/08/2015) qui autorise les banques à légalement ponctionner les comptes de leurs clients !!!
C’est le FMI qui appartient aux mêmes super-banquiers qui a mis ça en place.
Nous sommes gouvernés par une mafia financière qui est en train de nous conduire à notre ruine.
La crise qui vient de commencer sera la chute de notre économie et la fin du dollar en tant que monnaie de réserve mondial.
A voir absolument sur l’illégalité de l’IRS : https://www.youtube.com/watch?v=X1fqqqxnuWg
L’obligation de declaration autres des impôts est lorsqu’un compte a atteint >$10000 dans l’année ( meme si ce n’est que pour 24h) et ceci c;est la declaration FBAR. Obligation dedeclaration pour tous. Pour ‘instant la banque Postale ne m’a pas ferme mes comptes mais je n’ai pas pu récupère de l’argent d’assurance vie. Ils demandent qu’un papier soit remplie par l’IRS or l’IRS refuse…
L’impôt américain sur ces citoyens est une fraude ! A regarder en entier : https://www.youtube.com/watch?v=X1fqqqxnuWg
By using #FATCA to prevent French citizens from having a bank account in France, the USA has elevated the “weaponization of finance” to a new level. Think of it: This man is a French citizen living in the USA and he is having difficulty maintaining a bank in his country of citizenship. Assuming he is living in the USA with a Green Card, any attempt to move from the USA could subject him to the US S. 877A Exit Tax. To put it another way: this poor French citizen may well be “in prison in America”.
Les États Unis ou l’Algérie défendent beaucoup mieux leurs intérêts nationaux que la France.
Ma banque m’a communique que le seuil etait de 10,000 euros
Je recommande contacter HSBC, qui a l’habitude de travailler avec des francais expatries. Un compte en France et un compte aux USA, et en plus les virements entre ces comptes sont gratuits. De mon cote j’ai echappe a la FATCA en me domiciliant chez des amis francais…
Etant régulièrement en contact avec des clients confrontés à ces problèmes, je confirme que la plupart des établissements bancaires français refusent des entrées en relation avec des particuliers présentant des indices d’américanité (BNP, Soc gen, ING, Banque Postale …). La situation se complique davantage lorsqu’il s’agit de contracter un crédit immobilier (CA, HSBC…). Heureusement, certains établissements spécialisés sont encore en mesure de répondre aux besoins d’US persons. me contacter en mp @ [email protected] pour des informations complémentaires
Bonjour,
Ok les gens ont tendance à regarder vers le bas sur les nombreuses opportunités en ligne.
J’ai un article pour vous guider. Cela a vraiment fonctionné pour moi. La chose incroyable ici est le fait que vous avez ouvert la question. J’ai également demandé et été exposé à l’opportunité globale.
Ne vous inquiétez pas pour le commerce extérieur, maintenant vous pouvez faire vos propres dollars avec un compte bancaire américain gratuit.
Lisez simplement, suivez les étapes et partagez.
Il suffit de traduire la page avec Google traduire en haut pour mieux comprendre.
http://bit.ly/2qlCQpZ