Pour travailler chez Datadog, il faut être sportif. La start-up occupe trois étages dans un bâtiment de Manhattan, où une équipe d’une centaine de personnes est à pied d’oeuvre. Tout cela va changer dans quelques semaines quand cette jeune pousse emménagera sur un étage entier dans le bâtiment où se trouve le New York Times, accessoirement un client de Datadog.
Ce démégament marque une nouvelle étape dans le développement fulgurant de cette start-up lancée en 2010 par les Français Olivier Pomel et Alexis Lê-Quôc. Le concept: Datadog fournit à ses clients une solution de monitoring des données issues de leurs serveurs, bases de données et applications dans le Cloud – ou l’informatique “dans le nuage” . Cela paraît un peu obscur pour le commun des mortels, mais les applications sont très concrètes. “Un client ad tech peut l’utiliser pour traquer le montant en dollars des impressions pub par exemple. Un autre en retail pour contrôler la balance en cash des caisses enregistreuses. Pour les sites d’e-commerce, c’est le nombre de produits dans les shopping carts, explique Olivier Pomel. On a toujours besoin de monitoring quand on met en place une infrastructure. C’est comme l’eau courante dans une maison. Ou le tableau de bord dans une voiture. On peut s’en passer mais ça complique les choses. Avoir une perception des données en temps réel donne un avantage compétitif à nos clients car ça leur permet de savoir ce qu’il faut changer, ce qui marche ou pas” .
Olivier Pomel et Alexis Lê-Quôc, deux Centraliens, se sont retrouvés au début des années 2000 dans les locaux du centre de recherche d’IBM au nord de New York. Depuis, ils ne se sont plus quittés. Ils enchainent sur un job à Wireless Generation, une start-up d’éducation dont ils sont en charge de monter l’équipe technique. L’entreprise décolle mais les deux jeunes hommes restent sur leur faim. “L’infrastructure était de plus en plus complexe. Il y avait de plus en plus de machines, d’applications et de personnes intervenant sur ces machines. Ces problèmes ont entrainé la création de Datadog” , explique-t-il. En 2010, l’entreprise est rachetée par News Corp et les deux compères en profitent pour se lancer. “Il y avait eu assez peu d’innovation pendant 15-20 ans dans le domaine du monitoring. C’est un marché très sticky, qui ne change pas rapidement. Les produits existants n’avaient pas été défiés pendant 15-20 ans. Quand il a fallu s’adapter au Cloud, des boîtes comme IBM ou HP étaient incapables d’innover. ”
Datadog est leur première entreprise. Et pour un premier coup, c’est un coup de maître. Ils ont complété en janvier une levée de fonds série D de 94,5 millions de dollars emmenée par Iconiq Capital et peuvent se targuer d’une longue de clients notables comme Netflix, Adobe, Airbnb, Facebook, Spotify ou encore Warner Bros. Games. “Quand nous avons commencé, le cloud était un truc de start-ups. Maintenant les grandes banques, les constructeurs automobiles et d’autres grandes entreprises s’y mettent. C’est un marche énorme. On en récupère une toute petite partie, mais le plus grand est à venir” , lance l’entrepreneur.
Au total, les Français ont levé près de 150 millions de dollars depuis le lancement. De quoi assurer le développement futur de la compagnie de 250 employés, présents à New York, Boston et désormais Paris. Ses ambitions: viser le marché des grandes entreprises à l’international et développer de nouveaux produits qui seront révélés d’ici “six à neuf mois” , explique Olivier Pomel sans en dire davantage.
Mais pour l’heure, ce n’est pas un produit développé par la start-up qui fait parler de lui, mais par l’un de ses ingénieurs: un programme nommé Is Pokémon Go Down Or Not qui permet aux utilisateurs de Pokémon Go de vérifier la qualité de connexion sur leur jeu favori. Hébergé par Datadog, il a généré “plus de traffic en une semaine que tout le reste de l’application. On a des offres pour mettre de la pub. Mais ce n’est pas un produit de la boîte” . Il faut dire qu’ils n’ont en pas besoin pour faire parler d’eux.