Le soir de la cérémonie des Oscars à Los Angeles, lundi 10 février, Foued Douma a reçu pléthore de messages de félicitations. Il n’était pourtant nommé à aucun prix. Mais une de ses clientes, l’actrice Laura Dern, a reçu la statuette pour le meilleur second rôle avec “Marriage Story”. Et elle est montée sur scène chercher son prix plus galbée que jamais, sa silhouette athlétique ayant défrayé la chronique people. “Elle était obsédée par ses bras, et aujourd’hui le Daily Mail vante ses biceps”, se réjouit le Français, originaire de Fréjus (Var). Une véritable consécration pour le coach sportif qui travaille avec l’actrice de 53 ans depuis plus de trois ans.
Foued Douma a rencontré l’actrice, via Courtney Cox, avec la mission de la préparer pour le tournage de la série “Big Little Lies”. «Dans la saison 2, son personnage (Renata Klein) était davantage présent, elle avait besoin de renforcer certaines parties du corps pour des scènes, comme celle où elle se bat dans une piscine ou une autre où elle casse des objets», explique le Varois de 39 ans, qui va débuter un nouvel entraînement spécifique avec l’actrice pour son rôle dans le prochain “Jurassic Park”.
C’est le cinéma et l’amour qui ont amené ce boute-en-train à Hollywood: coach sportif sur Monaco, il décide de partir à Los Angeles en 2014, pour que sa femme, Américaine, puisse poursuivre sa carrière d’actrice. Mais pour lui, les débuts loin de la French Riviera furent difficiles. La première année, privé de visa de travail, il va se consacrer à passer des équivalences pour son STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) et ses brevets d’Etat “métier de la forme”, tout en apprenant l’anglais.
L’obtention de la Green Card lui permet de postuler dans la salle de sport Equinox à Beverly Hills. Mais il déchante vite : “C’est complètement différent du système français. On a un faux statut de salarié, tu dois aller “rabattre” les clients, et vendre des packages” payés à la commission, décrit celui qui fut déconcerté par son premier salaire de 170 dollars (pour deux semaines de travail) “en enchaînant 80 heures par semaine”. Sans compter que, malgré ses dix années d’expérience, il se retrouve au même poste que des débutants dans le training. Mais il tient le coup, et grimpe rapidement les échelons.
Craignant de se retrouver “enchaîné à cette salle”, il part, au bout d’un an, chez Unbreakable Performance Center, une salle VIP où les sportifs de haut niveau ont leurs habitudes. “J’ai beaucoup appris sur la façon de travailler avec les athlètes et les célébrités, la manière de leur parler, comment gérer l’aspect psychologique ; mais aussi sur la planification des séances”, vante celui qui était alors payé au lance-pierre. “En France, nous sommes de bons techniciens, des pros de la physiologie. Ici, ils prennent en compte le côté émotionnel et psychologique, développent et personnalisent la relation.” Sur place, il a l’occasion d’entraîner des célébrités, dont Jennifer Lopez. “C’est la femme que j’ai entraînée qui m’a le plus bluffé, c’est une véritable tueuse, avec une mentalité de sportive de haut niveau”, lâche Foued Douma.
Son slogan: “doucement mais sûrement”
Il développe, en parallèle, son activité de coach sportif. Une cliente, qui évolue dans le secteur des médecines parallèles, va lui ouvrir les portes du show-business. Elle va notamment lui présenter son amie Courtney, qui n’est autre que l’interprète de Monica dans la série “Friends”. “On faisait de l’entretien physique ensemble pendant deux ans et demi, elle m’a introduit à plein de personnes”, raconte le trentenaire. Sa réputation se fait par le bouche-à-oreille, et il est amené à entraîner du beau monde en “extra”, dont un ancien de son quartier, le footballeur Adil Rami, après la Coupe du Monde en 2018 -très investi, Foued Douma avait notamment organisé les retransmissions des matchs à Hollywood.
Et pourtant, la compétition est rude à Los Angeles, où il côtoie les “meilleurs coachs sportifs du monde”. Une de ses forces auprès des VIP : “les célébrités savent qu’elles peuvent me faire confiance, se confier… Je suis une tombe”, assure le Varois. En quelques années, il s’est ainsi forgé une clientèle fidèle, parmi laquelle on compte nombre de chefs d’entreprise, ses “habitués favoris”. “Leur objectif est de décompresser. Pour eux, le sport est un défouloir”, argue celui qui se considère comme un “fonceur”, prêt à saisir les opportunités.
Mais entraîner les célébrités et des CEO n’est pas une fin en soi pour cet ambitieux. Foued Douma veut aussi sa part du rêve américain, souhaitant s’inspirer parcours de Joël Bouraïma, connu sous le nom de “coach Joe”. “Je suis en train de monter ma salle de sport, sur West Hollywood/Beverly Hills, l’ouverture est prévue avant fin 2020”, lâche-t-il, aspirant à créer une franchise pour les Etats-Unis à long-terme. Car, le Varois a expérimenté une technique, un concept dont il tait le secret. “Mes clients m’ont donné le goût du business, ils m’inspirent”, admet-il. D’ailleurs, son investisseur n’est autre qu’un chef d’entreprise qu’il fait transpirer hebdomadairement.