Le mot français DÉCEPTION fait son apparition en anglais en 1420. Dès l’origine, le terme est synonyme en anglais de “tromperie” (du latin deceptio, du verbe decipere).
En français, le sens est différent puisqu’il signifie “le fait d’être déçu / une déconvenue” . On parlera par exemple en anglais de “the art of deception” (= l’art de la fraude) ou encore “he was the victim of a cruel deception” (= victime d’une tromperie cruelle / d’un mensonge)
On soulignera pareillement que le verbe anglais To DECEIVE, qui vient du français ‘DÉCEVOIR’, signifie en anglais ‘tromper’.
Le même mot n’a donc pas le même sens selon qu’il est utilisé en français ou en anglais, ce qui est désigné par les linguistes comme constituant le phénomène des ‘faux-amis’.
Il existe bien d‘autres exemples, comme AFFLUENCE, AGONY, FORMIDABLE, GENIAL, JOLLY, MALICE, NOISE, RELIEF, SENSIBLE, TROUBLE, TRUCULENT, VENUE, etc…
Cela étant, il ne faut pas exagérer le phénomène. Sur les 25.000 mots français ayant intégré la langue anglaise au fil des siècles, seuls 250 d’entre eux environ présentent cette ‘anomalie’. En conséquence, 99 % des mots français ayant intégré l’anglais ont bien le même sens en français et en anglais (ambulance, cousin, fruit, lion, pigeon, table, village…).
Alors pourquoi ces 250 mots en particulier n’ont pas le même sens ? Les Anglais n’ont-ils pas bien compris le sens qu’avaient ces mots français lorsqu’ils les ont empruntés à la langue française ?
En réalité, les différences de sens aujourd’hui entre les deux langues s’expliquent très majoritairement par le fait que la signification de ces mots a changé en français après leur passage dans la langue anglaise. Ainsi, lorsque DÉCEPTION fait son apparition en français à la fin du XIIème siècle, c’est bien en tant que synonyme de tromperie. Ce n’est que durant la seconde moitié du XIXème siècle que le mot prendra en France la tournure de “déconvenue” et de “désillusion”.
Les Anglais ont donc conservé l’acception qu’avaient ces mots initialement en français lorsqu’il ont intégré la langue anglaise au Moyen-Age ou à la Renaissance. On réalise alors que non seulement les Anglais (et les Américains) parlent français sans le savoir, mais ils parlent un français plus pur et authentique que les Français eux-mêmes…