L’attente est longue avant le passage de l’ouragan destructeur Irma qui a déjà ravagé plusieurs îles des Caraïbes et qui s’apprête à toucher la Floride dans la nuit de samedi à dimanche. Dans le sud de l’État, certains Français ont été tiraillés entre fuir coûte que coûte et rester malgré les risques.
« Nous sommes habitués au bruit des voitures et de la foule, mais le silence qui règne et les commerces fermés nous rappellent que nous sommes en situation extrême », indique la Bretonne Valérie Lominé qui, après avoir longuement hésité avec son mari, a décidé de rester à Miami. « Nos amis qui vivent depuis des années ici ont fait le choix de partir, ce qui n’est pas rassurant, précise-t-elle. Je suis également inquiète car j’ai vécu la tempête de 1987 en Bretagne, et j’en garde un souvenir traumatisant avec notamment le bruit strident du vent et la vision d’un champ de dévastation le lendemain au réveil ».
Quelques rues plus loin, un couple de Français se dit inquiet mais prêt à affronter la situation. « Il va falloir être patient et ne surtout pas céder à la panique », indique Sophie Lefebvre Blachet qui a décidé qu’elle serait davantage en sécurité dans son appartement situé au quarante-cinquième étage d’une tour construite après le passage de l’ouragan dévastateur Andrew. « Le bâtiment est aux normes anticycloniques, souligne-t-elle. Et puis, partir où ? Il est difficile de trouver de l’essence et un plein ne permet pas de quitter la Floride. Je ne souhaitais pas me retrouver coincée au milieu de nulle part en attendant que l’ouragan passe ».
À Miami Beach, l’évacuation a été ordonnée par les autorités locales. Malgré tout, certains ont fait le choix de rester et consolident leurs habitations en clouant des planches de bois sur les fenêtres ou en disposant des sacs de sable afin de calfeutrer les ouvertures. « Ce n’est pas un petit ouragan qui arrive, mais un monstre qui va entrainer une importante montée des eaux », confie Paul Bensabat qui vit dans une maison située près d’un réseau de canaux. « Je ne suis ni serein, ni anxieux, j’espère simplement que les dégâts seront moindres ».
Certains n’ont pas eu d’autre choix que de rester prisonniers de l’ouragan. « Je devais prendre un avion vendredi pour partir en France, mais mon vol a été annulé », explique Laurence Lansiart qui vit à Miami Beach et qui n’avait pas anticipé cette éventualité. « J’avais vidé mon frigo pensant quitter le territoire, il a donc fallu que je fasse quelques courses afin de trouver de l’eau et de quoi subsister pendant plusieurs jours, ce qui n’a pas été facile car tous les magasins ont été dévalisés ».
D’autres, ont fait le choix de prendre la route comme plusieurs centaines de milliers de personnes afin de fuir vers le nord de l’État. C’est le cas d’Héloïse et Ronan Colin, deux trentenaires, qui, avec leur fils de deux ans, ont trouvé refuge à Destin, au nord-ouest de la Floride. « Le nom est plutôt évocateur, c’était notre destin de nous y rendre », plaisante la mère de famille qui a vécu un long périple avant d’arriver à destination. « Les routes étaient embouteillées, nous étions pare-choc contre pare-choc et nous avons parcouru plus de 1.000 kilomètres en plus de 20 heures, un temps de trajet multiplié par trois par rapport à un jour normal », indique son mari qui se dit malgré tout soulagé. « Nous sommes maintenant en sécurité et même si par malheur notre appartement de Miami est ravagé, cela ne reste que du matériel ».