Maud Million ne s’était jamais imaginée aux États-Unis, et certainement pas quand elle profitait du soleil des Seychelles avec son futur mari. « C’était la désillusion totale », balance-t-elle, évoquant son arrivée à Washington DC. Avec un diplôme dans l’événementiel, un de ses emplois l’emmène loin de sa Nantes natale, sur l’île paradisiaque des Seychelles où elle rencontrera Julien, un autre Français. Lors de ses années passées en maison d’hôtes, elle travaille avec une wedding planner qui lui donne envie de se lancer dans l’industrie du mariage. De retour en France, elle décide de devenir « fleuriste de mariage ».
Son propre mariage lui rappelle son amour pour les fleurs : « J’avais préparé mes propres bouquets », ce qui replonge Maud Million dans son enfance, « comme quand j’allais ramasser les jonquilles avec ma grand-mère ». Elle décide de reprendre ses études en passant son CAP de fleuriste et se relance dans les stages à presque 30 ans. « J’ai contacté une blogueuse de mariage, et j’ai commencé à me balader entre Nantes et Paris », se souvient-elle. Elle entre alors dans le monde de l’industrie du mariage français et, en 2014, elle démarre Ambiana, sa boutique de fleurs de mariage qui veut donner « une ambiance » spéciale pour ses mariés. Elle enchaîne ses premiers mariages, « de bonnes rencontres » qui deviennent sa « petite famille ». Son entreprise fleurit et, très vite, elle fait un à deux mariages par semaine pendant la haute saison.
Mais en 2017, Julien lui annonce qu’il a trouvé un travail à… Washington DC. Pas question de changer de profession. Elle se prépare à transférer son entreprise de la France aux États-Unis en 2018, alors qu’elle n’y a jamais mis les pieds. « Je n’étais pas fascinée par les États-Unis, ce n’est pas ma manière de vivre, souligne-t-elle. Cette année-là, je l’ai passée entre Washington et Paris, pour boucler mes mariages en France, avant de m’installer complètement », explique-t-elle. L’année de transition est compliquée mais elle tient le coup et même si elle est arrivée à DC avec « des pieds de plomb », elle reste « positive ». La bonne nouvelle, c’est qu’elle obtient le visa G4 grâce à son mari, une étape simple dans cette transition complexe.
« J’ai commencé à suivre en ligne les fleuristes locales, qui faisaient d’énormes pièces florales avec les mêmes fleurs toute l’année », se rappelle-t-elle, découvrant que le style américain pour les mariages est bien loin du minimalisme français et des fleurs de saison qu’elle commandait chez son fournisseur à Nantes. Elle se rend compte que son style est drastiquement différent de ce que la plupart des mariées américaines recherchent, sans compter sur la pandémie qui met son entreprise à l’arrêt en 2020. Le bon côté, ce sont les sommes d’argent que les couples sont prêts à dépenser pour leurs mariages aux États-Unis. « En France, le budget fleurs que j’avais était autour de 1500 euros pour fleurir un mariage complet, alors que les couples américains qui me contactent, annoncent plutôt un budget autour de 5000 dollars », confie-t-elle.
Après la naissance de ses deux enfants, elle espère que cette année soit le début d’une belle aventure pour son entreprise. « J’ai cinq mariages de prévu, et les mariées m’ont toutes trouvées sur Instagram! », lance-t-elle fièrement. En plus des mariages, Maud Million vend également des bouquets de saison, et a même lancé une collection de cadres floraux dessinés. La French Touch de ses bouquets arrive finalement à trouver un public américain. « J’ai souvent des compliments sur mon style de jardin vivant », souligne-t-elle. Ou finalement, c’est peut-être la Maud Touch qui plaît.