Réunies en fédération depuis un an, les associations FLAM (Français Langue Maternelle) des États-Unis ont tenu leur premier colloque à Miami du vendredi 19 au dimanche 21 octobre. Une quarantaine de participants dont des élus, des experts et des acteurs de l’enseignement de la langue française ont échangé sur l’avenir du dispositif qui peine à obtenir des aides matérielles et financières.
« Nos initiatives sont nombreuses mais nous souffrons d’un manque de reconnaissance et de soutien, indique Marine Havel, la présidente de Fédération FLAM USA. Jusqu’à présent nous étions isolés dans nos zones respectives, et comme cela ne sert à rien de râler seul dans son coin, nous avons souhaité agir ensemble car l’union fait la force, c’est bien connu ».
Initié en 2001 par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et confié à l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) depuis 2009, le dispositif FLAM encadre des associations qui proposent à des enfants vivant à l’étranger de conserver la pratique de leur langue maternelle et le contact avec la culture française. « Il s’agit d’une offre scolaire complémentaire et qui n’est pas en concurrence avec celle du réseau d’enseignement français à l’étranger », tient à rappeler Marine Havel qui a fondé l’association PhilaFLAM en 2012 à Philadelphie. « Comme d’autres parents français avant moi, j’ai saisi cette initiative car, en voulant scolariser mes enfants, j’ai été confrontée à l’éloignement géographique des écoles françaises, le nombre de places disponibles et le coût de la scolarité ».
Aujourd’hui, 15 associations FLAM existent aux États-Unis, dont trois non fédérées, et offrent à près de 2.500 élèves des ateliers de deux à quatre heures dispensés un soir de la semaine après l’école ou le samedi matin. Gérées par des parents bénévoles, chacune d’entre elles peut bénéficier, dès sa création, d’une subvention accordée par l’État français. L’AEFE consacre en effet un budget annuel de près de 600.000 euros à répartir entre toutes les associations FLAM du monde. « La subvention versée reste malgré tout assez faible puisqu’elle ne peut dépasser 50% du budget global de l’association et son calcul est à chaque fois très opaque », indique Marine Havel. Une aide financière qui est par ailleurs dégressive et qui disparaît après cinq années d’attribution.
« Depuis trois ans nous fonctionnons sur nos propres fonds et même si notre association atteint l’équilibre financier, cela reste plutôt fragile », confie Nathalie Cluzet-Bertot, la présidente de l’association APEM qui a ouvert ses portes en 2010 à Miami et qui dispose de quatre sites. « Nos frais de scolarité couvrent plus de 90% du budget annuel de fonctionnement de l’association mais pour le reste nous devons trouver d’autres sources de financement », souligne Hervé Seux, président et directeur de EFGB à Boston, qui s’est lancé dans l’aventure en 2008 avec une dizaine d’enfants pour en accueillir plus de 250 sur neuf sites dix ans plus tard. « Aujourd’hui, afin de pérenniser l’association, seuls les enseignants sont salariés, les autres missions sont effectuées par des bénévoles ».
Ainsi, pour garder la tête hors de l’eau, tous multiplient les initiatives : rechercher des sponsors, mettre en place un système d’adhésion, organiser des activités payantes ou encore avoir recours à la levée de fonds. « On s’autofinance pour l’essentiel mais avec un budget plus conséquent nous pourrions pérenniser certains postes, développer davantage de projets éducatifs et améliorer la qualité pédagogique en dispensant notamment des formations à nos intervenants », insiste Marine Havel qui espère pourvoir rediscuter des critères d’attribution des subventions de l’AEFE afin de bénéficier « d’un accompagnement financier cohérent s’échelonnant tout au long de la vie des différentes associations FLAM ».
Une demande qui devrait être notamment relayée par Bruno Eldin, l’Attaché de coopération éducative à l’Ambassade de France à Washington, qui encourage les fondateurs des associations FLAM à « être proactifs et à continuer de faire rayonner la culture française grâce à la richesse de ce programme ».
Et malgré les difficultés rencontrées jusqu’à présent, au terme des travaux effectués durant ces trois jours, tous restent confiants pour l’avenir du dispositif. « Ce colloque a été véritablement fondateur et nous sommes allés plus loin que nous l’espérions, se félicite Marine Havel. Notre plan d’action est renforcé, il y aura donc un avant et un après Miami ».