En 2020, la série Hollywood, diffusée sur Netflix et réalisée par Ryan Murphy, dévoilait sur fond de drame, de sexe et de glamour, la vie d’un groupe de jeunes premiers en pleine effervescence d’Hollywood, rêvant tous de faire carrière à l’écran. Un rêve possible à Los Angeles, où, à condition de respecter quelques règles, vous pourriez vous retrouver sur un beau plateau et, qui sait, décrocher l’Oscar (après tout, Brad Pitt et Clark Gable ont commencé comme ça).
Appelé extra, background artist ou part-time actor, le job de figurant se mérite. Condamné au silence, privé de son nom au générique du film, le figurant – soit jouer un passant dans la rue, une cliente dans une boutique, assister à un match de baseball, être un anonyme dans une foule – devra s’armer de patience avant d’entrer sur scène, parfois quelques heures pour 30 secondes de tournage, profiter d’un déjeuner et de snacks gratuits et réaliser son rêve en s’invitant en chair et en os sur un tournage. Parmi les plus courtisés ces dernières années : « La La Land », « Once upon a time in Hollywood », la série déjà culte « Euphoria » (HBO), « Tangerine »…
Une activité en forme à Los Angeles, pourtant largement pénalisée en 2020 par la Covid (l’association FilmLA enregistrait un nouveau regain en 2021, avec près de 38.000 journées de tournage de films dans le Grand Los Angeles contre environ 40.000 en 2018), et qui intéresse en majorité aujourd’hui les productions pour la télévision et les plateformes de streaming comme Netflix et HBO, la pub ou la musique, le cinéma représentant lui seulement 10% des tournages.
Réglementé mais variable en fonction de l’agence de casting qui rémunère, le salaire du figurant oscille en général entre 10 et 20$ de l’heure (les membres d’une union, un syndicat influent comme le SAG-AFTRA – Scree Actors Guild-American Federation of Television and Radio Artists, peuvent voir leur salaire tripler), et le prix moyen d’une journée de travail tournerait autour de 170 dollars.
Pour candidater, des dizaines d’agences de casting se partagent le marché à Los Angeles. Parmi les sites références, Central Casting, Backstage (payant) ou Extras! Management, à qui il faudra adresser photo et documents avant de postuler. Demandés en général : le passeport américain ou la Green Card naturellement, un statut de résident temporaire, et surtout un permis de travail même temporaire. D’autres solutions existent aussi pour les étudiants et les touristes de passage à Los Angeles, à condition de détenir un numéro de sécurité sociale les autorisant à travailler.
Si de nombreuses agences organisent les castings on-line, ou même en Zoom (certaines demandent même une exclusivité), le futur figurant peut être invité à se rendre à un rendez-vous physique. Annoncées 3 ou 4 jours avant leur apparition en ligne, les sessions de recrutement talents onboarding du site Backstage imposent de se rendre directement à l’agence (compter 20 à 30 minutes sur place), avec photographie et formulaire rempli (proposé à imprimer sur les sites). Un contrôle des documents et de la vaccination permet de réaliser son enregistrement, ensuite d’être « orienté » selon une catégorie de films et un portait de vous peut être réaliser sur place.
La suite impose de patienter quelques jours ou semaines. Selon le profil recherché, certaines agences adressent un mail ou un texto informant de la date et de l’heure où le figurant est attendu (cela peut être la veille). D’autres postent leurs annonces régulièrement, auxquelles il faudra envoyer ses coordonnées.
Ces dernières semaines à Los Angeles, on pouvait donc tourner dans un court-métrage gay rempli de fantômes, un sitcom réunissant des femmes du troisième âge, incarner un joueur de foot dans un film d’horreur, jouer dans la prochaine comédie de Disney, être figurant à jambes velues sur un banc au second plan… ne rien dire, et être payé en même temps.