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Les plans de retraite américains privés

Les pensions versées par la Social Security américaine n’étant pas très généreuses, il est indispensable de se cotiser un plan de retraite privé, qui viendra compléter la “social security”. Avant de s’engager sur ce terrain il faut comprendre de quoi il s’agit. Les règles afférentes à chaque plan sont complexes mais voici comment fonctionnent globalement les principaux plans qui existent aujourd’hui.

Les plans proposés par l’employeur

Les plans à prestations définies (« defined benefit plans » parfois appelés « pensions »)

Historiquement ils étaient les premiers dispositifs de couverture retraite proposés par les entreprises américaines à leurs employés. « Toutes les grandes entreprises du milieu du siècle dernier avaient ce type de plans et les employés recevaient une pension à vie, explique Ludo Thomasson, directeur de la gestion de fortune chez Ensemble Capital. C’est très bien pour les employés. L’entreprise supportait tous les risques de l’investissement; elle garantissait que quand vous aviez 65 ans vous touchiez 3.000 $ par mois par exemple. C’est un petit peu comme les retraites en France ».

Actuellement ces plans sont en perte de vitesse car ils sont lourds à gérer et peuvent s’avérer onéreux pour l’entreprise puisqu’ils garantissent à l’employé un revenu mensuel à la retraite.

Les plans à cotisations définies (« defined contribution plans »)

Dans ce type de plans, c’est le salarié qui subit le risque lié aux investissements choisis. La performance de ces derniers aura donc une énorme influence sur le niveau de revenu de la retraite. Ils peuvent être imposés au moment des contributions (plans « pretax ») ou des retraits (plans « after tax »).

Avant taxes : le 401(k)

Les plans 401(k) s’apparentent à de l’épargne salariale. Ils sont proposés par l’employeur et sont principalement financés par la contribution du salarié via une retenue sur le salaire. A côté des 401(k) pour les entreprises privées, d’autres plans similaires existent pour d’autres entités (écoles et institutions publiques notamment : 403(b), 457 et Thrift savings Plans (TSP)).

Ces plans de retraite sont constitués et maintenus sans payer d’impôt. L’imposition est différée car c’est lorsque l’on fera des retraits sur le compte qu’on sera imposé.  Les contributions sont plafonnées à 18.000 $ par an en 2016 (+6,000 $ pour les 50 ans et plus).

Les sommes sont placées sur des instruments variés : stocks, bonds, mutual fonds… L’intérêt par rapport aux plans à prestations définies est que le salarié choisit lui même les instruments qu’il met sur son compte en choisissant parmi les options proposées par le plan de l’employeur. Les plans 401(k) offrent donc de la flexibilité et le contrôle des investissements avec pour corollaire un risque de marché assumé par le salarié. « Chaque personne décide de ses propres finances , commente Ludo Thomasson. Suivant les choix individuels, chaque plan pourra donner des résultats différents ».

Il arrive très souvent que l’employeur contribue lui-même au plan de son salarié sous la forme d’un abondement (« employer match ») qui peut représenter par exemple 50% de la contribution de l’employé. Ce n’est pas automatique et chaque entreprise a ses propres règles mais lorsqu’il y a abondement la formule présente un intérêt supplémentaire. Toutefois, l’effet de cet abondement peut être limité par l’effet des “vesting schedules”: elles fixent quand ces sommes versées par l’employeur demeurent la propriété de l’employé même si celui-ci quitte l’entreprise.

Il est important de savoir qu’il est tout à fait déconseillé de retirer des sommes sur les 401(k) avant 59 ans et demi. En effet sauf exceptions, en plus des impôts à régler sur ce retrait, vous subiriez une pénalité de 10%. Sans compter que les instruments conseillés sur ce type de plans sont adaptés à la période, généralement de long terme, pendant laquelle le 401(k) est supposé être conservé intact.

Par ailleurs, l’avantage de report fiscal sur ces plans n’est pas éternel et il faut commencer à pratiquer des retraits sur le compte à partir de 70 ans et demi.

Après taxes : le Roth 401(k)

Dans ce type de plans, les retraits sont exempts d’impôt. En revanche, les contributions sont taxées.

« Le Roth 401(k) est assez nouveau et devient de plus en plus à la mode », constate Ludo Thomasson. « Dans le Roth 401k, seule la contribution personnelle de l’employé est Roth. La contribution de l’entreprise est toujours ‘pretax’ » précise-t-il.

Les plans IRA (Individual Retirement Arrangements)

Nul besoin d’être un salarié pour ouvrir un IRA ou un Roth IRA, il suffit généralement d’avoir un revenu imposable. En fonction de la catégorie d’IRA, il faut remplir certaines conditions de niveau de revenu pour contribuer au plan ou profiter de son avantage fiscal. A la différence des plans 401(k) les IRA ne sont pas sponsorisés par l’employeur. Comme le 401(k) ces plans existent en version « pretax » ou « after tax ».

Avant taxes : l’IRA classique

Les plans IRA sont ouverts à titre individuel et offrent le même avantage que les 401(k) d’être des plans avant taxes ce qui permet ainsi de réduire le revenu imposable. Les contributions sont plafonnées à 5.500 $ par an en 2016 (+1,000$ pour les 50 ans et plus).

Plus souples au niveau des investissements que les plans 401(k) puisque l’on n’est pas restreint par le menu imposé par l’employeur, on payera en principe la même pénalité de 10% au moment du retrait sur un compte IRA si on a pas attendu  l’âge de 59 ans et demi. « Ce qu’il ne faut pas faire, conseille Ludo Thomasson, c’est mettre beaucoup d’argent sur un IRA et se dire ‘tiens, je vais utiliser l’argent pour m’acheter une maison ‘« . Comme pour les comptes 401(k) il faut commencer à pratiquer des retraits sur le compte à partir de 70 ans et demi.

Après taxes : le Roth IRA

Contrairement à l’IRA, les prélèvements au Roth IRA se font après taxes mais les revenus générés sont exempts de taxes.

« Le Roth IRA est plus ancien que le Roth 401(k) mais on peut mettre 5.500 dollars maximum dessus, 6.500 si on a plus de 50 ans » précise Ludo Thomasson. De plus, pour contribuer à un Roth IRA, il ne faut pas en principe dépasser un certain niveau de revenu fixé chaque année par l’administration américaine (en 2016 : 117.000 $ pour les célibataires et 184.000 $ pour les couples mariés). Toutefois on peut depuis quelques années convertir un autre plan (IRA par exemple) en Roth IRA sans remplir ces conditions.

On peut effectuer des retraits sur un Roth IRA avant 59 ans et 1/2 sans pénalités sous certaines conditions. Par ailleurs, le Roth IRA présente l’avantage de pouvoir être conservé aussi longtemps que l’on souhaite. Il peut donc constituer un bon véhicule pour préparer sa succession.

Les annuities

Ce sont des contrats d’assurance individuels. On effectue un investissement dans l’annuité puis on reçoit des versements à une ou plusieurs dates précises. « Il faut bien regarder et comprendre les contrats. Il y a souvent beaucoup de frais » met en garde Ludo Thomasson.

Quel plan privilégier ?

L’opportunité d’ouvrir un plan plutôt qu’un autre est à étudier au cas par cas.

« En général un plan 401(k) est intéressant », analyse Ludo Thomasson. « Toutefois, parfois le 401(k) est très cher car les frais d’investissement peuvent être assez élevés » nuance-t-il. L’abondement de l’employeur sur ce type de plan est un plus lorsqu’il est proposé.

Entre les plans avant et après taxes, par exemple si on remplit les conditions pour contribuer à un IRA ou à un Roth IRA, « le plus important est le « tax timing », conseille Ludo Thomasson. « Si vous pensez que vous payerez moins de taxes à la retraite que maintenant, il vaut mieux faire un IRA. Si au contraire vous pensez que vous payerez plus de taxes à la retraite que maintenant, il vaut mieux faire un Roth. Parfois c’est bien de faire un peu des deux ». Le Roth IRA peut notamment être un bon véhicule pour les jeunes. « Plus vous êtes dans les taux d’imposition hauts, plus le fait de pouvoir réduire vos impôts est important, explique Ludo Thomasson. En gros, les Roth IRA sont préférables pour les gens qui ont des petits salaires, pour les jeunes en général ».

Une personne peut détenir plusieurs types de plans ou transférer le contenu d’un plan dans un autre. « Si on quitte son entreprise on peut transférer son compte 401(k), explique Ludo Thomasson. En général, c’est bien de  le transférer sur un IRA en son nom qui offre plus de flexibilité au niveau des choix d’investissement qu’un autre 401(k )». 

A l’heure actuelle, on peut également convertir un IRA en Roth IRA sans être limité par les conditions de revenu et de contribution imposées en principe pour contribuer à un Roth IRA. « C’est important à savoir pour faire un planning fiscal, souligne Ludo Thomasson. On peut convertir tout le plan ou une partie ». Le transfert d’un IRA vers un Roth IRA permet de générer des revenus futurs exempts de taxes. « C’est parfois intéressant par exemple sur une année où on ne travaille pas beaucoup. Cela permet de faire une conversion sans payer beaucoup d’argent » explique Ludo Thomasson.