Revue de presse. Célèbre aux Etats-Unis notamment depuis son rôle dans Les Parapluies de Cherbourg (1964; The Umbrellas of Cherbourg), Catherine Deneuve signait, avec d’autres femmes, le 10 janvier, une tribune dans Le Monde s’indignant contre le “puritanisme” du mouvement féministe #MeToo, initié aux Etats-Unis. “Nous défendons la liberté d’importuner, indispensable à la liberté sexuelle”, explique notamment la lettre.
Une prise de position qui n’a pas tardé à faire réagir les médias américains. La journaliste du New Yorker Lauren Collins dénonce une tribune “signée principalement par des femmes blanches de classe aisée“. “Il n’y a aucune femme de ménage ou conductrice de bus dans la liste, et aucune prise de conscience que les choses pourraient être plus compliquées pour une femme qui n’a pas de place de choix dans son travail, comme c’est souvent le cas pour les femmes”. Elle ajoute que le débat revêt “une nuance générationnelle”. En s’opposant à l’instauration de nouvelles règles, Catherine Deneuve (âgée de 73 ans) est le symbole “d’un féminisme archaïque“.
Même son de cloche chez le Daily Beast, pour qui Catherine Deneuve s’exprime depuis une “position de privilégiée“. Selon l’auteure de l’article Erin Zaleski, la tribune publiée dans Le Monde est “le dernier cri d’une vieille garde qui craint que des mouvements comme #MeToo et #Balancetonporc soient des menaces à la fois pour la liberté (sexuelle et autre) et pour la longue tradition de séduction en France“.
Le New York Times ouvre quant à lui ses colonnes à la journaliste française Agnès Poirier. Selon elle, la tribune signée par Catherine Deneuve et la centaine de personnalités qui l’accompagnent se veut l’écho “d’un féminisme à la française bien décrit par Simone de Beauvoir“. Les écrits et la vie amoureuse riche et complexe de Simone de Beauvoir “continuent d’influencer l’opinion des féministes françaises d’aujourd’hui“. Dans son livre L’Amérique jour après jour publié en 1948, l’écrivaine française fustige l’excès de rationalité des relations entre les hommes et les femmes aux Etats-Unis. “En Amérique, l’amour n’est souvent mentionné que dans des termes d’hygiène. La sensualité n’est acceptée que de manière rationnelle, ce qui est une autre façon de la refuser”.
Pour Erin Zaleski, “il y a certes une différence de moeurs entre les deux pays, mais elle ne justifie pas tout”. Elle ajoute qu'”aux États-Unis comme en France, les perspectives sont en train de changer. Les bouffonneries de Weinstein sont moins susceptibles d’être tolérées aujourd’hui que par les générations passées”.