Financer une « forêt des Français de l’étranger » pour compenser le bilan carbone de nos déplacements en avion ? Cette idée insolite est l’un des projets défendus par l’association Français de l’Étranger Ensemble, lancée début octobre. « Une forêt, c’est génial ! Ça compense le carbone, ça créé de l’emploi et de la biodiversité. Quel plus beau cadeau peut-on faire à la France en tant que Français de l’étranger que d’investir dans la plantation d’arbres là-bas ? D’autant que nos forêts ont souffert cet été », raconte Pascal Royer, entrepreneur et co-fondateur de l’association avec Anne Boulo, professeure dans un lycée français au Congo.
Tous deux élus de la communauté française, lui comme délégué des Français de l’étranger à New York et elle comme conseillère des Français de l’étranger à Pointe-Noire, ils ont eu l’idée de monter ce nouveau réseau pour soutenir des initiatives (culturelles, économiques, sociales, environnementales…) lancées par des Français hors de France et, quand cela s’y prête, participer à leur extension dans d’autres villes et pays.
Le constat des fondateurs : « On a plein d’associations partout dans le monde. C’est très bien. Mais chacun travaille dans son coin. Il fallait créer un outil pour aider les idées locales à se développer au niveau national et mondial, explique Pascal Royer, le président de FdE Ensemble. Une bonne initiative pour Tokyo peut l’être aussi pour New York, Londres, Berne ou Pointe-Noire. »
Outre cette mission d’accompagnement par l’entraide et le partage d’expériences, le groupe entend travailler sur quatre dossiers spécifiques. En plus de la création d’une forêt, que chacun peut d’ores-et-déjà financer en ligne en fonction de la durée de ses trajets en avion, l’association veut faciliter les démarches relatives à la mobilité des jeunes qui veulent étudier à l’étranger et encourager la diaspora à participer à l’opération internationale de nettoyage des déchets, le Great Global Cleanup, lors de la prochaine Journée de la Terre, le 22 avril 2023.
Autre ambition : défendre les membres dont le droit au compte a été bafoué par les banques françaises. Une réalité à laquelle l’association s’est heurtée avant même d’être née. En effet, Pascal Royer a essuyé pas moins de vingt-deux refus d’ouverture de comptes de la part d’institutions françaises. Le problème touche aussi d’autres Français aux États-Unis depuis l’application de la loi américaine contre l’évasion fiscale, FATCA (Foreign Account Tax Compliance Act).
Même si les deux fondateurs – et l’élue de San Francisco, Sophie Lartilleux-Suberville, qui les a rejoints comme trésorière – se sont engagés dans La République en Marche, le parti d’Emmanuel Macron désormais appelé Renaissance, ils assurent que leur bébé n’est pas partisan. « Comme tout projet de ce genre, nous portons des valeurs, mais nous ne voulons pas nous occuper d’élections. Nous sommes une association Loi de 1901, pas une formation politique cachée », précise Anne Boulo, sa secrétaire.
« Nous ne nous situons pas entre Français du Monde et l’Union des Français de l’étranger. On est ailleurs », ajoute Pascal Royer en référence aux associations proches de la gauche et de la droite respectivement. « Notre but, c’est d’être dans l’action, pas dans la réflexion quotidienne sur la bonne politique à conduire pour les Français de l’étranger ». Il précise que le groupe est ouvert à tout type de projets tant qu’ils respectent les « valeurs d’humanisme, de laïcité, d’égalité et d’intégration ».
D’après lui, FdE Ensemble compte déjà « plus de cent membres » dans cinquante villes. À terme, elle prendra la forme d’un « tissu » de groupes locaux. « Nous sommes déjà en contact avec des personnes éparpillées dans le monde entier, qui aimeraient monter leur association pour porter des projets. Certaines veulent créer un festival, d’autres une troupe de théâtre…», ajoute Anne Boulo. Les Français de l’étranger n’ont pas toujours de pétrole, mais ont des idées.
Le site de Français de l’Étranger Ensemble