Non loin du “pink wall” de Paul Smith, véritable piège à instagrameuses, un nouvel objet attire l’attention : une sculpture géante de glace jaune, en vitrine de la galerie de street art 5 Art Gallery sur Melrose Avenue.“Le 5 est notre chiffre porte-bonheur, on s’est rencontrés et mariés un 5”, rappellent les propriétaires Jean-Jacques et Julie Darmon.
Pour se distinguer des galeries qui mettent en avant le street art, comme Beyond The Streets ou Avenue des Arts, le couple de Parisiens représentent onze artistes français qui cartonnent dans l’Hexagone, mais encore méconnus aux Etats-Unis. L’objectif ? Montrer “des choses inédites”, mais également complémentaires. “Nous voulons que chaque artiste amène quelque chose de nouveau, de frais”, répète Julie Darmon, qui partage avec son mari une passion criante pour les oeuvres colorées.
Ainsi, différentes techniques sont explorées : la sculpture géométrique de Richard Orlinski, la calligraphie égyptienne et chinoise via les tampons de l’Atlas, les superpositions de photos taguées par Christophe Catelain, les graffitis avec une esthétique imprégnée de Marvels pour Pro176. Pour autant, tous leurs artistes partagent un point commun : “ils viennent de la rue, ont débuté en taguant des tramways”.
“Depuis notre arrivée, nous avons aussi des artistes qui nous ont sollicité. On expose désormais le graffeur américain Risk, l’artiste française installée à L.A Lisa Sartor et la Russe Elena Bulatova”, précise Jean-Jacques Darmon, 48 ans, qui se réjouit de la démocratisation de cet art. “Aujourd’hui, le street art est sur toile, Basquiat atteint des records aux enchères; et l’Atlas fait des collaborations avec des marques comme Guerlain.”
Un changement de toile
Insatiables sur le sujet, les patrons des lieux ne sont pourtant pas du sérail. “Nous avions le rêve de nous installer aux Etats-Unis. La grisaille parisienne, ce n’était pas pour moi”, lâche Julie Darmon, 35 ans, qui travaillait dans l’événementiel. Elle en avait également assez de voir son mari accumuler les oeuvres d’art “qui recouvraient le sol de notre maison, faute de place sur les murs”. “Et pourquoi pas monter une galerie ?”, se demandent-ils alors. “D’autant que nous nous sommes rencontrés via un ami qui tenait une galerie”, se rappelle Julie Darmon.
Passionné de Matisse, Picasso, Roy Lichtenstein depuis belle lurette, le fils de l’homme d’affaires Jean-Claude Darmon, qui a fait fortune dans la commercialisation de panneaux publicitaires dans les stades, a commencé à collectionner les tableaux il y a 20 ans, avec un Robert Combas.
Ensemble, ils veulent alors monter un concept-store, un “Colette” mais avec des oeuvres d’artistes de rue en plus. “Mais le marché parisien est tendu”, avoue Jean-Jacques Darmon. Sans compter que leurs proches se montrent méfiants. Ils vont avoir le déclic de l’expatriation lorsqu’une maladie frappe le quadragénaire, qui frôle la perte de l’usage de ses jambes.
Après 15 années dans le “sport marketing”, notamment dans la prolifique entreprise familiale, Jean-Jacques Darmon décide qu’il est temps de se jeter à l’eau. “Partir à Los Angeles est un challenge, et d’autant plus quand on se lance dans un milieu qui est nouveau. Mais ce n’était pas un investissement aussi gros que de lancer un restaurant.”
Malgré les “bonnes énergies de L.A propices au business”, l’arrivée, en août, se complique. Ils rencontrent des difficultés pour trouver un lieu dans leur budget et n’ont pas de “credit score” à montrer. Ils briment alors leur rêve de grandeur pour l’espace actuel de la galerie de 140m2, situé non loin de Beverly Hills.
Après avoir présenté leur univers, les novices veulent passer à l’étape supérieure, et présenter des shows en solo. “On inviterait un artiste et lui proposerait de faire une démonstration sur un mur”, explique Jean-Jacques Darmon, qui voudrait en faire tous les deux mois. Ils s’affairent également pour faire connaître leur galerie : après une inauguration réussie le 17 mai, ils vont investir les foires d’art, telles que le L.A Art Show, et miser sur de futures collaborations avec des marques.
0 Responses
Quelle horreur ! Passer d’une ville avec la personnalité de Paris a une ville aussi inodore que LA est stupéfiant !