Pour sa réouverture, la nouvelle exposition du De Young museum réunit l’Américain Calder et l’Espagnol Picasso, pour une conversation croisée sur la modernité. Contemporains l’un de l’autre, le parallèle entre Alexander Calder (1898-1976) et Pablo Picasso (1881-1973) est vraiment mis en évidence par la muséographie de cette exposition. On y suit de façon chronologique les moments marquants de leurs vies d’artistes qui les ont amené à sans cesse questionner leur cheminement artistique et explorer de nouveaux horizons.
Calder et Picasso ne se sont rencontrés qu’à trois reprises, et pourtant, l’exposition donne l’illusion que les deux artistes sont de vieux amis. En 1926, Calder quitte New York pour s’installer à Paris et y créer le Cirque Calder, un ensemble de 200 personnages en fils de fer, que l’artiste américain sculpte à merveille. Picasso, lui, dépeint les arts du cirque depuis sa période rose (1904-1906), et on peut admirer au De Young sa toile baptisée “L’acrobate” (1930).
En 1930, Calder visite l’atelier du peintre abstrait Piet Mondrian. C’est un tournant dans sa carrière, puisqu’il se lance alors dans l’art non figuratif. Il s’agit désormais de “capturer le vide”. Picasso lui se tourne vers le cubisme et le surréalisme. Tous deux bousculent les codes de la peinture et de la sculpture.
Calder et Picasso se rencontrent pour la première fois à Paris en 1931, à la galerie Percier à Paris où expose le sculpteur américain. Calder introduit une notion de dimension et de mouvement dans ses peintures en positionnant des petits objets flottants ou rotatifs devant des toiles, précurseurs des mobiles qui ont fait sa renommée.
L’exposition universelle de 1937 réunit les deux artistes : Picasso y présente “Guernica”, tandis que Calder y installe sa “fontaine de mercure”.
Leurs chemins se distinguent plus nettement après la Deuxième guerre mondiale : tandis que Calder produit des mobiles de plus en plus complexes, ainsi que des sculptures monumentales, Picasso opte pour la déconstruction : un coup de crayon de plus en plus épuré, une approche symbolique et minimaliste de thèmes comme la mort ou la vie dans ses oeuvres.
Malgré l’absence d’audioguide, l’exposition Calder Picasso est très didactique et le parallèle entre les deux artistes à travers leurs oeuvres rend leur association complètement évidente. A ne pas manquer !