Combo, Jaeraymie et Raphael Federici, trois artistes de rue parisiens, sillonnent les États-Unis afin de réaliser leur projet artistique « Excuse My Fresque ». Durant trois mois, les trentenaires apporteront leurs touches, souvent engagées, aux murs américains, espérant ainsi susciter des réactions de la part de la population locale.
Connus pour leurs collages décalés aux slogans loufoques, exposés sur les murs de Paris durant la campagne présidentielle française en 2017, les artistes de rue ont débuté leur aventure américaine en posant leurs valises à Miami. « C’est l’une des villes des États-Unis où l’art contemporain est le plus répandu, notamment dans le quartier de Wynwood, qui est en quelque sorte la Mecque du street art », raconte Combo qui est passé du graffiti à l’art de rue après avoir été diplômé d’une école des Beaux-arts à Nice. « Souvent idolâtrés, les États-Unis sont par ailleurs connus pour être un pays où la liberté d’expression est totale, c’est également ce que nous sommes venus vérifier », ajoute l’artiste plasticien Raphael Federici.
Armés de bombes aérosols, de pinceaux et de pochoirs, les trois Français se sont accaparés certains murs de la ville. Sur une salle de sport notamment, « Black Superman », une fresque colorée mettant en scène Mohamed Ali et Superman, a déjà pris forme. « Je fais référence à un comic book des années 1970 dans lequel le boxeur américain salue le super-héros, sauf qu’ici, c’est Mohamed Ali qui est Superman », explique Jaeraymie, adepte du collage et du pochoir. « Il s’agit d’un message sur la lutte contre les discriminations, saluant le combat politique du sportif en faveur des droits civiques ».
Le racisme, la guerre et les armes, ou encore la place des femmes dans la société sont autant de sujets abordés par ces jeunes street-artistes français. « Nous nous sentons concernés par ce qui se passe aux États-Unis, il était donc important de nous confronter à la réalité de ce pays, insiste Combo. Et au travers de nos actions, nous voulons essayer de transcender l’indifférence de certaines personnes ».
Financé grâce au crowdfunding, leur projet « Excuse My Fresque » a ainsi récolté près de 10.000 euros. « Nous avons simplement voulu faire appel à nos proches, sans demander de financement auprès d’institutions, afin de pouvoir garder une liberté de ton et ne pas être censurés », souligne Combo qui indique que leur aventure artistique fera par ailleurs l’objet d’un documentaire. Elle devrait se poursuivre à Los Angeles et à New York.