“La vie continue. Je me suis engagé dans la non-violence et pour les autres.” Junior Nzita est un ancien enfant soldat. Il n’a qu’onze ans et demi quand il est kidnappé à la fin des années 90 par des militaires au Congo alors qu’il effectuait ses études loin de sa Goma natale, dans le Nord Kivu.
Invité mardi par la Mission Française à l’ONU et Sabine Grandlin, professeure documentaliste de l’École Internationale de New York (EINY), il est venu parler de son nouveau combat, pour la paix cette fois, à des élèves de 5ème et 6ème de l’école franco-américaine.
“Quatre-vingt-dix pour cent de ces enfants soldats deviendront des décideurs, explique le jeune homme. Nous ne voulons pas mener une politique d’assistanat, mais nous souhaitons les sensibiliser. Nous voulons que ces enfants deviennent autonomes.”
Pour les aider, il a fondé l’organisme Paix pour l’enfance. Son but : réinsérer les enfants soldats, qui vivent dans des lieux précaires ou qui ont connu des problèmes familiaux. “Nous avons fait de la réinsertion pour ses enfants au sein de leur propre famille. Nous prenons en charge actuellement 140 enfants .” L’organisme offre des soins à ceux qui ont vécu des chocs traumatiques. Composé de bénévoles, il monte aussi des conférences autour du thème “Qu’est-ce qu’un enfant soldat ?” .
Les élèves de l’EINY ont profité du passage de Junior Nzita pour lui remettre un chèque de 800 dollars pour l’association. “Bourreaux ou victimes? ” demande un élève dans la salle. “Victimes. Car tous les enfants ne sont pas des bourreaux. Ce ne sont pas les enfants qui portent les armes mais les bourreaux qui leur en font porter” , poursuit-il.
Il espère que d’autres enfants suivront le même chemin que lui, en abandonnant la violence. “Il fallait faire face aux préjugés et à la discrimination pour s’intégrer dans une société qui présente les enfants soldats comme des criminels. Je devais faire preuve d’actes positifs pour montrer à cette communauté que les enfants soldats ont encore une place au sein de la société.” Junior Nzita n’a pas vécu son combat seul. “J’ai eu le soutien d’amis et de ma famille adoptive qui m’a permis de reprendre les études.” Un message qu’il transmet partout dans le monde. Il était à l’ONU, mercredi, pour parler de son expérience.