Le théâtre dans la langue de Molière vous manque ? La semaine prochaine, la troupe francophone Euro-Théâtre fait son grand retour sur les planches pour y jouer sa nouvelle pièce « la Zizanie au Consulat ». Écrite par son producteur et metteur en scène Jean-Louis Darville, cette comédie met en scène de «façon fictive » le consulat de France à Los Angeles, et joue avec humour sur les stéréotypes franco-américains.
« C’est un véritable luxe pour les expatriés français de pouvoir rire au théâtre dans leur langue”, estime Jean-Louis Darville, lui-même comédien, passé par le Cirque du Soleil et l’Actors Gang, et installé depuis vingt ans aux Etats-Unis. “L’humour est une part importante de notre patrimoine auquel nous sommes tous attachés». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a fondé en 1998 sa propre troupe de théâtre francophone. « Tout a commencé avec une pièce de Ionesco que j’avais décidé de monter en français avec une amie actrice, Lisa Forté » (ndlr : toujours comédienne au sein de la troupe) au Stages Theatre. Nous avons fait salle comble et avons vite compris qu’il y avait une réelle urgence à créer un théâtre professionnel français à Los Angeles ». A part le théâtre Raymond Kabbaz du Lycée Français, l’offre est en effet limitée dans la Cité des Anges.
La troupe qui se produira à l’Assistance League Playhouse du 13 au 16 décembre prochain, compte dix comédiens professionnels tous francophones, dont la plupart ont quitté l’Hexagone pour tenter leur chance à Hollywood. Leur spécialité : la comédie, des Précieuses Ridicules de Molière à Dormez Je le Veux de Feydeau, en passant par Le Père Noel est une ordure ou encore Les Fables de la Fontaine. « Il y a une spécificité de l’humour français. Il est peut-être plus grinçant, plus vache. Les happy endings sont rares. D’ailleurs, il y a certainement des choses qui échapperont aux américains qui vont venir voir la pièce (ndlr : la pièce est sous-titrée en anglais)», souligne Jean-Louis Darville.
Une invention de toutes pièces
Nouveauté par rapport aux années précédentes : les comédiens joueront une pièce écrite par leur propre metteur en scène. L’histoire : après avoir égaré des passeports, ce qui donne lieu à un scandale médiatique, le Consulat de Los Angeles reçoit la visite de l’un des inspecteurs consulaires les plus coriaces de France. L’équipe du consulat va tout faire pour l’empêcher de mener à bien son enquête. “J’ai situé l’action au consulat un peu par hasard car je voulais que la pièce se déroule sur un lieu de travail, dans un contexte français à Los Angeles. Or il n’y a pas beaucoup d’autres entreprises qui réunissent autant de Français que le Consulat, explique Jean-Louis Darville. Et puis c’est une institution à laquelle tous les expatriés sont attachés, qui les relie et sur laquelle ils ont tous un avis”.
Quant aux faits relatés dans la pièce, son metteur en scène répète à l’envi qu’ils sont complètement fictifs et qu’il ne s’agit en rien d’une critique du fonctionnement du consulat. “Tout est né de mon imagination. Ce n’est pas du tout une pièce polémique ni un règlement de compte politique. J’ai envoyé la pièce à lire au Consul. Il m’a dit qu’il n’avait rien contre mais qu’il ne pouvait pas nous soutenir car cela mettait en cause l’institution et ses salariés, ce que je comprends, ajoute le metteur en scène. L’idée de cette pièce, c’est surtout de pouvoir se retrouver entre Français expatriés et de passer un bon moment en riant de nous-mêmes et de nos travers. C’est léger, délicieusement franchouillard et sans prise de tête”.