Les Français ont “Le Père Noël est une ordure” , les Américains ont “Casse-Noisette”.
Tous les ans depuis 58 ans, c’est la même chose. Les tickets se vendent comme des petits pains et les files d’attente sont interminables. Plus d’un siècle après la naissance du ballet mené par la musique de Tchaïkovski, le spectacle de danse classique est devenu une tradition lors des très lucratives fêtes aux États-Unis.
Traditionnellement, “The Nutcracker” est lancé au lendemain de Thanksgiving et jusqu’au 31 décembre. Cette année, ce ne sont pas moins de dix versions qui sont jouées partout à New York. La plus célèbre est interprétée par le New York City Ballet, au Lincoln Center, qui en fait 45 représentations par an.
Mais “Casse-Noisette” n’a pas toujours été un succès. Joué pour la première fois à Saint-Pétersbourg en 1892, le spectacle, inspiré de l’oeuvre d’Alexandre Dumas “L’histoire d’un casse-noisette“, ne pas fait l’unanimité: il était jugé trop sombre et complexe. Ce n’est qu’en 1954, lorsqu’il est repris par George Balanchine au New York City Ballet, qu’il devient célèbre aux États-Unis. Sans doute parce que Balanchine a bien compris comment séduire le public américain. Il ne touche pas à la musique de Tchaïkovski, mais simplifie l’histoire et ajoute une touche de cette fameuse “magie de Noël” made in USA. “L’histoire était parfaite pour la saison, témoigne Celia Baker, journaliste et critique d’art et de danse. Tous les ingrédients y étaient: des personnages légendaires, des décors féériques, un énorme arbre de Noël, des flocons de neige. Bref, tout le petit monde de Noël, le tout chorégraphié sur la musique de Tchaïkovski”.
“À partir de 1954, la version de Balanchine est interprétée chaque année à New York au moment de Noël. Au début des années 60, elle finit par se propager au reste des États-Unis et devient un classique des fêtes“, poursuit la journaliste. Dès lors, les spectacles de “Casse-Noisette” fleurissent dans tout le pays, des plus grandes salles de théâtre aux gymnases des écoles. Le phénomène devient aussi bien national que local. Résultat, les petites filles s’inscrivent dans des cours de danse classique pour devenir “La Fée dragée” et les garçons s’arrachent le rôle du prince “Casse-Noisette”, en attendant d’aller voir le spectacle à Noël. “Les compagnies de ballet l’ont bien compris. Casse-Noisette est un peu ‘la vache à lait annuelle’ qui attire les foules pendant les fêtes.”
Et s’ils y retournent tous les ans sans se lasser, c’est aussi parce que les chorégraphes savent faire preuve de créativité. Le noeud de l’action reste le même: une petite fille (Clara) délivre un prince (Casse-Noisette) d’une malédiction et l’aide à vaincre le Roi des Souris. Au fil des ans, les décors évoluent, les chorégraphies aussi. Outre la traditionnelle version de Balanchine, “Casse-Noisette” a laissé place à d’innombrables déclinaisons, chaque version ayant ses propres mise en scène, chorégraphie et interprétation. “J’emmène mes enfants voir le spectacle tous les ans, confie Nora James, une maman new-yorkaise. Ça fait partie des traditions de Noël. C’est comme le sapin, les cadeaux, la bûche… Bref, c’est Noël!“.
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Cette annee le role de Clara dans le spectacle du casse-noisette du NYCB est joue par une petite franco-americaine, Rommie Tomasini. Allez-la voir! elle est fantastique. Bravo Rommie!