Revue de presse. Cela fait six mois. Six mois que François Hollande est au pouvoir. Pour tirer le bilan de ce début de quinquennat, il a tenu à l’Elysée une conférence de presse qui n’a pas échappé à la presse américaine.
« Le Président français défend son style de tortue » pour le Boston Globe. « Hollande répond aux critiques, demande à être jugé dans cinq ans », titre Businessweek, « Hollande défend son bilan », raconte le site d’information financière Dow Jones. Le Wall Street Journal saute sur l’occasion pour rappeler que le président socialiste est en mauvaise posture dans l’opinion. “Ces derniers mois, M. Hollande a fait face à un barrage de critique de la presse française, de gauche et de droite“. Et d’ajouter : “Le zigzag perçu dans la politique économique de M. Hollande et l’économie lui ont coûté sa popularité”. Le quotidien cite un analyste financier : « Il est clair que M. Hollande peine à réconcilier l’approche temporisatrice de son parti avec les mesures sur le marché du travail et sur l’offre nécessaires pour réduire l’écart de compétitivité avec l’Allemagne ».
Le New York Times se demande pour sa part si “François Hollande peut apporter les changements dont la France a besoin ?”. Le journal compare le Président français à deux autres chefs de gouvernement européens : Mario Rajoy, premier ministre espagnol, et Mario Monti, chef du conseil en Italie. La réponse arrive assez vite. François Hollande est plutôt un Mario Rajoy: “Il a certainement commencé comme M. Rajoy. Pendant sa campagne, il n’a rien fait pour préparer la population aux sacrifices à venir. En effet, il a fait des promesses qu’il n’a pas pu tenir”. Le journal enchaîne en expliquant que François Hollande n’a fait que semer des “messages anti-entreprise (…), ce qui est exactement ce dont la France n’a pas besoin”.
Au New York Times, on pense que la France aurait besoin de mettre un terme aux 35h et de baisser le salaire minimum. “Malheureusement, ce changement n’est pas au programme”, note le journal, qui tempère sa déception en indiquant que d’autres mesures radicales pourraient améliorer la compétitivité. Hugo Dixon, auteur de l’article, termine son texte en évoquant un dîner entre amis à Paris. « L’un d’eux a dit qu’Hollande pourrait surprendre tout le monde en réalisant que la France changeante est aussi son opportunité historique, et qu’il montrera de l’audace à ce moment là. Nous devons tous espérer que c’est le bon jugement ».
Libertins, Egalité, Fraternité
On a craint le pire au moment de l’éclatement de l’affaire Petraeus, ce général américain, ex-directeur de la CIA, accusé de relation extraconjugale avec sa biographe. Le pire, ce sont ces articles dont la presse américaine raffole sur le puritanisme américain face aux mœurs libérées des Français. On a été servis.
C’est Matthew Fraser, professeur de communication à l’American University of Paris, qui s’y colle, dans un article posté sur le site de CNN. Son titre : “Les Français haussent les épaules face à l’affaire Petraeus”. « A chaque fois qu’une intrigue sexuelle est révélée dans les couloirs du pouvoir à Washington, les Français ne comprennent pas l’agitation. C’est impossible d’imaginer qu’un leader politique français démissionne à cause d’une aventure extra-conjuguale. Si cette règle était respectée, le Parlement français serait presque vide ».
Tous les présidents français sont allés voir ailleurs, poursuit Fraser, et cela ne gène personne. A la différence des Américains, « les Français sont matures et sophistiqués, jamais choqués ou titillés par la complexité des tentations de la vie”.
Mais ce commentaire aux traits un peu forcés tourne à une attaque en règle contre le système politico-médiatique français où règne « l’omerta » sur les frasques sexuelles des puissants. Et même contre la société française, décrite comme ayant « un rapport ambiguë à la vérité, et les journalistes français sont souvent indifférents à l’exposé de faits concrets ».
« Quand survient le thème des aventures sexuelles des hommes politiques haut placés, on peut compter sur l’indifférence des medias car les cercles politiques et médiatiques à Paris sont souvent intimement liés, professionnellement, socialement et sexuellement. » Et de conclure sur cette phrase qui tue: « Alors que la vie personnelle complexe de Petraeus émerge dans les medias, ne vous attendez pas à faire réagir les Français. Ils diront qu’ils n’ont pas vraiment envie de savoir. Pas étonnant. Quand cela se passe en France, on ne leur dit pas. »
La “bible de la gastronomie française” s’américanise
Le guide Michelin a changé de main ! Cette année, c’est l’Américain Michael Ellis, qui prend la tête du célèbre guide qui fait la pluie et le beau temps dans les cuisines françaises.
Le nouveau poste de cet Américain originaire du Colorado fait “désordre“. “L’idée qu’un Américain reprenne cette bible de la gastronomie française ne passe pas vraiment inaperçu”, annonce Colman Andrews, le rédacteur en chef d’un site d’information culinaire cité dans le Wall Street Journal.
Au moins, Michael Ellis est un amoureux de la France, et le crie haut et fort, comme pour prouver sa légitimité. « Marié à une Française et bilingue en français », il assure avoir « beaucoup d’amour et de respect pour la France et la plupart (…), des choses françaises et je pense que les Français m’apprécient pour ça », confie-t-il au journal. Les Français sont rassurés.
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“« Alors que la vie personnelle complexe de Petraeus émerge dans les
medias, ne vous attendez pas à faire réagir les Français. Ils diront
qu’ils n’ont pas vraiment envie de savoir. Pas étonnant. Quand cela se
passe en France, on ne leur dit pas. »”
Sauf quand c’est Rachida Dati