Est-ce à Montréal que se joue l’élection ? En tout cas, c’est dans la ville québécoise que Roland Lescure et Oussama Laraichi, les deux candidats arrivés en tête du premier tour du scrutin législatif en Amérique du Nord, entament leur campagne pour le second tour. Une ville que connaît bien le député sortant d’Ensemble pour y avoir vécu et travaillé avant son élection à l’Assemblée nationale en 2017, mais qui a largement plébiscité, à près de 50%, son adversaire du Nouveau Front populaire (NFP). L’un et l’autre, dans des entretiens téléphoniques séparés avec French Morning ce lundi 1er juillet, se disent prêts pour cette nouvelle campagne éclair. « On est au coude à coude avec Roland Lescure, ce qui est de bonne augure pour cette semaine » s’enthousiaste Oussama Laraichi; « une nouvelle élection commence et elle doit se faire projet contre projet », estime de son côté Roland Lescure, arrivé en tête du premier tour avec 38,8% des voix sur l’ensemble du Canada et des États-Unis, contre 36,1% pour le candidat de gauche.
En tête des attaques côté majorité présidentielle, les questions fiscales et économiques du programme du NFP, les « 14 tranches d’impôts sur le revenu avec un taux marginal de la tranche supérieure à 90% », « la progressivité de la CSG » ou encore « l’impôt universel dont parle toujours Jean-Luc Mélenchon » énumère Roland Lescure. « Justice fiscale ça ne veut pas dire taxation à outrance, rétorque son adversaire de gauche. En dessous de 4000 euros/mois, on paiera moins d’impôts. On a un programme économique très clair, chiffré, financé et soutenu par des économistes de renom », affirme le candidat NFP en évoquant la Prix Nobel Esther Duflo, qui a salué certaines mesures du programme. Quant à l’impôt universel, il ne sera pas mis en place, il ne figure pas dans le programme et j’y suis personnellement complètement opposé, le NFP également », assure encore Oussama Laraichi, qui n’hésite pas de parler de « faits alternatifs » et de « fausses informations » les allégations du député sortant.
Oussama Laraichi souligne l’unité de la gauche quand son adversaire reproche l’incohérence de l’union. « Je ne sais pas si le gouvernement du NFP mettra Marine Tondelier à l’Energie ou Sébastien Jumel », s’interroge celui qui occupe encore le poste de ministre délégué à l’Industrie et à l’Energie, pointant l’opposition au nucléaire de la secrétaire nationale des Ecologistes-EELV contrairement au député communiste sortant de Seine-Maritime qui y est favorable – pourtant tout deux candidats NFP. « Le programme, c’est notre consensus. C’est un programme ambitieux pour réparer la France, redonner le sourire aux Françaises et aux Français, un programme d’union, on n’a plus le temps pour les guerres d’égo et de regarder ailleurs » reprend Oussama Laraichi.
Sur un éventuel report des voix de droite sur la candidature Lescure et qui donnerait, mathématiquement, la victoire au député sortant, le candidat du NFP dit ne pas s’y résoudre. « L’écart national s’est considérablement réduit entre le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire, donc l’idée, c’est d’aller convaincre et d’expliquer qu’on est la seule alternative et que je peux faire partie de ces députés qui iront faire la différence à l’Assemblée nationale ». « Je n’ai pas vu de candidat éliminé qui s’est prononcé dans un sens ou dans l’autre, rien n’est gagné », tempère de son côté Roland Lescure.
Si les deux candidats se disent l’un et l’autre inquiets par la percée du RN (la candidate Jennifer Adam a remporté 10,7% des voix au premier tour en Amérique du Nord, avec des scores plus élevés encore en Floride, au Texas et à Québec), chacun l’analyse évidemment de façon différente et se pose en alternative. « La macronie, qui s’est donnée comme faux combat de combattre l’extrême droite et elle nous mène aujourd’hui droit dedans, déclare Oussama Laraichi. Si les Françaises et les Français en ont marre de cette classe dirigeante qui les a méprisés durant 7 ans, il y a une alternative, c’est ma suppléante Morgane Rolland et moi. »
Ce lundi, férié au Canada pour cause de fête nationale – ce sera jeudi aux États-Unis -, Roland Lescure prévoyait d’aller vivre le match France-Belgique de l’Euro avec la communauté française avant une réunion zoom de lancement de campagne dans la soirée. Oussama Laraichi lui compte tracter dans les rues de Montréal et organiser des évènements militants – « l’heure est assez grave aujourd’hui, en tant que candidat, je n’ai pas le temps à perdre à regarder un match de foot » dit-il. Deux campagnes au style bien différent mais avec la même promesse des candidats : en cas de victoire au second tour, ils seront des députés de le terrain, proches des Français d’Amérique du Nord. Ils n’ont que 48 heures avant l’ouverture du vote électronique dès ce mercredi matin 3 juillet. Oussama Laraichi rentrera chez lui à Chicago jeudi soir pour y voter samedi, Roland Lescure reprendra lui un avion pour Paris dès mardi soir pour un Conseil de Défense.
Les réunions d’Oussama Laraichi :
Zooms de campagne de Roland Lescure :