A New York, les parents américains souhaitant voir leur rejeton devenir bilingues en français se retroussent les manches. Pas facile, en effet, d’épauler la scolarité de son enfant dans une langue que l’on ne maîtrise pas.
Sarah Voisine, une maman de deux petites filles inscrites dans un programme bilingue français – anglais à Brooklyn, connaît ce genre de difficultés. Si cette Américaine originaire du Nevada aime l’idée que ses enfants soient bilingues, elle se retrouve perdue quand vient l’heure des devoirs.
“Je ne suis pas en mesure d’aider vraiment mon aînée, Auden. Je peux lire des livres pour enfants en français, mais pas plus, explique-t-elle. Mon mari, lui, ne parle pas du tout cette langue. Du coup nos enfants se moquent de lui.” Le grand-père paternel de Sarah Voisine était un Canadien francophone mais l’apprentissage du français n’est jamais arrivé jusqu’à elle. “Mon père ne nous l’a pas transmis“, se désole-t-elle. Aujourd’hui, elle raconte se sentir démunie lorsque ses filles l’appellent “Maman” et non “Mom”, “car cela veut dire qu’elles veulent que la conversation soit en français“.
Le choix d’inscrire leurs enfants dans une école à programme français peut paraître étonnant de la part de parents ne maîtrisant pas la langue de Molière. Mais à New York, les programmes bilingues anglais – français attirent expatriés comme familles américaines. Dix écoles publiques, dont PS 110, dispensent des cours bilingues. Un véritable boom du “French” que l’Ambassade de France et la fondation FACE ont décidé d’appuyer en annonçant la création d’un fonds de 100.000 dollars pour ce genre de programmes aux Etats-Unis.
Pourtant, l’exemple de Sarah Voisine illustre un paradoxe : les petits Américains perçus comme de futurs ambassadeurs du français ne sont parfois pas en mesure d’entretenir leur niveau une fois rentrés à la maison. Or, comme le rappelle le psycholinguiste François Grosjean dans le Huffington Post, “les enfants sont terriblement pragmatiques lorsqu’il s’agit de langues. S’ils ont réellement besoin de deux ou de plusieurs langues, ils deviendront bi- ou multilingues; si le besoin s’estompe, ils retourneront au monolinguisme“. A cela, s’ajoute la difficulté de poursuivre un tel enseignement sur la durée. A New York, seuls trois collèges publics proposent un programme bilingue français – anglais, ce qui représente une soixantaine de places.
Pour l’instant, les deux francophones en herbe, Auden, 10 ans, et Linnea, 6 ans, suivent un enseignement alterné à l’école PS 110, à Greenpoint : un jour en français, un jour en anglais. Leur mère les a également inscrites à des sessions extra-scolaires au cours desquelles des discussions sont organisées entre une classe à New York et une classe en France. Durant ces sessions, “les enfants américains échangent leurs impressions sur la vie de l’école avec les Français“, explique Sarah Voisine. Une manière pour elle de pallier le fait qu’elle ne puisse guère chaperonner les devoirs de ses filles.
“On se sentait comme des outsiders”
Plus à l’ouest dans Brooklyn, Jolene Poydar connaît, comme Sarah Voisine, cette situation d’impuissance. “Je ne peux pas aider mes fils dans leurs devoirs“, admet cette maman de jumeaux de 9 ans, Billy et Felix, inscrits à PS 58, à Carroll Gardens. Les deux petits garçons ont suivi dès la maternelle un enseignement 100 % francophone. “C’est l’unique maternelle qui les a acceptés. Nous étions alors les seuls parents d’élèves exclusivement américains, on se sentait comme des outsiders, c’était fou. Désormais, mes enfants font partie du groupe des francophones alors qu’ils n’ont aucune origine française.”
Dépassée par le niveau de ses fils dans une langue qu’elle ne connaissait pas, Jolene Poydar a commencé à prendre des cours de français il y a trois ans, “mais ce n’est pas suffisant“, dit-elle. Elle a par ailleurs embauché une baby sitter française deux fois par semaine.
Kate Dautrich, elle, a repensé son quotidien. Enthousiasmée par cet apprentissage, elle suit des cours de langues, part en vacances dans l’Hexagone et accueille des étudiantes françaises chez elle. “Je veux que le français ait un sens dans le quotidien de mes enfants, Wyeth, 9 ans, et Wynnie, 6 ans“, dit-elle. Elle participe aussi deux fois par semaine à des ateliers initiés par les parents d’élèves à l’école PS 133 de Park Slope : un parent anglophone fait la lecture aux enfants français et vice versa.
Surtout, cette maman a choisi de miser sur la différence entre son niveau de français et celui de ses enfants pour motiver ces derniers. “Je leur dis que grâce au français, ils peuvent parler de mon mari et moi devant nous sans qu’on les comprenne“, lance, avec un regard rieur, celle qui se dit “fière mais jalouse” de ses enfants. “C’est comme un super-pouvoir.”
Un super-pouvoir qui pourrait à terme être détenu aussi par les parents. C’est en tout cas l’idée d’une maman française qui donne, à l’école PS 110, des cours de français le soir en dehors de l’école… pour les parents anglophones. Autre initiative prometteuse pour ceux souhaitant apprendre cette langue en même temps que leurs petits : à l’école privée Science, language and arts, une association de parents et d’enseignants a mis sur pied il y a quelques années des cours occasionnels de français pour les parents sur demande des Américains. A partir de cet hiver, cette école débutera par ailleurs des cours hebdomadaires pour adultes.
0 Responses
Le bilinguisme est un merveilleux cadeau pour nos enfants
mais apprendre une autre langue peut s’avérer difficile surtout lorsqu’on ne
maîtrise que peu ou pas le français soi-même. Pour vous aider à faire
progresser vos enfants (et vous même !) en français grâce à des cours
académiques ou ludiques, vous trouverez sur MyTutorSpeaksFrench.com des tuteurs
bienveillants et expérimentés qui sauront vous faire partager la beauté de la
langue de Molière.
C’est gentil
Mes enfants sont bilingues français anglais ce qui les a avantagé dans leurs études et leur a permis d’apprendre plusieurs autres langues et d’étudier à l’étranger. Ma fille parle maintenant l’espagnol et l’allemand parfaitement.
Bonjour
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