Après avoir conquis le public français, le film « La Tête haute » (“Standing Tall”), réalisé par Emmanuelle Bercot, sera diffusé dans plusieurs salles américaines dès le vendredi 1er avril. Un film touchant qui nous plonge dans le milieu de la justice des mineurs.
« En tant que citoyenne, je m’intéresse à la société dans laquelle je vis », déclare Emmanuelle Bercot venue présenter son film dans le cadre du festival Rendez-Vous with French Cinema à New York. « J’étais très curieuse de savoir comment on en venait là, dans la délinquance, à dériver à un âge où on est censé être protégé par les adultes ».
On suit Malony, un enfant originaire de Dunkerque de ses 13 à 18 ans. Élevé par une mère complètement irresponsable, le jeune sombre rapidement dans la délinquance et ne parvient pas à s’en sortir malgré l’aide de sa juge (Catherine Deneuve) et de son éducateur (Benoit Magimel). Petit à petit des liens se créent dans ce trio hors du commun.
“On affirme souvent que le cinéma social disparait en France. Cette année, c’est plus difficile à dire quand on voit les films qui ont été primés aux Césars” , poursuit la réalisatrice, qui a aussi réalisé « Mon Roi » et co-écrit « Polisse ». L’édition 2016 a, en effet, été marquée par la nomination de plusieurs acteurs novices, dont Soria Zeroual du film “Fatima” mais aussi de Rod Paradot qui prend le rôle de Malony dans le film d’Emmanuelle Bercot.“Quand on joue avec des adolescents, on est obligés de faire un casting sauvage. Nous avons trouvé Rod Paradot dans le lycée industriel d’un quartier difficile”.
Un choix qui s’est avoué judicieux car le jeune acteur a reçu le prix du meilleur espoir masculin lors de la cérémonie des Césars. “Rod est très loin du personnage qu’il incarne, il y a eu beaucoup de travail pour lui et pour moi aussi. Ce prix est une belle récompense pour tout ce chemin parcouru, pour lui, pour moi et pour toute l’équipe”. Benoit Magimel a, lui, reçu celui du meilleur acteur de second rôle.
“Si les gens vont le voir aux Etats-Unis, j’en serai déjà ravie, je sais que la carrière des films français n’est jamais gagnée aux États-Unis, je souhaite que le public qui continue à aller voir des films d’auteurs étrangers soient curieux de découvrir ce monde de la justice des mineurs qui est très spécifique mais qu’on ne connait pas. Ni en France, ni ici.”
Même si la réalisatrice adore les Etats-Unis, elle ne s’imagine pour l’instant pas commencer une carrière ici. “J’ai beaucoup de mal à m’attaquer à des univers ou des sujets que je ne connais pas parfaitement. Même filmer dans New York me poserait problème car je ne connais pas bien la ville et il y a des gens qui le font déjà tellement bien. Mais après tout si j’avais la chance de faire un stage ici comme je l’ai fait en France pour préparer le film, je ne me sentirais pas illégitime. Les États-Unis sont un mythe tellement fort que c’est un peu intimidant mais c’est aussi très excitant” .