Snoopy et Félix le Chat exposés dans une galerie d’Upper East Side, c’est plutôt inattendu. Mais Emmanuel Perrotin aime surprendre.
Après avoir mis en sommeil sa galerie gigantesque (1.300 mètres carrés) de Miami (voir article de French Morning ici), il a inauguré en septembre dernier sa première galerie à New York dans un esprit totalement différent. Il y accueille jusqu’au 21 décembre l’artiste Brooklynien Kaws.
Cette ouverture sur Madison Avenue en plein Upper East Side, et non à Chelsea comme on aurait pu s’y attendre, “est une manière de nous démarquer” explique-t-il. “Nous travaillons pour les artistes” et cet espace aux volumes réduits leur permet de garder une liberté de format. Dans de grands espaces, “ils sont poussés à fournir des oeuvres colossales”.
Par ailleurs, ce choix de Madison Avenue permet à la galerie Perrotin de faire venir les meilleurs collectionneurs américains. La galerie ne s’est pas mise dans un périmètre “de passage” et “on n’y rentre pas par hasard”.
Emmanuel Perrotin suit depuis longtemps le travail de Kaws puisqu’il a déjà exposé cet artiste dans ses galeries de Paris, Miami et Hong Kong.”J”aime beaucoup son évolution” explique-t-il. Enfant du street art, “il a su faire évoluer son travail pour devenir un artiste de galerie“. Dans cette exposition, les références à la bande dessinée sont plus indirectes, et sa précision et ses talents de coloriste sautent aux yeux.
Un défaut peut-être ? Ses nombreux fans, un peu encombrants… “Il est difficile de gérer leur affluence, raconte Emmanuel Perrotin: ils s’invitent aux vernissages, prennent des photos et les postent immédiatement sur les réseaux sociaux. Lors de la dernière exposition consacrée à cet artiste à Paris, l’atmosphère était tellement irrespirable qu’on a dû ouvrir les fenêtres”.
Si Kaws a commencé sa carrière à New York dans les années 90 en semant ses graffitis sur les murs et en détournant des affiches publicitaires, il connait aujourd’hui un grand succès, tant aux Etats-Unis qu’en Europe et en Asie. Ancien collaborateur freelance des studios Disney, son univers “pop art” est peuplé de personnages récurrents, réinterprétant ou s’inspirant souvent d’icônes de la culture populaire (Mickey, Hello Kitty, Bob l’Eponge, le Bibendum Michelin, les Simpson…).
Son travail est décliné sur des supports très divers : toiles, sculptures, mais aussi “art toys” (généralement fabriqués en quantité limitée et vendus en quelques heures), packagings, couvertures d’albums (Kanye West) ou produits en collaboration avec des marques (Nike, Vans) ou de grands noms du luxe (Colette, Comme des Garçons, Marc Jacobs).
Kaws navigue donc avec succès entre oeuvre d’art et produit et la presse ne manque pas de le comparer à de grands noms tels qu’Andy Wharol ou Keith Haring.
En parallèle à cette exposition de toiles, Kaws expose également d’impressionnantes sculptures géantes à la Mary Boone Gallery à Chelsea.
Quant à la Galerie Perrotin, elle souhaite s’inscrire dans une dynamique internationale mais on peut noter qu’elle prévoit de consacrer des expositions aux Français Germaine Richier en avril et Pierre Soulages en mai.