Les pique-assiettes craignaient le pire : ils avaient raison. Le « sérieux » budgétaire et la « présidence normale » ont eu raison du champagne dont ils ont pu se délecter en septembre 2009, lors du pince-fesses de Nicolas Sarkozy pour les Français de New York.
Profitant de son premier déplacement en tant que chef de l’Etat à l’Assemblée générale des Nations Unies, François Hollande a tenu réception en l’honneur des Français de la ville, mardi, au Roseland Ballroom – littéralement “la terre de la rose”, ça ne s’invente pas. On était bien loin de la réception à deux millions d’euros organisée par l’ancien locataire de l’Elysée au Manhattan Music Center il y a trois ans. Salle plus petite, invités moins nombreux, François Hollande est monté sur scène sans être annoncé, prenant son public par surprise: “Il n’y avait pas la possibilité de trouver une salle plus grande“, s’est-t-il excusé. Conséquence ou pas de cette austérité, l’ambiance était aussi nettement moins enflammée. Le Président a pu faire son discours sans être interrompus par les applaudissements.
Devant plusieurs centaines de Français, François Hollande a résumé son discours, prononcé le matin même, devant l’Assemblée générale des Nations Unies: la menace terroriste dans le nord-Mali, la Syrie et la création d’une taxe sur les transactions financières. Il a parlé “relations franco-américaines“, “zone euro“, “redressement de la France” et vanté les mérites de la communauté française de New York, près de 50.000 inscrits sur les listes consulaires (pour New York, le New Jersey et le Connecticut). “Un peu plus que la Corrèze, c’est dire si ce que vous représentez est significatif“.
Puis le discours terminé, l’atmosphère s’est réchauffée pour un exercice que l’ancien président du Conseil général de Corrèze affectionne toujours: le serrage de mains. Suivi de près de sa compagne Valérie Trierweiler, il a fendu la foule pendant une bonne heure. Sur son chemin, des félicitations, des encouragements, des demandes de photos. Et des noms familiers, comme celui de cette Corrézienne à qui François Hollande envoie ses amitiés:
Quelques critiques aussi, notamment sur la fin de la prise en charge des frais de scolarité (PEC) dans les lycées français, que certains parents et chefs d’établissements ont jugé trop abrupte. “La gratuité était une fausse bonne idée“, lance-t-il à deux expatriées, qui l’ont interpellé sur le sujet, munies d’un verre de rouge. “Bon, vous reviendrez quand même en France?“, leur sourit-il, avant de serrer d’autres mains.
Dans une circonscription qui a largement voté Sarkozy au second tour de la présidentielle (59% contre 41%), le socialiste n’avait pas que des admirateurs dans la salle. “Il ne m’engage pas. Il est à peine à la hauteur d’un directeur-adjoint de société de seconde zone“, juge Jean-Sébastien, producteur. “Je ne me sens pas concernée du tout par ce qu’il dit“, lance sa voisine.
“Réaffirmer un certain nombre de principes comme il l’a fait, en particulier une taxe sur les transactions financières, devant la communauté francaise de New York, composée de gens dans la finance, politiquement, c’est courageux, souligne Pierre, en recherche d’emploi. J’aime bien mon président“.
Alexis Buisson et Emmanuel Saint-Martin