C’est dans le quartier de SoHo, dans une chambre du très chic Mercer Hotel, que le rendez-vous a lieu. Jupe noire, pull ajusté. Un col claudine amovible complète la tenue. Catherine Deneuve arrive, décontractée, sourire aux lèvres. Elle ouvre la fenêtre : “Je fume” explique-t-elle.
Ni une ni deux, la première cigarette est allumée. Une Philip Morris slim. “Je ne comprends pas pourquoi les journalistes ne peuvent pas écrire sur le film sans m’interviewer. Écrivez sur ce que vous avez vu ! Mais bon, ça fonctionne comme ça désormais”, lance-t-elle aux journalistes venus l’interviewer.
Dans «Elle s’en va », elle interprète Bettie, une femme d’une soixantaine d’années vivant chez sa mère, ancienne Miss Bretagne, à qui l’on rappelle, sans cesse, sa beauté d’antan. Le parallèle entre la fiction et la réalité était trop tentant. Certains journalistes vont jusqu’à qualifier le film d’Emmanuelle Bercot de documentaire sur Catherine Deneuve.
Cette comparaison étonne l’actrice : “La vie de Bettie est si éloignée de la mienne! Elle ne me ressemble vraiment pas. J’adore ma mère mais je ne retournerai vivre chez elle pour rien au monde. J’ai quitté la maison de mes parents à 17 ans! Ce n’est pas pour y retourner maintenant!” . Un journaliste lui demande si, comme Bettie, elle souffre d’avoir été si belle plus jeune, elle répond sans détour : “Ma vie est incomparable à la sienne. À part son restaurant elle a peu de choses dans sa vie alors que j’ai une vie très active. Je n’arrête pas de tourner, je continue de faire des films”.
Avec “Elle s’en va”, Emmanuelle Bercot montre que la vie n’est en rien figée, qu’elle n’est, au contraire, que mouvement et qu’il suffit de se laisser porter. Gérante du restaurant familial en proie à des difficultés financières, abandonnée par son amant qui lui préfère une autre, Bettie coule et, lasse, elle part. Au départ, elle voulait juste s’acheter des cigarettes. Puis, le hasard des rencontres l’emmène vers l’inconnu, dans un voyage introspectif. Elle s’en va, oui, mais on ne sait ni où elle va ni quand elle va revenir. Qu’importe. Dans “Elle s’en va”, c’est le voyage qui compte, pas la destination.
“Je connaissais le travail d’Emmanuelle Bercot, c’est le script qui m’a convaincue” répond Catherine Deneuve lorsqu’on lui demande les raisons qui l’ont poussées à accepter le film. “Le script c’est le plus important dans un film” ajoute-t-elle. Véritable rôle de composition, elle crève littéralement l’écran en incarnant le personnage de Bettie. “Quand on interprète le rôle principal dans un film, ça demande beaucoup d’énergie. C’était un vrai challenge” indique l’actrice. Pari gagné. On en redemande.
“Elle s’en va” parle d’amour et d’espoir dans une tonalité résolument moderne. Les problématiques personnelles de Bettie aussi bien en tant que grand-mère qu’en tant que femme se croisent et s’emmêlent, comme dans la vie.
Comme si son départ avait été le plus dur, Bettie s’autorise au cours de son voyage à reconsidérer sa vie et à questionner ce qui, jusqu’alors, lui apparaissait évident. Grand-mère et mère absente, elle accepte d’un coup de rendre service à sa fille et part chercher son petit-fils pour le déposer chez son grand-père pour les vacances.
Le road trip qu’elle avait commencé seule se transforme en une joyeuse aventure, partagée à deux. “J’aime beaucoup avoir la sensation de faire quelque chose de peu conventionnel, explique Catherine Deneuve. Quand Bettie part, c’est une sorte de délivrance pour elle. Elle redécouvre le goût de la liberté et surtout, que tout est possible à 60 ans” .
Avec une passion intacte pour le Septième art, Catherine Deneuve chérit, plus que jamais son métier “Si l’envie et la magie n’étaient plus là, j’aurais arrêté le cinéma depuis longtemps “. Bien entendu, elle a des projets pour la suite. Lesquels ? Elle ne sait pas encore. Elle n’exclut pas la possibilité de tourner à nouveau avec Emmanuelle Bercot mais tout cela “dépendra du script” .
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love it 🙂