Outsiders. C’est sans doute le mot que l’on retrouve le plus aujourd’hui dans la presse américaine. “Pour la première fois, en 59 ans d’existence de la Ve République, les deux candidats au second tour, ne sont pas issus des structures traditionnelles droite-gauche“, analyse le New York Times. “Ce vote montre un nouveau et profond clivage dans la politique française“. Dès les premières lignes de son article, Adam Nossiter, le correspondant à Paris rappelle: “Depuis la Seconde guerre mondiale, l’extrême droite n’a jamais été aussi proche de prendre le pouvoir en France“.
Fox News a choisi un titre choc ce matin: “L’élite française humiliée par la victoire de deux outsiders au premier tour de l’élection présidentielle“. Voilà qui a dû faire plaisir au téléspectateur n°1 de la chaîne, Donald Trump lui-même le candidat et président anti-establishment.
En Californie, le Los Angeles Times revient sur une campagne “historique“, “sans précédent“, avec “11 candidats dont un ancien gardien de chèvres, deux Trotskystes et un homme qui veut coloniser Mars“. Le Los Angeles Times qui prévoit deux semaines de campagne avant le deuxième tour en forme de “bataille pour l’âme de la France“.
Une bataille, note le New York Times entre “Emmanuel Macron, un novice en politique et Marine Le Pen, une exaltée d’extrême droite“. Le Washington Post parie sur une victoire d’Emmanuel Macron. Mais s’inquiète aussi des conséquences de son accès au pouvoir sans vraiment d’expérience. “Si Emmanuel Macron échoue à tenir ses promesses, elle pourrait gagner la présidentielle lors de la prochaine élection, dans cinq ans“.
Avec Emmanuel Macron au second tour, l’Europe a encore une chance, souffle le Washington Post: “Au moins l’Europe a évité le cauchemar d’une bataille Le Pen, Mélenchon. Même si les deux candidats viennent d’un spectre politique complètement différent, ils partagent la même hostilité vis à vis de l’Union européenne et de l’Otan“.
Du côté de la presse économique, le Wall Street Journal ne cache pas son soulagement. Avec Emmanuel Macron (candidat pro européen) au second tour, les marchés sont rassurés. Le journal note d’ailleurs une envolée de l’euro dimanche.
Mais si les indices économiques sont au beau fixe, l’agence Associated Press elle, remarque que la France reste totalement divisée deux semaines avant le second tour et cite les manifestations dimanche soir Place de la République: “La perspective d’un duel Macron-Le Pen suscite la colère chez une partie des Français. Des centaines de manifestants se sont rassemblés à Paris en chantant “Ni Macron, ni Marine!“. Ces manifestations au cours desquelles trois personnes ont été interpellées sont aussi aujourd’hui sur toutes les chaînes de télévisions américaines. CBS ouvrait d’ailleurs ce matin son journal avec les images de voitures incendiées. Le site “Breitbart News”, dont le président fut Steve Bannon, ami et conseiller du Président américain, évoque lui aussi en Une “les émeutes des gauchistes en colère“.
Le Washington Post réfléchit aussi à l’après second tour. Sur quelles forces le ou la présidente pourra-t-il compter? Le journal cite Marc-Olivier Padis, chercheur et directeur du Think Tank Terra Nova: ” Que ce soit Macron ou Le Pen qui l’emporte, le vainqueur aura beaucoup de mal à gouverner. Ils n’auront pas de majorité à l’Assemblée nationale alors que nos institutions sont faites pour avoir une majorité en place“. Le chercheur français n’est pas très enthousiaste: “S’il n’y a pas de majorité derrière le vainqueur, la France perdra son rang au sein de l’Europe mais aussi sur la scène internationale et ne pourra plus se présenter comme un leader mondial“.