Ça nous est tous arrivé d’acheter un vêtement et d’être déçu quand on s’aperçoit que, quelques semaines plus tard, son prix a été divisé par deux durant des “sales”. Earny promet de faire disparaître cette frustration.
Lancée officiellement en avril 2016 aux Etats-Unis, cette application vous rembourse la différence en cas de changement de prix sur une période définie. Le concept plaît tellement que ses fondateurs ont annoncé, le 5 décembre, avoir levé 9 millions de dollars.
Derrière cette idée brillante, on retrouve un Français, Ilan Zerbib, et ses deux associés. “Les magasins disposent d’une “price protection” (qui garantit les prix) sur un mois, et les cartes de crédit offrent une extension de 2 à 4 mois, dit-il. Mais les consommateurs ne le savent pas forcément ou ont la flemme de faire ces démarches longues et compliquées. Earny automatise alors les remboursements à l’échelle des Etats-Unis. Et vous n’avez rien à faire pour réclamer votre argent.”
L’application, qui a accès à vos e-mails, et donc vos factures et e-tickets, traque les prix dans tous les magasins. Dès qu’un montant bas est détecté, le système envoie une réclamation au magasin (ou à la société de crédit). “Le prix d’un produit change 8 millions de fois et entre 5 et 10 fois par jour sur Amazon. Chaque année, il y a 50 milliards de dollars que les Américains devraient réclamer, et qui sont laissés sur la table”, relève Ilan Zerbib, qui se présente comme “l’avocat numéro 1 des consommateurs”.
Cette application gratuite (Earny prend 25 % sur les remboursements) est utilisée par une centaine de milliers de consommateurs. “L’objectif est d’atteindre le million d’utilisateurs dans les prochains mois”, avance le Français de 30 ans.
Cette aventure a démarré sur une autre rive. A la sortie de son école d’ingénieur parisienne, le Lyonnais décide de partir à Tel Aviv, “un mix entre L.A. et San Francisco”. Lors d’une soirée, il rencontre Dori Yona et Oded Vakrat, qui évoluent dans le marketing et cherchent un ingénieur. Les trois hommes décident de s’associer. Naîtra alors l’application sociale Hashsnap, “qui s’est transformée en app de dating”.
Pour la développer, ils s’expatrient à San Francisco en octobre 2015. Ils ont l’idée d’Earny quand Oded Vakrat achète une veste Zara à 100 dollars pour une soirée de networking. Quelques semaines plus tard, Dori Yona la trouve à moitié prix.
Ils vont concrétiser l’idée de l’app lors d’un challenge Mastercard, le Hackathon, où les ingénieurs sont invités à pitcher un prototype inédit en plusieurs dizaines d’heures. Ils triomphent et Mastercard investit dans ce projet.“Cela intéresse aussi les banques car les Américains possèdent, en moyenne, entre 4 et 6 cartes de crédit. L’objectif est qu’ils les utilisent, car l’institution prend un pourcentage sur les transactions”, assure celui que ses collègues surnomment “Lyon King”. Les trois associés réalisent alors une première levée de fonds de 3 millions de dollars.
Et il n’y a pas que la banque qui s’intéresse à eux. “Tombé amoureux d’Earny”, Mike Jones, le PDG de Science, un incubateur de start-ups et ancien de MySpace, les repère et les accueille dans ses locaux à Santa Monica. L’aventure continue.