Le chemin des crêtes du Pacifique, ou PCT pour les intimes, est un sentier de grande randonnée qui relie la frontière mexicaine à la frontière canadienne. Plus de 4240 kilomètres entre déserts, forêts, rivières et montagnes longent l’océan Pacifique et traversent les États de Californie, d’Oregon et de Washington. Voilà ce qui attend la Française Perrine Rambeau, installée au Nord de Sacramento, en Californie. Elle a pris le départ du sentier le 1er mai dernier avec son mari et espère le parcourir en cinq à six mois.
« Mon mari Nate vit en Californie et le PCT, c’est son rêve. J’ai quitté la France pour le rejoindre le 6 mars 2020, mais faux-départ, la Covid a contrarié nos plans. Nous partons donc avec une année de retard. C’est un peu notre lune de miel ! » explique Perrine Rambeau qui s’est mariée en 2019.
Si le PCT a été rendu célèbre par le film Wild dans lequel l’actrice Reese Witherspoon marche en solitaire et sans expérience, les amoureux ont déjà des milliers de kilomètres à leur actif et une préparation physique de plusieurs mois. Au programme : « renforcement des chevilles pour s’entraîner à marcher sur des terrains instables ou des rivières en crues, corde à sauter, hula hoop, marches et optimisation maximale du poids du fameux Big 3 : sac à dos, couchage et tente.” À cela, se cumulent “de nombreuses heures de recherches pour savoir où s’approvisionner en eau et en nourriture ».
Perrine Rambeau et son acolyte comptent marcher tous les jours, démarrer tôt le matin et parfois la nuit pour éviter les températures trop élevées. Ils savent les endroits où récupérer des colis envoyés en amont et comment repérer des « trails angels », des personnes qui utilisent des cachettes pour laisser de l’eau ou autres victuailles. Mais la Française tient aussi à laisser la place aux surprises et aux difficultés inhérentes à ce type d’expédition.
Sa motivation : une quête de temps et d’espace. Son envie : découvrir des paysages extraordinaires et s’ouvrir davantage. « Je me demande quelle personne je serai après, comment ce que l’on va traverser peut nous changer, comment les galères peuvent renforcer. Il y a quelque chose de transcendant » explique-t-elle. Et d’ajouter : « Le monde le plus vaste à découvrir finalement, c’est soi-même ».
Cette philosophie de vie, elle la doit à un burn-out professionnel en 2014. Un évènement qui fait éclater tous ses repères. Elle raconte : « Je travaillais dans le secteur du marketing et de la com’ pour une boîte internationale depuis cinq ans et puis mon corps a lâché… Je n’ai pas pu me lever, j’avais le cerveau en boucle, des pertes de mémoire. Il m’a fallu presque deux ans pour me remettre et me poser les bonnes questions. ». Afin de reprendre des forces et se nourrir de ce qu’elle aime, Perrine Rambeau décide alors de voyager et de partir à la découverte de nouveaux horizons.
Commence ainsi un périple qui la mène en Europe en 2015. La Sicile d’abord, où elle réalise un stage de volontariat international pour devenir « formateur jeunesse et reconstruction ». Copenhague ensuite où elle travaille sur un chantier de restauration de voilier. « J’avais besoin de faire quelque chose de manuel, de retrouver du sens et de renouer avec une certaine liberté d’esprit » confie-t-elle. Et enfin, là Grèce en sac à dos, où elle fait des rencontres alternatives qui la motivent à continuer.
En 2016, elle enchaîne par un aller simple pour la Nouvelle-Zélande. Elle y est fille au pair, apicultrice, peintre pour un restaurant… « Une véritable re-rencontre avec moi-même » sourit-elle. Elle vit en immersion avec ceux qu’elle côtoie et elle y trouve un amoureux américain en pleine balade ! Passionné également d’aventure, le couple reste en contact et se retrouve pour explorer en duo.
Ensemble, ils traversent l’Atlantique en voilier en 2018, des Canaries à la Bardane. « Une expérience unique où l’on ne peut compter que sur soi-même ». L’année suivante, ils réalisent un rallye en vélo solaire dans le Massif central. « En fait, j’avais emprunté la route A, toute tracée pour moi, mais qui n’était pas la mienne… En changeant de route, c’est moi-même que j’ai découverte. Je sais aujourd’hui que je peux tout faire et que je serai heureuse si je laisse la curiosité me guider » conclut la voyageuse.
Elle aimerait partager son expérience à travers un livre en cours qu’elle espère terminer à son retour du Pacific Crest Trail. Son message ? « On ne sait jamais ce qu’il y a derrière les gros nuages… ». Une inspiration qu’elle souhaite également diffuser à travers du coaching. Coach formée et certifiée, elle aime particulièrement accompagner ceux qui cherchent à réinventer leurs vies. Les guider vers des espaces où les possibilités s’étendent. Pour ce faire, elle invite à la générosité, à se détacher du superflu et à oser sortir du rang. Les curieux et avides d’aventures peuvent suivre son avancée sur le PCT via son blog.