Les Américains ne font pas dans la dentelle. Tandis que le dimanche était consacré à mettre le visage de DSK en grand sur les Unes (avec entre autres le DailyNews titrant « Le perv » avec DSK se léchant les babines), les journaux américains se penchent désormais sur les anciennes affaires du champagne socialist. Une couverture médiatique que la France semble avoir du mal à accepter.
Le New York Post du dimanche 15 mai assurait déjà qu’il est connu en France que DSK est un « lapin chaud » (en français dans le texte), ou encore un « great seducer » avec un passé de « womanizer » selon Forbes.
La plupart des journaux s’accordent pour dire que les Français sont plus tolérants avec l’infidélité de leurs politiciens, mais insiste qu’il n’en est pas de même pour une agression sexuelle : « rape is rape » explique le New Yorker. Selon ce dernier, cette affaire choque et bouleverse Paris.
Mais le New York Times s’étonne que bien que la presse et l’élite politique s’horrifie d’un tel crime, tous ont l’air peut-être plus choqués encore par la sortie de Dominique Strauss-Kahn menotté ou l’insistance des médias américains. Le journal rapporte les critiques sévères envers la justice américaine de plusieurs personnalités politiques comme Martine Aubry, Elizabeth Guigou, Eva Joly ou Jean-Pierre Chevènement, ou de certains journalistes français citant Stéphane Jourdain de l’AFP : « l’image glaçante de DSK menotté nous a cloué le bec. Pas un journaliste ne lui a demandé une réaction quand il est sorti ».
La France considère la présomption d’innocence comme un droit sacré toujours selon le New York Times et explique qu’exhiber DSK de la sorte revient pour la France à le condamner aussitôt aux yeux du public. Steven Erlanger et Katrin Bennhold, journalistes du New York Times disent des français qu’ils sont choqués d’un tel traitement, aussi insultant qu’injuste. Pour l’historien Max Gallo, la France n’a pas l’habitude de voir ses personnalités politiques traitées comme tout le monde.
Le journaliste du New York Times Dan Bilefsky rapporte quant à lui sur son blog que la presse française parle de l’affaire avec un mélange de mépris, de sympathie, d’humiliation nationale et de conspiration.
Pour la journaliste de Slate, Anne Applebaum, Nicolas Sarkozy est derrière tout ça. Il serait tellement « farfelu, imprévisible et bas dans les sondages » qu’il pourrait faire n’importe quoi pour gagner les prochaines élections, citant le fait que sa femme serait enceinte uniquement pour le rendre plus populaire. Reuters rapporte aussi que beaucoup pensent au complot. Le New Yorker trouve que l’idée du complot avec la femme de chambre semble improbable elle-aussi, et que les américains savent qu’un homme de pouvoir et d’ « appétit » peut aussi agir de façon improbable et autodestructrice.
Pour la journaliste, cette affaire risque de faire gagner des points à Marine Le Pen. Les Français, fatigués du comportement de leurs représentants, pourraient choisir une voix radicale pour 2012 comme en 2002 explique Slate. Le Wall Street Journal pense par contre que cette histoire va booster les candidats socialistes pour les primaires, mais que le gagnant sera désormais moins évident à trouver maintenant qu’il ne s’agit plus de DSK.
Enfin, cette affaire révèle l’ « italianisation » de la vie politique française pour le New Yorker par son incapacité à renouveler ses têtes politiques et à voir toujours défiler les mêmes personnes, malgré les scandales, montrant l’exemple d’Alain Juppé entres autres.