Je ne sais pas si c’est l’habitude, ou le contexte de différents scandales sportifs simultanés aux Etats-Unis, mais les réactions aux affaires de dopage pendant le Tour de France ont été plutôt blasées par ici.
Comme Jeré Longman qui écrit dans le New York Times qu’« après autant d’attrition sur le dopage, il faudrait nous pardonner si on s’attendait à ce que le gagnant du Tour de France aujourd’hui soit un enfant de trois ans en tricycle qui ait été testé positif au jus de pomme ». Il faut être naïf pour penser que les cyclistes du Tour ne vont pas se doper. « Ca semble inhumain de demander à des athlètes de pédaler à toute vitesse pour faire 2200 miles en trois semaines, souvent par des cols de montagnes tortueux, et tout ça sans assistance chimique ». Il signale l’émergence d’un petit mouvement pour la légalisation du dopage dont le raisonnement tient à « pourquoi autoriser le viagra pour améliorer ses performances mais pas les stéroïdes ». Quant à nous spectateurs, on ferait mieux de se faire à l’idée que les sportifs professionnels sont là pour le spectacle et ne pas en attendre d’être des modèles pour la jeunesse.
Notons au passage qu’il trouve ça courageux de la part du monde du vélo de chercher à savoir qui sont les dopés, puisque cela ne sert qu’à décrédibiliser le sport et à lui donner une image de sports de drogués.
Toujours dans le New York Times , le chroniqueur sportif relaie les avis de ceux qui pensent « que si les mêmes standards d’intégrité étaient appliqués à d’autres secteurs, alors des membres du Congrès, des membres de ministères, des ecclésiastiques et des cadres supérieurs se feraient virer régulièrement. Peut-être même des journalistes ».
US News and World Report est tombé sous le charme de Nicolas Sarkozy. Jugez plutôt ce début d’article: « lunettes de soleil de marque et téléphone portable à la main, Nicolas Sarkozy saluait avec enthousiasme les spectateurs alors qu’il suivait le légendaire tour de France, debout dans une voiture rouge au toit ouvrant. La scène était du grand classique Sarkozy – confiant, exubérant, dynamique. En un mot, moderne. » L’article, accompagné d’une photo de Sarko en t-shirt New York Police Department, continue en notant que le 14 juillet, « ça ne semblait pas très important qu’il ait annulé la traditionnelle interview présidentielle télévisée du 14 juillet, les français se sont habitués à voir leur nouveau président plutôt conservateur presque tous les soirs aux infos télés, à l’américaine ».
US and News Report lui trouve de la « substance », il a « débloqué la paralysie de l’Union Européenne après le rejet de la constitution par les électeurs français et hollandais », « restructuré les opérations d’airbus et EADS » avec Angela Merkel, « été le premier président français à nommer un gouvernement composé d’autant d’hommes et de femmes, les dernières occupant des ministères en vue dont les finances, l’intérieur et la justice »…
Sarkozy est aussi un «manipulateur politique futé», comme l’ont prouvé les détournements de Kouchner et Lang. Et «le plus audacieux : de convaincre l’union européenne de soutenir Dominique Strauss-Kahn pour diriger le Fond Monétaire International ».
Ce soutien «passe en France pour un coup de maître politique qui a privé l’opposition d’une de ses grandes figures », estime le Wall Street Journal
qui se demande pourquoi DSK fait autant campagne « alors que l’ancien ministre des finances n’a pas de concurrent sérieux et semble s’être garanti le poste ». Il semble engagé dans « une tournée mondiale, financée par l’Etat français, pour contrer le ressentiment face à tradition qui veut que seul un européen soit éligible pour diriger le FMI ». On y apprend que –p– pour se vendre, il « a recruté une armée de gens chargés de relations publiques, dont deux entreprises de communication et d’anciens porte-parole du parti socialiste et du parlement français ».
Vous vous souvenez de l’article du New York Times la semaine dernière citant la Ministre Christine Lagarde disant qu’on avait « assez pensé » ? « Le projet de Christine Lagarde d’en finir avec la réflexion est déjà bien avancé », lui répond une lectrice dans le courrier des lecteurs. « Les cafés en France étaient des endroits où on pouvait s’asseoir pendant des heures, en alternant les moments perdus dans ses pensées et l’absorption d’impressions, matière à de nouvelles rêveries. Maintenant, au moins dans le centre de Paris, ils ont été convertis en usines à bouffe qui servent de la nourriture médiocre et dégoûtent des clients dont les notions des plaisirs tranquilles d’une visite au café viennent de vieux romans et films. Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ont écrit des livres entiers à des tables de café. Maintenant ils auraient du mal à trouver une atmosphère de café dans laquelle ils puissent trouver assez d’inspiration pour une carte postale ».
Par contre, on peut encore y circuler. « Maintenant que Michael Moore a cassé un tabou en faisant de la France un modèle de santé publique, on peut peut-être maintenant pointer d’autres choses que la France semble bien faire. Comme la façon dont Paris gère le trafic et la pollution automobile », écrit Serge Schmemann dans le New York Times .
La capitale française a réussi à « rendre horrible de circuler en voiture et incroyablement facile de circuler en transport public ou à vélo ». Par exemple, « n’importe quel touriste qui dans une voiture de location a fait le tour de l’arc de triomphe ne conduira probablement plus jamais à Paris». Et de vous décrire les couloirs cyclistes, l’écran des arrêts de bus qui vous dit dans combien de temps sera le prochain, et bien sûr les nouveaux vélos en location. On apprend aussi que « les parisiens achètent des petites voitures ; ce n’est pas parce que les gens sont petits mais parce que l’essence est horriblement chère». D’où « la leçon pour le prochain président américain : augmenter les taxes sur l’essence. Beaucoup ».