Le tweet frappait fort; comme souvent, la réalité sera beaucoup plus nuancée.
En annonçant tard lundi soir, la “suspension de l’immigration”, le président américain avait suggéré un brutal coup d’arrêt à toute immigration aux Etats-Unis. Il a fait marche arrière dès mardi soir, en annonçant lors de sa conférence de presse quotidienne que la délivrance de cartes vertes serait suspendue pour 60 jours, mais que les visas de travail ne seraient eux pas concernés.
Les conséquences concrètes de cette décision seront donc limitées. Chaque année, les Etats-Unis accordent environ un million de cartes vertes, soit quelque 80.000 par mois. Sur la base de ces chiffres, la suspension concernerait donc moins de 160.000 personnes -et en réalité beaucoup moins car une large part sont attribuées à des personnes déjà présentes aux Etats-Unis. “En suspendant l’immigration, nous aiderons les Américains sans emploi à retrouver du travail les premiers lorsque l’Amérique rouvre” a assuré Donald Trump lors de sa conférence de presse. Seulement ces quelque 160.000 emplois prétendument libérés par la suspension des cartes vertes pèsent bien peu face aux quelque 22 millions d’Américains mis au chômage depuis le début de la crise. Une preuve de plus que le but du tweet présidentiel était avant tout d’envoyer un message à sa base anti-immigration.
En réalité, alors que le président faisait cette annonce, son gouvernement assouplissait en fait les conditions d’immigration pour certains titulaires de visa, le H-2A, destiné aux travailleurs saisonniers. Lundi, l’administration a publié un décret levant la limite de 3 ans qui s’appliquait auparavant à ces travailleurs.
Le décret présidentiel pourrait être signé par Donald Trump dès mercredi.