Le commentaire n’a pas manqué de faire sourire, et a même suscité quelques applaudissements. Invité par l’antenne américaine de la LICRA et la librairie Albertine à participer à New York à une discussion sur l’avenir de la démocratie, mardi 12 juin, Manuel Valls a déclaré que Donald Trump représentait “une chance extraordinaire” pour l’Europe.
“L’Europe doit être cette articulation entre le patriotisme au sein de chaque Etat-nation (…) et l’amour de l’Europe. Nous avons peut-être une chance extraordinaire, c’est Monsieur Trump“, a-t-il noté en réponse à une question sur le ressentiment populiste envers l’Union européenne. “Parce que cela nous oblige, nous Européens, à apporter une réponse en matière de défense, de commerce international après le succès du G7 (sourire, ndr), sur la question essentielle de sauver la planète après le retrait américain de l’accord de Paris et en faisant de l’investissement dans l’avenir la priorité du budget de l’Europe“.
Manuel Valls s’est exprimé sur le thème plus large de la menace que fait peser la montée des populismes sur les démocraties occidentales. ll était invité avec Melissa Nobles (MIT) et Ruth Ben-Ghiat (NYU), deux spécialistes américaines du fascisme et de l’histoire de la démocratie.
L’Europe a occupé une grande part des interventions du désormais député de l’Essonne, “dernier représentant de l’ancien monde à l’Assemblée nationale“, a-t-il plaisanté. Inquiet de la perspective de voir l’UE “sortir de l’Histoire“, il a néanmoins reconnu que “Donald Trump, Vladimir Poutine et la stratégie de la Chine” poussaient aujourd’hui les dirigeants européens à “apporter des réponses“. “Mais il faut être actif, malgré nos paradoxes“, a-t-il noté.
Hasard du calendrier, la conférence est intervenue quelques jours après un sommet du G7 particulièrement houleux en raison de la décision américaine d’imposer des barrières tarifaires sur les exportations européennes et canadiennes vers les Etats-Unis. Un geste qui laisse présager une guerre commerciale entre nations alliées.
Face à la “guerre commerciale“, l’élu espère que les pays européens feront bloc. “Il ne suffit pas de critiquer Donald Trump, a-t-il dit confié en marge de la conférence. Il faut être capable de s’armer. La réponse n’est pas aux Etats-Unis, elle est en Europe. Dans un monde qui n’est plus celui de 1945, l’Europe doit être forte“.
Voir toute la conférence ci-dessous: