La bonne cuisine le passionne plus que la politique, à raison. Dominique Tougne est chef et il a dédié une bonne partie de sa vie à la cuisine française.
Originaire du Sud ouest, ayant grandi en Alsace, il travaille pendant quinze ans dans des restaurants parisiens avant d’avoir tellement ras-le-bol de la capitale qu’il devient impératif pour lui de partir. Vite. « Je me souviens être passé devant une agence de voyage à Boulogne-Billancourt, d’avoir vu le prix d’un billet pour New York, et de m’être dit ‘c’est abordable, je peux le faire’ ». Il le fait.
Il arrive à New York en décembre 1995, il a 30 ans et un CV séduisant de chef cuisinier français, ayant notamment fait ses armes aux côtés de Joël Robuchon. Après une expérience ratée à Atlanta, il est sur le point de refaire ses valises quand un chasseur de tête lui propose un poste à Chicago. Le voici embauché par le fameux Bistro 110, propriété d’un grand groupe de restaurants américains. Il y reste quinze ans. Puis Dominique Tougne se lance enfin : il ouvre le bistrot « Chez moi » en mai 2012, dans le quartier cossu de Lincoln Park, « le Neuilly-sur-Seine de Chicago », où sa soupe à l’oignon et son cassoulet font déjà fureur.
Entre-temps, en 1998, Dominique Tougne se marie à une Américaine originaire de Chicago, il acquiert ainsi la nationalité américaine et le droit de vote en 2005. « Je suis arrivé ici avec la conscience d’être un immigré, l’envie de m’intégrer, de respecter le système, de participer à la vie sociale, d’appartenir au groupe en somme », résume-t-il. Il se définit aujourd’hui comme un homme 50% Français (surtout en cuisine), 50% Américain (« le travail passe en priorité et j’aime les grands espaces »), marié à une Américaine 100% démocrate, « il paraît que ne pas l’être est inimaginable à Chicago », s’amuse-t-il.
Lui refuse les étiquettes et préfère se définir comme indépendant. Il a voté à droite aux dernières élections françaises mais tient à préciser, « le clivage gauche-droite ne me plaît pas beaucoup, je préfère m’intéresser aux compétences de chacun ». Aux Etats-Unis, il oscille entre vote républicain et vote démocrate. Et cette année, il est indécis. « En 2008, j’ai voté pour Barack Obama mais ce n’était pas par conviction… Je dirais que c’était presque un vote obligatoire, à défaut d’avoir un choix plus pertinent ». Dominique Tougne semble quelque peu désabusé. Il estime qu’à cause des lobbies, la politique américaine a perdu de son sens.
« Ce n’est plus qu’une affaire de sous », juge-t-il, ajoutant que cette année, « ça dépasse les bornes ». « On atteint les deux milliards de dollars de dépenses de campagne, tous candidats confondus… Il n’y a plus de limites ! Ils se présentent comme de bons gestionnaires mais semblent incapables de gérer ces dépenses-là, incapables de dire stop. Comment peuvent-ils agir de la sorte et nous dire de nous serrer la ceinture ? C’est insultant. Et au passage, ils perdent en crédibilité. »
Dominique Tougne estime en outre que le premier mandat de Barack Obama n’a pas « fait une énorme différence ». La réforme de la santé ? « Nécessaire, bien sûr », mais au final, il ne voit pas encore bien ses effets et se met donc à douter du résultat. « Actuellement, le prix des assurances est tel que je ne peux absolument pas l’offrir à mes employés ! C’est dramatique », explique-t-il.
Ainsi Dominique Tougne résume son trouble, « j’ai davantage d’affinités avec la façon de penser républicaine en matière de business et à la fois, aujourd’hui, quand on regarde le monde, la démarche sociale paraît inévitable ». Alors il ne sait pas, il ne sait vraiment pas comment voter le 6 novembre prochain. « Je crois que la gestion de l’ouragan Sandy va être déterminante », glisse-t-il, comme s’il voulait laisser une dernière chance à Barack Obama de le surprendre, ou au contraire de le décevoir.
0 Responses
J’en ai ras-le-bol de ces indécis qui en plus s’en vantent !
Faut vraiment être…
– ignorant, borderline abruti- ou encore totalement nombriliste (qu’est-ce que ces candidats peuvent faire pour moi au lieu de penser a ce qu’ils peuvent faire pour le pays) …pour être incapable de faire un choix entre Obama ou Romney (ou ne pas voter du tout)…Ils sont tellement opposés !a US and French Citoyen