Dominique Hannaux semblait destinée à traverser l’Atlantique.
«Je me souviens d’un cours de géo au collège», raconte cette Savoyarde de 56 ans.
«Nous parlions des Etats Unis et notre professeur nous avait demandé à quel endroit nous aimerions vivre et pourquoi. Sans rien connaître, j’avais alors dit que je voulais aller en Californie car il y avait l’océan, le ciel bleu et des orangers !»
Quarante ans plus tard, cette involontaire prophétie d’adolescente est devenue réalité. En dépit du 4/20 récolté lors de ce devoir, Dominique Hannaux a quitté les rives du lac d’Annecy pour les plages de la côte Pacifique. Installée à Santa Barbara, l’intéressée y gère un Bed & Breakfast de charme, baptisé «Secret Garden».
Un nouveau domicile très éloigné de la petite commune de Sevrier, près d’Annecy, où était installée sa famille, mais aussi de la région parisienne où elle fit l’essentiel de sa carrière professionnelle.
«J’ai passé 10 ans dans la capitale, mais sans me faire à cette vie urbaine. Lorsque l’on a été élevée sur les bords du lac d’Annecy et que l’on se retrouve à Paris, on a le sentiment d’être privée d’air et de verdure.»
Pour oublier cette grisaille, Dominique Hannaux tente de relever de nouveaux défis. Assistante de direction, elle songe d’abord à ouvrir son salon de thé, mais les banques refusent de lui faire confiance.
«Je me trouvais dans une impasse. En 1993, j’avais épousé un Américain. Il avait vécu en Californie et voulait revenir s’y installer. Nous y venions l’été et durant les vacances de Noël, mais je refusais l’idée d’y vivre. Ironie du sort, c’est lors de notre séparation que j’ai voulu essayer.»
Dominique Hannaux raye ainsi d’un trait sa vie hexagonale.
«En 1998, j’ai acheté un petit cottage et je suis partie avec ma fille de cinq ans. Les débuts ont été compliqués car mon déménagement a mis sept mois à arriver, et je me suis retrouvée coincée par des problèmes de visas. Mais mon ex-mari, qui est resté un bon ami, est venu me donner un coup de main.»
Après avoir tenté, sans succès, d’acquérir un coffee shop, grâce à la vente de biens qu’elle possédait à Paris, Dominique Hannaux parvient en 1999 à acheter le «Secret Garden», un ensemble de 11 chambres réparties dans une maison principale bâtie en 1901 et des petits cottages alentours.
«C’était une opportunité et un coup de cœur. Il n’y avait que peu de déco à faire, si ce n’était y ajouter de la couleur, ma touche française, et former le personnel à la cuisine de chez nous.»
Douze ans plus tard, Dominique Hannaux a réussi son pari. L’intéressée se trouve toujours à la tête de la même affaire et garde le cap.
«C’est éreintant car le travail ne s’arrête pas. Il faut être disponible sept jours sur sept, du matin au soir, et parfois il faut faire la comptabilité la nuit. Il a aussi fallu réduire le personnel ces dernières années. Mais j’ai trouvé dans ce travail le moyen de m’épanouir, le tout au milieu d’un jardin qui m’enchante tous les jours. J’ai posé mes racines ici.»
Et comme si cet emploi du temps ne suffisait pas, la Savoyarde travaille aussi bénévolement pour le consulat de France, en tant suppléante du chef d’îlot pour le comté de Santa Barbara. Malgré cela, Dominique Hannaux n’envisage à aucun moment de quitter son petit coin de paradis.
«Depuis que je suis ici, je ne veux plus bouger. J’ai trouvé mon havre de paix. Les Etats Unis m’ont beaucoup apporté, même si tout na pas été facile. Cela reste le pays des opportunités et de la pensée positive, contrairement à la morosité de la France. Venir ici a été la meilleure décision de ma vie.»
L’adolescente savoyarde qui rêvait de Californie et ne cessait d’acheter des hôtels lors de ses parties de Monopoly est parvenue à concilier les deux. Une réussite qui ne la satisfait que partiellement, puisque Dominique Hannaux n’aspire désormais qu’à une chose
«vivre de ma peinture ! Je me donne encore 5 ans dans l’hôtellerie afin de payer les études de ma fille, et ensuite je m’y consacre pleinement…»
Stéphane Cugnier
Pour plus d’informations, visiter www.secretgarden.com