Imprimer de l’ADN, c’est possible. Mieux encore, promet DNA Script, on peut l’imprimer facilement, rapidement et à partir de composants naturels. Depuis sa création en 2014, la start-up française développe une imprimante d’ADN à partir d’enzymes – ces protéines naturelles qui accélèrent les réactions chimiques de l’organisme.
Début novembre, l’entreprise a ouvert une filiale à Cambridge dans le Massachusetts pour partir à la conquête du marché américain, « le plus gros et le plus porteur dans le domaine des sciences de la vie », souligne Sylvain Gariel, COO et co-fondateur de DNA Script avec Thomas Ybert et Xavier Godron.
Le principe : « le code génétique est comme un collier de perles et on utilise les enzymes pour venir coller une nouvelle perle à ce collier, illustre l’entrepreneur. Si vous vous promeniez dans un laboratoire biologique il y a quarante ans, vous auriez trouvé des imprimantes qui utilisaient des produits chimiques, inflammables et cancérigènes », raconte l’ancien ingénieur génétique de Total basé à Paris.
L’impression d’ADN est donc passée aux mains de sociétés spécialisées, souvent chères et peu fiables, ajoute-t-il. « Notre idée, c’est de replacer l’imprimante dans le laboratoire mais avec une nouvelle technologie qui va permettre d’aller dix fois plus vite et d’être dix fois plus précis », assure Sylvain Gariel.
Mais à quoi sert d’imprimer de l’ADN ? Outre l’intérêt académique pour des étudiants qui auraient besoin d’observer une séquence de gènes particulière, l’ADN de synthèse est utile pour étudier les maladies génétiques.
A terme, cette pratique pourrait même permettre de développer des globules blancs génétiquement modifiés pour combattre des cellules cancéreuses dans l’organisme, ajoute Sylvain Gariel. « Les patients pourraient guérir d’une leucémie en une injection », s’enthousiasme-t-il, avant de souligner que ce type de traitement, à l’heure actuelle, vaut 400.000 dollars par patient.
L’ADN synthétique pourrait même aider à développer un vaccin pour prévenir les risques de rechutes d’un cancer. « Les patients ne sont jamais complètement guéris. L’idée, c’est de les vacciner de façon personnalisée contre la tumeur qu’ils ont eue, pour que leurs systèmes immunitaires se rappellent qu’il faut absolument lutter contre cette tumeur-là », détaille Sylvain Gariel, qui voit ce type d’application se généraliser d’ici « cinq à dix ans ».
Pour relever ces défis, DNA Script compte passer de 35 employés à 90 d’ici deux ans et vise une levée de fonds de série B de 20 à 30 millions d’euros dans l’année à venir pour booster son développement, venant s’ajouter aux 27 millions de dollars déjà levés.