Après Saint Laurent en 2019, Louis Vuitton en 2016 et à San Diego en mai dernier, puis Dior dans le quartier de Venice en juin, c’est la maison française Céline, emmenée par son directeur créatif Hedi Slimane, qui défilera le jeudi 8 décembre au Wiltern Theater de Los Angeles. Une demi-surprise quand on connaît l’amour du créateur pour la Cité des Anges, dont il fit sa résidence principale en 2008, là même où il transféra le studio de Saint Laurent lorsqu’il en prit la direction artistique en 2012.
Un engouement de plus en plus fort du luxe français en Californie qui, outre l’influence du streetwear et la météo californienne parfaite pour un défilé en plein air, s’explique d’abord par la bonne forme du marché du luxe du pays. Alors que la Chine semble à l’arrêt, depuis l’émergence de la Covid 19, et que l’économie européenne balbutie en raison, en partie, du conflit ukrainien et russe, les États-Unis s’affichent, en effet, comme le premier marché du secteur du luxe mondial avec 78 milliards de dollars, sur un marché mondial estimé à 283 milliards de dollars.
Selon la dernière étude du cabinet international de conseil Bain & Company publiée le 15 novembre dernier, si New-York conserve le leadership dans ce secteur du luxe avec environ 23 milliards d’euros, la Californie suit de près et représenterait aujourd’hui 25 à 30% du marché du luxe américain, une attractivité californienne où Los Angeles se taillerait la part du lion. En troisième position, la région de Miami serait en forte progression.
Signe de la bonne santé des maisons de luxe françaises à Los Angeles, la ville a vu, ces derniers mois, se multiplier les boutiques de luxe à l’instar de Louis Vuitton qui ouvrait en juillet dernier son plus grand magasin dédié aux hommes aux États-Unis sur Rodeo Drive, et enchaînait avec une seconde ouverture au mall de South Coast Plaza, pendant que la maison Hermès – dont les ventes en 2022 ont augmenté de +44% – organisait, elle, son pop-up HermèsFit. D’autres projets s’apprêtent à sortir de l’eau à l’image de Dior et son projet de complexe de 3 étages sur Rodeo Drive, avec restaurant et boutiques, de Chanel et de son tout nouveau complexe de boutiques et d’espaces d’événements prévu à la fin de l’année, ou Cartier, qui devrait inaugurer son nouveau flagship l’année prochaine. Autant d’actualités qui rendent l’organisation de défilés presque évidente.
Nouveau hub de la mode luxe, l’attractivité récente de Los Angeles est également à mettre en relation avec l’histoire d’Hollywood et des red-carpets, le dynamisme de la culture cinématographique et télévisuelle, le nombre important d’événements à l’instar des Oscars ou des Grammy Awards, autant d’éléments qui favorisent la présence des célébrités et égéries des marques, dont la puissance de frappe sur les réseaux sociaux a, à l’évidence, un impact sur les ventes de produits de luxe.
Enfin, au-delà des griffes françaises du luxe, d’autres maisons, à l’image de Ralph Lauren, en septembre dernier, et prochainement de la maison italienne Versace, dont le défilé est prévu en mars prochain, ont, aussi, fait le pari de shows à Los Angeles. « Pour moi, Hollywood est à la fois une destination et un état d’esprit. Tout est ici, une histoire de storytelling et de magie, de puissance et de vulnérabilité, de créativité et d’émotions », s’exprimait il y a quelques jours Donatella Versace, la directrice créative de Versace. L’histoire d’amour entre Los Angeles et la mode n’est pas prêt de s’arrêter…