Qui n’a pas déjà rencontré quelqu’un Awol, c’est-à-dire « manquer à l’appel », ou avoir été victime du Fomo, Fear of Missing Out en voyant ces meilleurs potes à la plage sans nous. En ouvrant le Washington Post, un chroniqueur parle d’un député Dino (Democrat In Name Only), Rino (Republican In Name Only) ou encore Pino (Progressist In Name Only). French Morning a tenté de comprendre d’où venaient ces acronymes employés pour décrire l’idée qui se cache derrière ces quelques lettres.
« Les acronymes sont assez récents, explique Dave Wilton, auteur de Word Myths: Debunking Linguistic Urban Legends (Oxford University Press, 2004). Ils sont apparus autour des années 1920, après la Première guerre mondiale, car ils viennent principalement du jargon militaire, comme par exemple, Awol (Absent without official leave) ».
En un siècle, les Américains sont devenus les champions des acronymes bien tournés. Ils sont parfois drôles, jouant sur les mots et les sens. « Nombreux acronymes sont des jeux de mots, intelligents et comiques », souligne l’expert, prenant l’exemple de Dink – très proche d’un autre mot anglais – qui veut dire Dual Income No Kids, c’est-à-dire deux salaires sans enfant. L’expression a tellement plu au forum populaire que de nombreuses alternatives sont nées : « Dinky, Dual Income, No Kids Yet », « Gink, Green Inclinations, No Kids », « Dinkwadacs, Dual Income, No Kids, With Dogs and Cats ».
Bien que le langage militaire soit à l’origine de ces acronymes, on doit beaucoup d’expressions au gouvernement américain. « Le recensement a de nombreuses catégories qui sont souvent résumées par des acronymes », explique David Wilton. D’ailleurs, ne vous fiez pas à l’impression que les courtes formulations utilisées pour écrire des textos sont une nouveauté dans la langue de Shakespeare. « OMG est apparu dans les années 1970, tout comme Nimby (Not in my Backyard) », rappelle-t-il.
En France, le terme « bobo » est aussi célèbre que la Tour Eiffel. Pourtant, cette abréviation a été inventée par un New-Yorkais. C’est l’un des termes les plus célèbres de David Brooks, auteur de Bobo in Paradise. La forme abrégée des mots bourgeois et bohème est utilisé par l’écrivain pour décrire les successeurs des Yuppies des années 1990.
Dans son livre, l’auteur explique que les bobos se sentent coupables de « l’ère de la cupidité » des années 1980, et préfèrent donc dépenser de manière extravagante pour les cuisines, les douches et autres installations communes de la vie quotidienne. Ils « se sentent » proches de la classe ouvrière et achètent souvent des produits fabriqués aux États-Unis plutôt que des importations moins chères.
L’acronyme préféré de notre expert ? Yolo (You Only Live Once/Tu ne vis qu’une fois), apparu dans les années 2000. « Je l’aime bien parce que ça résume très bien une attitude », conclu-t-il.