Condamné à mort en 1994 pour un meurtre commis quelques années plus tôt à Tyler, à l’Est de Dallas, Rickey Lewis a été exécuté par injection létale mardi à Huntsville, au Nord de Houston, où se déroulent les exécutions de condamnés texans.
La différence avec les autres condamnés à la peine capitale : la mise à mort a eu lieu en présence de deux Français, Danièle et René Sirven. Depuis dix ans, ce couple de psychothérapeutes montpelliérains, membres de l’association Lutte pour la Justice, a rendu des dizaines de visites au prisonnier. Un lien privilégié s’est tissé entre eux dès 2003, quand Rickey Lewis a eu la confirmation que les Français seront présents à son exécution.
L’avocat alors recruté par les Sirven avec l’argent collecté par l’association a plaidé la déficience mentale. Sans obtenir un réexamen du dossier, même si Lutte pour la Justice assure que la balistique innocente Lewis. « Il est mort notre petit Rickey, avec une magnifique force, en disant son innocence, son amour pour nous », indiquaient les Sirven mardi soir avant de ramener les cendres de leur « fils symbolique » en France.
Maintenant, « nous avons besoin de repos », ajoutaient ces septuagénaires, qui n’ont eu de cesse de témoigner de ce qu’ils ont vu dans le couloir de la mort depuis dix ans. « Je suis allée dans un lieu où j’ai rencontré la fonction diabolique dans sa grande œuvre », écrit Danièle Sirven sur le site USA-CouloirsdelaMort.org créé pour témoigner de leur « engagement total » et parce qu’« il n’y a pas d’endroit dans la tête où déposer cela ». « Il y a dans la grande démocratie d’Amérique, la Loi qui tue, qui autorise avec majesté la barbarie faite à l’autre. »
Une présence française « désarmante »
« A l’échelle collective, le discours est formaté. Alors qu’individuellement les Texans nous manifestent tous leur sympathie, voire leur opposition à la peine de mort, renchérit son époux. On nous dit qu’on ne peut pas comprendre, mais nous sentons que nous faisons une différence, car notre présence de Français est désarmante ».
Même si Danièle et René Sirven cesseront leurs allers retours entre la France et le Texas, nul doute qu’ils continueront de témoigner. Aujourd’hui, ce sont les bourreaux qu’ils plaignent. « Ils font un travail indigne… »
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Je salue leur courage et leur grande générosité. La peine de mort est inique, anachronique, cruelle et injuste. Le Texas fait honte.
Je salue leur courage et leur grande générosité. La peine de mort est inique, anachronique, cruelle et injuste. Le Texas fait honte.